Le Journal de Quebec

La pénurie de voitures de location fait grimper les prix ici et ailleurs

Dans l’ouest canadien et aux États-unis, on parle même d’une « Carpocalyp­se »

- OLIVIER BOURQUE

Attention à votre portefeuil­le, si vous devez louer une voiture pour vos vacances. Le prix des locations a explosé dans certains marchés populaires, comme celui de l’ouest canadien, mais la hausse se fait aussi sentir au Québec.

Les Américains parlent déjà d’une « Carpocalyp­se » dans le secteur. À certains endroits, le prix a triplé, voire quadruplé. Et le phénomène touche plus radicaleme­nt certaines villes, comme Vancouver, où le prix dépasse les 1200 $ pour une semaine.

Au Québec, la hausse est plus limitée et oscille entre 15 % et 30 % selon les véhicules.

« Ce n’est pas compliqué, il manque de voitures et de camions. Il y a un jeu d’offre et de demande et ça met beaucoup de pression sur les prix », souligne Annie Roy, du Regroupeme­nt des loueurs de véhicules du Québec.

Plusieurs raisons expliquent la situation actuelle. Au début de la pandémie, les entreprise­s de location ont largué une partie de leur flotte et elles ont maintenant de la difficulté à s’approvisio­nner.

« Avec le télétravai­l et le virage technologi­que, les fabricants de micropuces ont davantage fourni les producteur­s d’ordinateur­s, beaucoup moins les véhicules. Il y a eu des arrêts de production et les entreprise­s de location sont au bout de la chaîne d’approvisio­nnement », se désole Mme Roy.

De plus, la série de vols de catalyseur­s qui fait rage depuis plusieurs mois au Québec a fait diminuer le nombre de véhicules disponible­s.

MÊME CHEZ LES PLUS PETITS LOUEURS

Cette nouvelle réalité, on l’observe même chez les plus petits joueurs, comme Autoplatea­u, une entreprise québécoise fondée il y a 30 ans, rue Berri, à Montréal.

« À chaque été, les prix doublent, mais là, c’est un peu plus cher en raison d’un déséquilib­re du marché. L’an passé, un véhicule qui coûtait 100 $ par jour, cette année on le loue 120 $ », confirme Gabriel Raymond, agent de location.

Mais malgré la hausse des prix, la dernière année a été difficile pour les loueurs avec l’effondreme­nt du tourisme et le télétravai­l. Autoplatea­u a vendu environ le tiers de sa flotte lors des derniers mois, notamment pour se renflouer.

« On a dépensé beaucoup d’argent et on en dépense encore beaucoup. S’il n’y avait pas eu les programmes du fédéral, on aurait mis la clé sous la porte. Nous avons une entreprise familiale, heureuseme­nt, j’ai pu compter sur eux », relate Rodrigue Desrosiers, un vétéran dans le secteur, propriétai­re d’autoplatea­u.

Ce qui a aussi sauvé l’entreprise est son modèle d’affaires différent de celui des gros joueurs. « On a beaucoup de clients locaux. On garde nos véhicules pendant plusieurs années et on fait de la location de type Communauto », explique son petit-fils Gabriel.

À Québec, même son de cloche : les entreprise­s de location ont de la difficulté à répondre à la demande.

« On manque de véhicules. Actuelleme­nt entre 95 et 100 % de ma flotte est louée. Bien souvent, on doit refuser des clients », souligne François Bouchard, directeur de la succursale d’enterprise dans l’arrondisse­ment de Beauport.

« À CHAQUE ÉTÉ, LES PRIX DOUBLENT, MAIS LÀ, C’EST UN PEU PLUS CHER EN RAISON D’UN DÉSÉQUILIB­RE DU MARCHÉ. L’AN PASSÉ, UN VÉHICULE QUI COÛTAIT 100 $ PAR JOUR, CETTE ANNÉE ON LE LOUE 120 $. »

– Gabriel Raymond, agent de location

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PHOTO OLIVIER BOURQUE Le propriétai­re d’autoplatea­u, Rodrigue Desrosiers, et son petit-fils, Gabriel Raymond, ont réussi à garder l’entreprise à flot malgré la baisse du tourisme.

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