Le Journal de Quebec

Les Québécois en congé de maladie encore plus nombreux

La détresse psychologi­que liée à la crise sanitaire pourrait expliquer cette hausse

- ANNE-SOPHIE POIRÉ

Les demandes de prestation­s de maladie de l’assurance-emploi ont bondi dans la dernière année au Québec, révèlent les données du gouverneme­nt fédéral, une autre conséquenc­e psychologi­que de la crise sanitaire, croient des experts.

« L’effet COVID est très clair sur le monde du travail en général, mais aussi sur la santé. Beaucoup de personnes se sont retrouvées avec des maladies d’ordre dépressif ou anxieux », fait valoir le porte-parole du Conseil national des chômeurs et chômeuses (CNC), Pierre Céré.

Les plus récentes analyses d’emploi et développem­ent social Canada indiquent que 122 878 demandes de prestation­s de maladie ont été formulées par les Québécois à l’assurance-emploi, entre le 27 septembre 2020 et le 28 mars 2021. La province recensait en moyenne 133 000 demandes pour chacune des trois années précédant la crise sanitaire.

En six mois donc, le Québec comptait presque autant de bénéficiai­res « maladie » que pour une année complète prépandémi­que.

« Ces chiffres donnent un très bon indice de la gravité de la crise », signale M. Céré.

Et si près de 2,7 millions de Québécois sont couverts par une assurance invalidité privée selon l’associatio­n canadienne des compagnies d’assurances de personnes, il est permis de croire que « beaucoup plus ont obtenu un congé de maladie pendant la pandémie », souligne-t-il.

SANTÉ MENTALE

« Est-ce que la hausse des demandes de prestation­s de maladie pourrait être en lien avec l’augmentati­on de la détresse psychologi­que et de l’anxiété ? C’est une hypothèse qui se vaut », examine Frédéric Lauzon-duguay, professeur au départemen­t d’organisati­on et ressources humaines de L’UQAM.

Les appels au CNC témoignent par ailleurs que « la crise sanitaire est particuliè­rement dure pour la santé mentale », confirme M. Céré.

Même chose dans les bureaux des médecins de famille où « les consultati­ons pour des problèmes liés aux troubles psychologi­ques ont beaucoup augmenté », note le directeur des communicat­ions à la Fédération des médecins omnipratic­iens du Québec (FMOQ), Jean-pierre Dion.

PROLONGER LES PRESTATION­S

La durée des prestation­s de maladie de l’assurance-emploi devrait passer de 15 à 26 semaines « vers la fin de l’été 2022 », assure Emploi et développem­ent social Canada.

Néanmoins, cette prolongati­on est jugée insuffisan­te par plusieurs bénéficiai­res.

« J’ai pris mon assurance maladie au complet. J’aurais eu besoin de plus, mais ça s’arrêtait là. J’ai trouvé ça ordinaire. Ça fait 30 ans que je la paye et c’est la première fois que j’en fais la demande », soutient Mélanie Parent, 47 ans, de Lanaudière, qui a mis le boulot sur pause à la fin de l’automne 2020 en raison d’une maladie toujours inconnue, dont les symptômes s’apparenten­t à ceux de la COVID longue.

La technicien­ne comptable a dû se résoudre à reprendre le travail en janvier à son « grand désarroi », dit-elle, « parce que même encore aujourd’hui je trouve ça difficile de travailler à temps plein ».

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PHOTO PIERRE-PAUL POULIN Le porte-parole du Conseil national des chômeurs (CNC), Pierre Céré, estime que l’augmentati­on des demandes de prestation­s de maladie de l’assurance-emploi donne un très bon indice de la gravité de la crise.

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