Le Journal de Quebec

Richard Bland surprend à l’omnium des États-unis

Matthew Wolff s’ouvre sur les moments sombres récemment traversés

- FRANÇOIS-DAVID ROULEAU

À 22 ans et tout juste deux saisons derrière la cravate parmi les pros, Matthew Wolff a traversé une première période sombre. Les athlètes évitent souvent de révéler leurs problèmes. À son retour au jeu à l’omnium des États-unis, Wolff a expliqué pourquoi il s’était éloigné de l’action durant deux mois. Le plaisir avait disparu alors que la pression était montée en flèche.

Depuis novembre, l’américain n’était plus lui-même. Sans grande expérience sur le circuit de la PGA, le stress l’a grugé et fait dérailler sa lancée. Il avait remporté sa première victoire à son quatrième départ lors de l’omnium 3M 2019.

À sa première saison complète lors de laquelle il a empoché 2,25 M$ parmi l’élite mondiale en 2020, Wolff a participé à 21 tournois, enregistra­nt deux tops 10. Lors du Championna­t de la PGA d’amérique au TPC Harding Park en août dernier, son premier tournoi majeur en carrière, il a terminé au quatrième échelon grâce à une performanc­e remarquabl­e qui l’a propulsé à l’avant-plan.

DEVANT UN PIÈGE

Un mois plus tard, il a terminé au second rang de l’omnium des États-unis à Winged Foot. La route de la gloire s’ouvrait devant lui alors qu’il était devenu lune des étoiles montantes du circuit.

Mais c’était plutôt un piège que les dieux du golf avaient placé sur le chemin du jeune loup.

Ses attentes ont grimpé, comme la pression et le stress. Une bien mauvaise recette, surtout lorsque le chèque de paie y est attaché. Quelques couperets successifs ratés, et cette recette a tourné au vinaigre. La frustratio­n grandissan­te au fil de mauvaises rondes a fait disparaîtr­e son sourire. Rapidement, il a perdu ses repères, emporté par un tourbillon. Sa belle attitude a disparu.

Après plusieurs contre-performanc­es, dont au Championna­t du monde de golf en février et au Tournoi des Maîtres en avril, Wolff, 15e golfeur au classement mondial en début d’année 2021, a donc décidé de se retirer quelque temps.

Une décision difficile, mais nécessaire... pour sa santé mentale. Il a remisé ses bâtons et évité de regarder les tournois à la télévision. Il devait complèteme­nt décrocher.

QUÊTE DU BONHEUR

« J’adore les partisans, être sur le parcours et jouer devant les spectateur­s, mais je m’imposais beaucoup trop de pression. J’étais un petit nouveau sur le PGA Tour, je ne voulais pas me retirer. À un certain moment, je croyais que je ne le pouvais même pas. Mais je suis tombé dans un moment assez sombre que je n’avais pas d’autre choix. Je devais prendre du temps pour moi », a raconté le jeune golfeur, bien au fait de la sortie de plusieurs athlètes à propos des problèmes mentaux.

« C’est très important d’être heureux dans la vie, a-t-il enchaîné. La mienne est incroyable. Des millions de gens souhaitera­ient prendre ma place en un claquement de doigts.

Je devais m’en apercevoir en prenant ce recul. Je n’ai pas à toujours bien jouer. Je veux évidemment le faire, mais je dois surtout savourer les moments et être heureux.

Les troubles mentaux sont sérieux dans le monde du sport. Les athlètes profession­nels jouent beaucoup. Ils composent avec énormément de pression et de stress. C’est ce qui m’a atteint. J’apprends, je travaille à m’améliorer et je prends en maturité. Je n’ai que 22 ans après tout. On dit que le cerveau se développe jusqu’à 25 ans », a insisté celui qui a renoué avec ses bâtons il y a environ un mois.

MÉCHANT DÉFI

Habituelle­ment et pour le commun des mortels, l’omnium des États-unis n’est pas synonyme de plaisir sur le parcours. Pas plus qu’un environnem­ent sans stress, capable de rendre fou le plus équilibré des psychopath­es.

Wolff a cependant décidé que c’était le moment, à Torrey Pines, de sortir de sa tanière. Il adore ce parcours et ce grand championna­t qui se veut le test ultime de son sport.

Dans un calcul songé, il a estimé que s’il avait mal joué en ramenant de hauts scores, il se serait fondu dans la masse du US Open. Avec raison, car les pointages rouges sous la normale sont moins nombreux que ceux au-delà de 78.

Sa première ronde rocamboles­que de 70 (-1), ponctuée de huit oiselets, lui a donné raison, en plus de le satisfaire.

« Sans considérer les performanc­es, le plus important cette semaine, c’est de m’assurer que je profite du moment en ayant du plaisir. C’est tout ce qui compte. »

Dans cette histoire, Wolff pense à tous les athlètes profession­nels, les félicitant au passage pour ce qu’ils accompliss­ent au quotidien. « Je ne suis pas dans le monde profession­nel depuis très longtemps. Mais tout ce que je peux dire : putain que c’est difficile ».

Cette deuxième participat­ion à l’omnium américain pourrait le replacer sur le droit chemin. Le jeune loup est déjà plus heureux.

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PHOTO AFP Matthew Wolff a pris une pause de deux mois qui était nécessaire pour le bien-être de sa santé mentale.

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