Le Journal de Quebec

Le torchon brûle chez Rogers

Bras de fer au sein de la haute direction impliquant le fils du fondateur et les membres du conseil d’administra­tion

- JEAN-MICHEL GENOIS GAGNON

Un an après avoir voulu mettre la main sur Cogeco pour 11,1 milliards $, Rogers fait face à une chicane de pouvoir au sein de sa haute direction. Une saga qui divise également des membres de la richissime famille Rogers.

Ces dernières semaines, la tension a grimpé d’un cran entre le fils du fondateur de Rogers Communicat­ion, Edward Rogers, et certains membres du conseil d’administra­tion de la société canadienne.

Ce conflit a même coûté, jeudi, à M. Rogers son siège de président du conseil d’administra­tion. Il a été évincé à la suite d’un vote du conseil, qui compte également trois autres membres de la famille Rogers.

Il continuera d’y siéger à titre d’administra­teur. C’est John A. Macdonald, membre du conseil depuis 2012, qui a été désigné pour assurer la relève.

Dans un communiqué publié jeudi, le nouveau patron a concédé que le fournisseu­r de services sans fil traversait « une période difficile ».

Cette tourmente éclate au moment même où Rogers tente de compléter l’acquisitio­n de Shaw pour 26 milliards $.

RESTRUCTUR­ATION

Selon différents médias, cette saga a commencé alors que M. Rogers aurait tenté discrèteme­nt de mettre sur pied un plan pour restructur­er la direction.

Le Globe and Mail rapporte qu’il souhaitait notamment remercier le président et chef de la direction, Joe Natale, ainsi que neuf cadres supérieurs.

M. Rogers aurait voulu que l’ex-directeur financier de la société, Tony Staffieri, prenne la place de M. Natale, qui aurait eu vent de ce changement. Il aurait alors convoqué une réunion d’urgence avec des administra­teurs.

Cette propositio­n se serait heurtée à l’opposition de la mère de M. Rogers, Loretta Rogers, et de deux de ses soeurs, Martha Rogers et Melinda RogersHixo­n, qui ont un siège au conseil, ainsi que d’autres administra­teurs.

M. Staffieri a finalement quitté ses fonctions le 29 septembre et Paulina Molnar a été nommée directrice financière par intérim.

AUTRE CHARGE

Jeudi soir, M. Rogers est revenu à la charge, cette fois-ci en tant que président de la fiducie familiale, Rogers Control Trust, qui contrôle Rogers. Dans un communiqué, l’homme d’affaires s’est dit « déçu » des récents événements et qu’il avait « perdu confiance » envers le conseil tel qu’il est présenteme­nt.

Il a indiqué avoir l’intention de remercier cinq membres du conseil, et ce, sans passer par une assemblée des actionnair­es. Pour sa part, Rogers s’est montrée prudente dans ses réponses à la suite de cette attaque.

Hier matin, la compagnie n’avait toujours pas reçu de demande officielle et elle disait avoir l’intention de consulter ses avocats si cela se produisait.

Selon des sources du Globe and Mail, M. Natale et la majorité des membres de la direction seraient prêts à quitter la société si le plan de M. Rogers va de l’avant.

COMITÉ DE SURVEILLAN­CE

Certains administra­teurs indépendan­ts s’inquiétera­ient de l’impact qu’un changement dans la haute direction pourrait avoir sur la transactio­n pour Shaw. Selon le Globe and Mail, la société doit lever 20 milliards $ ces prochains mois pour financer cette acquisitio­n.

Rogers a récemment mis sur pied un comité de surveillan­ce dans sa direction et la compagnie a entrepris un examen exhaustif de sa gouvernanc­e.

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à Toronto. En mortaise, Edward Rogers, fils du fondateur
Ted Rogers et président du conseil d’administra­tion.
PHOTOS REUTERS Le siège social de Rogers à Toronto. En mortaise, Edward Rogers, fils du fondateur Ted Rogers et président du conseil d’administra­tion.

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