Fin de session à Ottawa : au diable les principes
Cinq ans, 7 mois et 29 jours.
Voilà le temps qu’il aura fallu au gouvernement Trudeau pour égaler un des grands faits d’armes du gouvernement Harper : être condamné pour outrage au Parlement.
À l’époque, le vote avait provoqué la chute du gouvernement minoritaire conservateur.
Cette fois-ci, c’est à peine si le gouvernement a sourcillé à la suite du verdict du président des Communes, le libéral Anthony Rota. L’usure du pouvoir a indéniablement eu raison des belles promesses de renouveau démocratique de Justin Trudeau.
ESPIONNAGE CHINOIS ?
L’affaire n’est pourtant pas anodine. L’agence de la santé publique du Canada refuse de remettre à un comité parlementaire des documents non caviardés au sujet du congédiement de deux chercheurs chinois du plus grand laboratoire sur les maladies infectieuses au pays.
La version officielle des causes de leur départ n’a cessé de changer, alors que nombre d’experts ont soulevé des craintes quant à la collaboration entre le laboratoire et l’armée chinoise.
D’ailleurs, faut-il rappeler la triste tentative du Canada de développer un vaccin contre la COVID avec la Chine ?
Cette affaire soulève donc plusieurs questions importantes entourant la sécurité nationale, surtout dans le contexte géopolitique actuel.
Mais non. Pour le gouvernement Trudeau, il est bien plus facile d’accuser ses adversaires politiques de racisme anti-asiatique (oui, vous avez bien lu !).
La fin de session chaotique à Ottawa illustre à quel point les libéraux ont abandonné toute prétention de respect pour le Parlement.
Plus facile donc de traiter le Parlement comme une nuisance que de faire la lumière sur une affaire troublante.
N’EN JETEZ PLUS LA COUR EST PLEINE
Mais ça ne s’arrête pas là. Le président des Communes a également annulé des dizaines d’amendements au projet de loi C-10, sur les redevances des géants du web. Pourquoi ? Parce qu’ils ont été adoptés sans même avoir été lus à voix haute ou avoir été rendus publics !
Encore là. Pour ce gouvernement, la vertu, on en parle plus qu’on ne l’exerce.
Et je vous ai dit que le premier ministre avait livré un vibrant plaidoyer en faveur de son ministre de la Défense, Harjit Sajjan ? Celui qui a menti sur ses états de services en Afghanistan, celui qui après six ans en poste ne sait toujours pas comment s’attaquer au problème des agressions sexuelles dans l’armée. Celui, surtout, qui offre aux libéraux la clé d’une circonscription multiethnique fort prisée en banlieue de Vancouver…
Disons que ça fait beaucoup en trois jours pour un parti qui promettait de tourner la page sur les sombres manoeuvres antidémocratiques de Stephen Harper.
Elles sont en effet bien loin les voies ensoleillées de 2015.