Un coup dur pour l’orgueil de Québec
Eric Lindros n’a certainement pas été le seul joueur à inclure les Nordiques sur sa liste des indésirables. Sauf que son refus est celui qui a ravivé les plus grands complexes d’infériorité dans le marché de Québec, qui bataillait avec acharnement pour lutter contre les grandes villes.
« Il n’y a aucun doute que sa décision a eu une influence sur la perception du marché par les autres joueurs d’impact à travers la ligue », opine l’ex-défenseur Steven Finn, qui en a vu d’autres en 725 matchs dans la LNH, dont 605 chez les Nordiques.
Les John Ogrodnick, Walt Poddubny, Greg Millen et de nombreux autres cas témoignent des difficultés des Nordiques à l’époque de faire de l’oeil à des joueurs anglophones bien établis.
CRÉDIBILITÉ EFFRITÉE
Rien, cependant, de comparable à la décision de Lindros, qui a jeté la plus glaciale des douches sur la ville.
« Ce dossier a effrité une bonne partie de la crédibilité de l’équipe. Les Nordiques sont passés pour un petit club de campagne incapable de séduire autre chose que des joueurs marginaux. Québec était trop petite pour y emprisonner un joueur gros et grand comme Lindros», déplore Claude Bédard, qui a été directeur des sports au Journal de Québec de 1969 à 1997.
PAS FACILE À VENDRE
D’ailleurs, même certains joueurs obtenus en juin 1992 dans la méga transaction de Lindros à Philadelphie (à lire dans notre livraison de demain) ont dû se faire convaincre de se rapporter aux Nordiques.
Ce fut le cas pour le gardien Ron Hextall et l’attaquant Mike Ricci.
« Quand je suis arrivé en 1990, on m’a fait comprendre que la majorité des équipes échangeaient leurs joueurs à Québec et Winnipeg, deux villes où la plupart ne voulaient pas jouer, pour donner une leçon aux autres », souligne Pierre Pagé.
« Ça n’a jamais rien eu à voir avec le fait que c’était Québec et qu’on y parle français », tempère aujourd’hui Rick Curran, qui représentait les intérêts de Lindros.
« Tout ça est devenu une histoire exagérée. La décision de la famille aurait été la même pour n’importe quelle autre franchise qui aurait agi comme Marcel Aubut le faisait à cette époque.
« Il était un homme d’affaires extrêmement agressif. Son style plaisait à certains, tandis que d’autres étaient plus critiques à son endroit. Ça n’avait rien de personnel, mais le problème c’est qu’il avait orchestré des façons de perdre dans les années précédentes et que ce n’était pas un bon environnement pour amorcer une carrière.»
Visiblement, les années n’ont pas réconcilié les deux camps.