DES PEINES PLUS SÉVÈRES EXIGÉES
Le nouveau patron des poursuites criminelles Patrick Michel en entrevue
Le DPCP se donne la mission d’être plus transparent avec les citoyens, tant pour expliquer les décisions parfois controversées que pour rectifier le tir lorsque nécessaire.
« Je constate qu’il y a plus à faire en matière de communications. [...] Je suis conscient que les attentes de la population envers l’imputabilité personnelle des dirigeants n’ont jamais été aussi élevées », a noté Me Patrick Michel.
Si on a rarement vu sa prédécesseure, Me Annick Murphy, faire des sorties publiques, cela devrait changer avec l’arrivée du nouveau patron du DPCP.
PLUS PRÉSENT
En poste depuis deux mois, celui-ci a déjà lancé une réflexion pour voir comment son organisation peut améliorer ses contacts avec la population et démystifier son rôle dans la sphère judiciaire.
« On veut déterminer dans quels cas il est nécessaire ou opportun de faire des sorties médiatiques pour expliquer des décisions qu’on prend qui sont controversées ou qui pourraient affecter la confiance du public en notre institution ou envers la justice », a dit Me Michel.
Bien que le DPCP ait déjà une porte-parole officielle, Patrick Michel affirme qu’il n’hésitera pas à prendre lui-même la parole lorsque cela s’impose.
« Par exemple, lorsqu’il y a lieu d’admettre une erreur qu’on a pu faire ou de constater un dysfonctionnement dans nos pratiques et s’engager à le corriger. »
Dans d’autres cas, il entend aussi laisser plus de place aux procureurs qui oeuvrent directement sur le terrain.
Dernièrement, Me Caroline Buist, l’une des avocates qui a fait condamner le tueur Benoit Cardinal, a été interviewée sur le plateau de Tout le monde en parle.
« C’est ma volonté qu’on nous voie plus dans un cadre où on rejoint monsieur et madame Tout-le-monde qui ont des attentes à notre égard qui sont tout à fait légitimes », a résumé Me Michel.
PAS BESOIN D’ÊTRE PARFAITE
Le patron du DPCP sait aussi qu’il y a beaucoup à faire quant à la perception erronée des gens selon laquelle la majorité des agresseurs sexuels s’en sortent, perception qui a pris de l’ampleur après les acquittements d’éric Salvail et de Gilbert Rozon.
« On a toujours eu au DPCP une certaine pudeur à mettre en valeur ou à promouvoir des dossiers où on obtient des condamnations », a-t-il souligné, ajoutant que cela pourrait changer.
Et pour lui une chose est claire : « On ne cherche pas, nous, la victime parfaite. On aura probablement de la démystification à faire par rapport à ce concept que le système exige la victime parfaite », a dit Me Michel, faisant écho au documentaire sur ce thème réalisé par les journalistes Monic Néron et Émilie Perreault, qui prend l’affiche le 30 juin.