Le Journal de Quebec

Travailler chez Amazon est très dur pour le corps

Les employés de l’entrepôt se plaignent de douleurs au dos et aux genoux

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« C’est un travail dur. Vous allez le sentir dans vos jambes les premières semaines. Quand j’ai commencé, à Toronto, je marchais 20 km par jour. Je trouvais ça difficile et je suis un ancien soldat, imaginez ! »

C’est un des premiers avertissem­ents que lance le gérant Joseph*, ex-militaire de L’OTAN, aux recrues du centre de distributi­on d’amazon à Lachine.

C’est à cet endroit que j’ai travaillé pendant cinq semaines incognito, une expérience relatée dans le documentai­re, L’envers d’amazon, diffusé sur Club illico.

À l’écoute de Joseph*, j’ai pensé que ce travail me mettrait en forme. Mais après quelques jours, je comprends que, comme celui de la majorité de mes collègues amazoniens, mon corps allait juste souffrir.

« Hier, à la moitié de la journée, je ne pouvais plus sentir mon épaule », me confie Bachar* pendant la fin de semaine du Vendredi fou, probableme­nt la période la plus occupée de l’année pour Amazon.

« Mon dos et mon cou me font mal », se plaint souvent Farid*, un nouvel arrivant, comme une grande partie des travailleu­rs de l’entrepôt.

Chez Amazon, tous les postes sur le plancher sont physiques à leur manière, mais celui du picker – le cueilleur – est très éreintant, du fait de sa répétitivi­té.

Contrairem­ent à Joseph*, pour faire ce travail, je n’ai pas à marcher plusieurs kilomètres par jour. L’entrepôt de Lachine est très automatisé, donc tout se fait dans environ deux mètres carrés.

MOUVEMENTS RÉPÉTITIFS

Des robots (des étagères montées sur des petits véhicules) transporte­nt jusqu’à mon poste de travail les produits que l’ordinateur me prescrit de ramasser et de déposer dans un bac ou sur une étagère pour qu’ils soient ensuite emballés.

Cette petite opération, je suis censé l’effectuer au moins toutes les 12 secondes, soit environ 2500 fois par jour. Si je veux être dans le haut de la fenêtre d’objectifs, je dois l’accomplir près de 3500 fois.

« Je peux annuler mon abonnement au gym », blague mon collègue Kevin*.

Les mêmes muscles sont constammen­t sollicités. Malgré les étirements que l’ordinateur me suggère de faire chaque matin, j’ai souvent des raideurs dans le cou, les épaules et les avant-bras. Les mêmes dont se plaignent mes collègues.

Il y a bien deux pauses de 30 minutes dans la journée de 10 heures et demie, mais la fin de ce shift arrive rarement trop vite.

Mes jambes flanchent souvent en milieu d’après-midi. Je peine à plier mes genoux pour ramasser une énième casserole en fonte au bas de l’étagère. Mes bottes de protection semblent trop lourdes pour monter dans mon escabeau et attraper un autre sac de chips.

Mais de l’autre côté de mon poste, les robots, eux, ne ralentisse­nt pas. Et ma performanc­e continue de s’inscrire à mon dossier.

*Les noms sont fictifs

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PHOTO CAPTURE D’ÉCRAN Chaque journée de travail commence par une série d’échauffeme­nts devant l’écran d’ordinateur.
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