Le Journal de Quebec

AVANT QUÉBEC, IL Y A EU SAULT-STE-MARIE

Eric Lindros avait aussi refusé de jouer pour le club junior qui l’avait repêché

- STÉPHANE CADORETTE

S’il y a une ville canadienne qui peut sympathise­r avec Québec, c’est bien SaultSte-marie. Ted Nolan en sait quelque chose.

Pourquoi la petite ville du nord de l’ontario et pourquoi l’ex-récipienda­ire du trophée Jack-adams remis au meilleur entraîneur-chef de la LNH, en 1997 ?

Parce que Nolan a auparavant dirigé les Greyhounds de SaultSte-marie, dans la Ligue junior de l’ontario, de 1989 à 1994. Et qu’à son arrivée en scène, l’organisati­on détenait le tout premier choix au repêchage, qu’elle a utilisé pour sélectionn­er un certain Eric Lindros.

Le même Lindros bourré de talent qui a refusé d’aller jouer à Sault-ste-marie, comme il l’a fait deux ans plus tard à Québec.

« Je peux très bien comprendre que les gens de Québec aient été blessés », lance Nolan lors d’une conversati­on téléphoniq­ue avec le Journal.

RENCONTRE INCONFORTA­BLE

Tout comme les Nordiques, les dirigeants des Greyhounds savaient que Lindros ne souhaitait pas porter leurs couleurs. Quelques représenta­nts de l’équipe, dont Nolan et le légendaire Phil Esposito qui faisait partie du groupe de propriétai­res, ont tenté de le convaincre.

« Nous sommes allés le rencontrer chez lui. Eric a tout de suite demandé à Phil de signer son bâton et je me suis dit que les choses allaient bien se passer. Puis tout d’un coup, Eric s’est levé, il nous a dit qu’il ne jouerait pas pour nous et la rencontre a mal tourné. Il a dit qu’il ne voulait pas jouer dans le nord de l’ontario et il a quitté la pièce. Il semblait en colère et nous avons vécu une situation très inconforta­ble avec ses parents », se souvient Nolan, qui n’en a jamais tenu rigueur à Lindros.

« Je suis de ceux qui croient que si quelqu’un ne veut pas jouer quelque part, c’est son droit. Je me suis toujours dit qu’il ne fallait pas forcer un jeune à faire ce qu’il ne souhaite pas faire. Par contre, je n’ai jamais compris quels étaient ses motifs parce qu’un paquet de très bons joueurs, dont Wayne Gretzky, sont passés par Sault-ste-marie et ont prospéré », ajoute-t-il.

LA REVANCHE

Nolan et sa bande ont été contraints d’échanger Lindros aux Generals d’oshawa, obtenant la lune en retour.

La transactio­n aura profité à Lindros et aux Generals, qui ont remporté la Coupe Memorial en 1990.

La saison suivante, Sault-steMarie s’est offert une exquise vengeance quand l’équipe a triomphé de Lindros et des Generals en finale de la ligue.

Deux ans plus tard, à sa troisième présence de suite au tournoi de la Coupe Memorial, SaultSte-marie décrochait même le précieux trophée à son tour.

« Rien n’arrive pour rien. Les Generals nous ont donné beaucoup dans l’échange. Pendant sept ans, nous avons profité de joueurs de qualité issus de la transactio­n. Quand on a battu Lindros et les Generals en finale, quel bon feeling c’était ! C’est un moment que la ville n’oubliera jamais.

« Finalement, la situation aura été bonne pour les deux équipes qui l’ont repêché ! Il aura contribué à une Coupe Memorial pour nous et à deux Coupe Stanley pour l’organisati­on des Nordiques, même si c’est finalement arrivé au Colorado », sourit Nolan.

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 ?? PHOTOS D’ARCHIVES TORONTO SUN ?? Eric Lindros a brillé sur la scène junior à Oshawa, contribuan­t à la conquête de la Coupe Memorial par les Generals, en 1990. Dès cette époque, son père Carl et sa mère Bonnie étaient très impliqués dans les décisions hockey le concernant.
PHOTOS D’ARCHIVES TORONTO SUN Eric Lindros a brillé sur la scène junior à Oshawa, contribuan­t à la conquête de la Coupe Memorial par les Generals, en 1990. Dès cette époque, son père Carl et sa mère Bonnie étaient très impliqués dans les décisions hockey le concernant.

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