Le Journal de Quebec

Lutte commune

- DENISE BOMBARDIER denise.bombardier@quebecorme­dia.com

La France et le Québec sont désormais réunis contre la culture d’annulation (le wokisme) pratiquée par des extrémiste­s qui menacent la cohésion de nos deux pays.

Car la rectitude politique, qui sévit et s’amplifie partout, oblige toutes les sociétés à censurer des mots, des livres, des oeuvres théâtrales et des pans entiers de leur histoire.

Ce barrage contre la liberté d’expression est unique au Québec, car le Canada officiel de Justin Trudeau est déjà grandement influencé par la mouvance woke. Et en Europe, c’est en France que l’offensive est la plus articulée intellectu­ellement contre cette culture d’annulation.

Les deux ministres de l’éducation respectifs, Jean-michel Blanquer et Jean-françois Roberge, ont donc signé un texte dénué de toute langue de bois pour dénoncer les « assassins de la mémoire ». Tous les deux veulent transforme­r leur programme d’enseigneme­nt en un « rempart primordial contre l’ignorance et l’obscuranti­sme ».

Des exemples dans les deux pays en font foi. En France, une représenta­tion à Paris de la pièce d’eschyle Les Suppliante­s a été annulée à cause des pressions de gens offensés par l’usage de masques et de maquillage noir par des acteurs blancs. À Montréal, une pièce de Robert Lepage a été annulée au Théâtre du Nouveau Monde pour cause d’appropriat­ion culturelle de l’héritage noir par des Blancs.

Et que dire du feu de joie (autodafé) organisé à l’initiative d’un conseil scolaire de l’ontario où plus de 5000 livres pour enfant, dont Tintin et Astérix, ont été détruits lors d’une cérémonie funèbre et funeste ?

NOUVEAU COURS

Le premier ministre Legault a annoncé mardi, à l’ouverture de la session parlementa­ire, la fin du cours d’éthique et culture religieuse et son remplaceme­nt par un cours de culture québécoise et de citoyennet­é.

Or il faut s’attendre à une levée de boucliers de la part de militants woke qui s’accommodai­ent du cours D’ECR, car l’enseigneme­nt des religions par exemple était enrobé dans le relativism­e.

La dimension pédagogiqu­e de ce cours faisait trop souvent place à une bien-pensance où les minorités de tout genre sont souvent présentées en victimes permanente­s.

Le nouveau cours, on l’espère, permettra aux jeunes de se familiaris­er avec l’histoire du Québec, très malmenée dans le cursus scolaire depuis longtemps, et de recevoir des notions de citoyennet­é, c’est-à-dire de leur appartenan­ce à une société distincte au sein du Canada.

Car les enfants doivent être instruits de leurs responsabi­lités liées à leur statut éventuel de citoyen. Et on doit les familiaris­er avec les symboles de l’état.

SALUT AU DRAPEAU

À l’école primaire de ma jeunesse, tous les vendredis, nous étions réunis dans la grande salle où nous déclarions notre attachemen­t au drapeau fleurdelis­é. « À mon drapeau, je jure d’être fidèle », lancions-nous à voix forte, car cette cérémonie nous impression­nait tous.

Le lien affectif avec le drapeau et avec la langue française a survécu pour la majorité de ceux qui ont baigné dans l’eau bénite.

Cette initiation à la citoyennet­é dans le Québec non pas multicultu­rel, mais intercultu­rel favorisera l’ouverture à l’endroit de tous les nouveaux immigrants dont l’attachemen­t au Québec ne pose pas problème.

Car l’identité québécoise élargie est une des clés de notre avenir commun.

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