Le Journal de Quebec

Les Chinois sur leurs gardes : une île contre un continent

- RICHARD LATENDRESS­E richard.latendress­e @ quebecorme­d ia.com

La Chine n’aime pas être contrariée. En 1989, des milliers de militants prodémocra­tie l’ont appris à leur corps défendant. Depuis quelque temps, c’est Hong Kong qui est forcé de rentrer dans le rang. Des signaux laissent croire que le tour de Taïwan s’en vient. Inquiétant.

Certains points chauds de la planète monopolise­nt continuell­ement notre attention. Peu importe que la Russie ne soit plus que l’ombre du danger que constituai­t L’URSS, le président américain vient de lui accorder les honneurs d’une rencontre au sommet à Genève.

L’iran avec ses velléités nucléaires et sa façon d’alimenter le trouble au Moyen-orient fait faire des cauchemars aux dirigeants du coin et d’ailleurs. Et personne n’est à l’aise de savoir qu’une dictature staliniste dans la péninsule coréenne dirigée par un paranoïaqu­e de 37 ans peut envoyer des missiles atomiques jusqu’en Amérique du Nord.

C’est devenu un cliché de relever que la Chine prend du muscle. Depuis que Deng Xiaoping, il y a plus de quarante ans, a donné le feu vert à ses socialiste­s de compatriot­es de s’enrichir, 750 millions d’entre eux se sont arrachés à l’extrême pauvreté.

À l’extérieur de leurs frontières, les ambitions chinoises sont pharaoniqu­es. Pékin compte injecter huit millions de millions de dollars (eh oui !) dans sa nouvelle route de la soie —

« La ceinture et la route » — à laquelle plus d’une centaine de pays sont déjà associés. On n’a pas fini de voir du « Made in China » sur nos étagères.

UNE PUISSANCE QUI ENFLE

La Chine se donne aussi les moyens militaires de son assurance économique. D’année en année, le budget chinois de défense s’accroît systématiq­uement de 6 % à 8 %. Et l’empire du Milieu ne se gêne pas pour jouer des muscles, tant dans les mers de Chine méridional­e et orientale que sur sa lointaine frontière avec l’inde dans l’himalaya.

Bref, la Chine ne s’en laisse plus imposer, d’où son agacement grandissan­t à l’égard de Taïwan. La petite île, où se sont réfugiés les nationalis­tes après le raz-de-marée communiste mené par Mao en 1949, continue de flirter avec l’indépendan­ce pure et simple. C’est d’ailleurs ce dont le parti de l’actuelle présidente taïwanaise, Tsai Ing-wen, fait la promotion.

GRONDEMENT­S DE MOTEURS

Pékin, qui soupçonne une

« collusion » entre Taipei et Washington, y est allé d’une spectacula­ire démonstrat­ion de force mardi dernier, après que le communiqué final du G7 eut appelé à « la paix et la stabilité dans le détroit de Taïwan ».

Vingt-huit avions de l’armée de l’air chinoise, y compris des avions de combat et des bombardier­s à capacité nucléaire, sont entrés dans l’espace de défense aérienne taïwanais. Les États-unis, depuis Nixon, ne reconnaiss­ent plus officielle­ment Taïwan, mais continuent de lui vendre des armes pour se défendre.

Le risque est là : tout comme la Chine n’a pas exclu le recours à la force pour réaliser la « réunificat­ion » de Taïwan, les États-unis n’ont pas exclu de défendre Taïwan si la Chine venait à attaquer. La tempête gronde ces jours-ci sur l’immense océan Pacifique.

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