Elle se disait « amoureuse » de sa victime
Une quadragénaire qui a leurré un jeune adolescent pendant de nombreuses années demeure persuadée, encore aujourd’hui, et ce, malgré son plaidoyer de culpabilité, que « sa victime a profité de bienfaits à travers l’infraction perpétrée ».
Au début du mois de juin, Mélanie Lévesque, une femme âgée de 44 ans, a reconnu avoir leurré, pendant cinq ans, un jeune adolescent qui gravitait dans son entourage.
Alors qu’il avait 13 ans, Thomas (prénom fictif) s’est lié d’amitié sur les réseaux sociaux avec une jeune fille créée de toutes pièces par l’accusée. Pendant cinq ans, elle a construit une relation avec le jeune adolescent qui, au fil des échanges, est « tombé amoureux ».
Tous les jours, de nombreux messages ont été échangés ainsi que des photos ou vidéos à caractère sexuel.
« Pour maintenir cette relation, l’accusée a fait montre d’un degré de planification impressionnant où elle a mis en place différentes stratégies pour conserver son ascendant sur la victime », a plaidé, hier, la poursuivante, Me Andréanne Sirois.
MANIPULATION ET STRATAGÈME
La manipulation mise en place a même visé la mère de Thomas qui, inquiète de voir son fils être « amoureux d’une jeune fille qu’il n’avait jamais vue », a confié ses inquiétudes à Lévesque.
« Elle a alors rassuré la mère de Thomas en lui disant connaître les parents de la jeune fille qui étaient, disait-elle, enseignants », a ajouté la poursuivante, qui réclame que Lévesque soit condamnée à une peine d’emprisonnement de 48 mois.
Lorsqu’il a découvert la manipulation dans laquelle il s’est retrouvé piégé, Thomas a été détruit.
« Il avait un avenir, une famille, des amis. C’était un enfant, il était naïf et ne se méfiait pas. Et toi, cachée derrière un écran, tu nous l’as enlevé. Il s’est retrouvé pris dans un cercle vicieux et encore aujourd’hui, il doit faire face à plusieurs deuils », a souligné la famille de Thomas dans une lettre déposée à la Cour.
En défense, Me Stéphanie Pelletier-quirion estime qu’une peine de douze mois, soit la peine minimale, assortie d’une période de probation de trois ans pourrait satisfaire les fins de la justice.
Elle a rappelé au juge Mario Tremblay que le leurre « pouvait revêtir différents chapeaux » et que, dans le cas de sa cliente, elle s’était « fait prendre à son propre piège » puisque l’accusée soutient « avoir développé de forts sentiments et être tombée amoureuse » de sa victime.
La sentence sera rendue à la mi-février.