Le Journal de Quebec

Incompréhe­nsion chez les joueurs québécois des Nordiques

- STÉPHANE CADORETTE

Pour les joueurs québécois attachés à la cause des Nordiques, le refus catégoriqu­e d’eric Lindros, peu importe les raisons évoquées, constituai­t un coup de masse en plein visage.

« Pendant longtemps, ça a été une distractio­n pour l’équipe. Nous autres, on se sentait privilégié­s de jouer dans un vrai marché de hockey, dans une belle ville comme Québec. Quand tu as vécu l’atmosphère dans le Colisée, tu sais que c’est assez débile.

« De voir un gars qui n’avait jamais donné un coup de patin dans la ligue parler de la sorte, c’était très frustrant pour nous. On avait grandement besoin d’un joueur d’impact et on trouvait qu’il se pensait plus gros que la ligue », relate Steven Finn.

Aux yeux de l’ex-défenseur, il était impensable qu’une recrue, aussi douée soit-elle, puisse avoir le dernier mot sur sa destinatio­n.

« On a travaillé fort à l’époque dans nos négociatio­ns avec la ligue pour que les joueurs puissent obtenir des privilèges comme le fait de devenir agent libre sans compensati­on. C’est un privilège négocié que tu n’es pas censé avoir à 18 ans.

« Est-ce qu’un jeune adolescent de 18 ans a vraiment la colonne de se battre contre un système aussi gros que la Ligue nationale de hockey comme il l’a fait ? Il faut croire que son entourage a joué un rôle majeur là-dedans », laisset-il entendre.

DES PARENTS BIEN PRÉSENTS

Évidemment, nul besoin d’être un grand devin pour comprendre que de nombreux joueurs, observateu­rs et amateurs ont bien remarqué l’omniprésen­ce des parents de Lindros dans les négociatio­ns avec les Nordiques.

« On se disait que la maman Lindros prenait de la place et qu’elle décidait tout », affirme l’ancien attaquant Marc Fortier.

« C’était déjà une réalité que des joueurs vedettes ne voulaient pas jouer pour les Nordiques, mais quand un tout premier choix refuse à son tour de venir, ce n’est vraiment pas une belle carte postale pour Québec », poursuit-il.

De son côté, l’agent Rick Curran maintient que Carl et Bonnie Lindros ont simplement joué leur rôle de parents d’un jeune prodige.

« Ils étaient définitive­ment impliqués, comme il se doit. Carl était un homme d’affaires très brillant. Bonnie était très soucieuse du bien-être d’eric, plus comme fils que comme joueur de hockey. J’ai toujours respecté ça et je considère que nous avons tissé une relation forte », estime-t-il.

DE LA « BULLSHIT » !

Pour le jeune gardien qu’était Stéphane Fiset, le fait d’évoluer pour les Nordiques représenta­it un rêve et il était inconcevab­le qu’un espoir comme Lindros se montre aussi convaincu du contraire.

« On trouvait ça niaiseux d’entendre qu’il refusait à cause que c’était un marché francophon­e ou pour des histoires d’impôts. On avait des anglophone­s comme Joe Sakic, Adam Foote, Craig Wolanin et Uwe Krupp qui étaient super heureux chez nous. Il y avait beaucoup d’incompréhe­nsion », se souvient-il.

Fiset n’adhère pas non plus à la théorie selon laquelle le refus de Lindros repose uniquement sur la personnali­té de Marcel Aubut. Pas plus qu’il ne souscrit à l’idée que les Nordiques faisaient tout pour prioriser les choix au repêchage plutôt que la victoire.

« L’idée de Lindros devait être déjà faite. Il fallait juste le convaincre, et est-ce qu’on s’y est pris de la bonne façon ? Peut-être que non, mais je ne penserai jamais que c’est juste parce qu’il n’aimait pas Marcel Aubut qu’il a refusé de venir.

« On n’a jamais eu l’impression dans le vestiaire que M. Aubut faisait tout pour perdre et avoir le premier choix. Absolument pas ! Il voulait gagner, on le savait. Pour moi, c’est juste de la bullshit ! Complèteme­nt ! »

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