Le Journal de Quebec

Vivement la fin D’ECR !

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Cela fait maintenant plus d’un an que le gouverneme­nt du Québec affirme sa volonté d’en finir avec le cours Éthique et culture religieuse, introduit en 2008 à la suite de la crise des accommodem­ents raisonnabl­es. Le dénommé « ECR » avait comme but, dans la tête de ses concepteur­s, de remodeler la conscience collective du Québec afin de formater les nouvelles génération­s au multicultu­ralisme.

Faisant le diagnostic d’un peuple québécois jugé trop réfractair­e à la diversité heureuse, les multicultu­ralistes de l’époque avaient pris comme résolution de saper les fondements de l’enracineme­nt national. Ainsi, sous ECR, les élèves apprenaien­t à sacraliser le grand « Autre » et sa gardienne, la Charte canadienne des droits et libertés, ainsi qu’à faire fi de tout raisonneme­nt critique lorsque vient le temps de penser les valeurs des cultures différente­s de la nôtre.

L’imposition du voile islamique, par exemple, ne pouvait plus être vue sous l’angle d’une atteinte à l’égalité hommefemme. Fort heureuseme­nt, nous apprenons depuis quelques jours que son remplaceme­nt définitif est programmé pour de bon.

Il convient ici de saluer le travail exemplaire de la sociologue Joëlle Quérin dans l’analyse rigoureuse des impostures D’ECR. Rappelons-nous que Quérin, il y a une dizaine d’années, avait courageuse­ment dénoncé les représenta­tions caricatura­les des croyants dans les différents manuels D’ECR, et qu’elle avait décortiqué la propagande qui s’effectuait au travers du contenu du programme.

Car il ne faut pas se tromper : sous des apparences de vertus de tolérance se cachait dans les faits un cours qui répandait avec force la doctrine multicultu­raliste de Trudeau père, qui a toujours voulu bien faire comprendre aux Québécois que leur peuple ne valait pas la peine d’exister.

CONSÉQUENC­ES NÉFASTES SUR LES JEUNES

Malheureus­ement, les 13 années d’activité D’ECR auront eu des conséquenc­es néfastes sur la conscience nationale de la génération Z, dont les membres sont aujourd’hui nombreux à croire que leurs ancêtres ont volé les terres des Amérindien­s et que leur peuple serait fondamenta­lement raciste.

Leur lecture est évidemment fausse et relève d’un mépris de soi digne d’un colonisé. Au sujet de menaces réelles qui pèsent sur notre civilisati­on, comme l’immigratio­n massive et la montée de l’islamisme, ils sont incapables de réfléchir avec lucidité sur ces questions. Les mots qui finissent en « phobe » tiennent lieu de procès et de raccourci intellectu­el.

UN PAS DANS LA BONNE DIRECTION

Même après la fin D’ECR, ils seront encore nombreux, à l’université, à propager leurs idées mortifères aux jeunes étudiants en pleine heure de classe. Le dogme universita­ire woke prendra le relais du petit frère ECR tombé au combat.

L’abolition d’un cours aussi toxique est un pas dans la bonne direction, mais ne saurait suffire. Les élèves québécois doivent nourrir leurs esprits pour aiguiser leur faculté de jugement.

Contrairem­ent à ce qu’en pensent les fonctionna­ires, cette éducation de l’intelligen­ce se fait beaucoup moins par une panoplie de cours sur la citoyennet­é ou la culture numérique que par la transmissi­on de la grande culture. Entendons par là les grands classiques de la littératur­e, de la philosophi­e, de l’histoire.

C’est ce raffinemen­t de l’esprit qui doit être nourri afin d’accoucher de génération­s qui ont le sens de la nuance et du regard critique. D’une manière ou d’une autre, la littératur­e devra impérative­ment refaire sa loi dans l’école, afin d’endiguer les éventuelle­s lubies pédagogiqu­es qui pourraient faire subir des ravages aussi importants que l’a fait ECR.

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Étudiant à la maîtrise en sociologie
– UQÀM Philippe Lorange Étudiant à la maîtrise en sociologie

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