Le Journal de Quebec

Des textes de Voltaire vieux de 250 ans trouvés à Sherbrooke

Ils sont passés d’une génération à l’autre depuis les années 1700 jusqu’à aujourd’hui

- MATHIEU-ROBERT SAUVÉ

Plus d’une centaine de textes inédits de Voltaire ont été trouvés à Sherbrooke après avoir été conservés depuis deux siècles et demi dans la famille d’un historien de North Hatley.

Ce sont 119 lettres, 48 poèmes ainsi que des centaines de pages de la main de Voltaire et de son secrétaire, ou portant sur lui, qui se trouvaient dans la famille de l’historien Peter Southam et qui ont été numérisés récemment à l’université de Sherbrooke.

Voltaire, de son vrai nom François-marie Arouet, est l’un des plus grands philosophe­s et écrivains français du 18e siècle.

Ces oeuvres seront bientôt disponible­s grâce à la Voltaire Fondation de l’université d’oxford, en Angleterre.

Éditrice de référence de l’oeuvre de Voltaire, cette fondation vient de publier ses Oeuvres complètes, qui comptent plus de 200 volumes.

La découverte sherbrooko­ise apporte de nouvelles pierres à cet édifice.

LE TEMPS EST VENU

« Il est temps de faire connaître ces textes à travers le monde. Voltaire fait encore l’objet d’un grand intérêt scientifiq­ue », mentionne Peter Southam, professeur d’histoire à la retraite.

Benoit Melançon, spécialist­e du 18e siècle à l’université de Montréal, mentionne que 3000 ouvrages et articles ont été écrits sur Voltaire depuis 1991, en anglais, en allemand, en espagnol, en italien et en français.

Pour les Québécois, Voltaire est surtout connu pour un bout de phrase tirée d’une lettre datée de 1756.

Il y dénonce l’obstinatio­n des autorités françaises à poursuivre la colonisati­on outre-atlantique « pour quelques arpents de neige en Amérique ».

Peter Southam savait que la collection dont il a hérité au décès de sa mère, Jacqueline Lambert-david, était importante, mais il ignorait que certains manuscrits, à l’encre, sur papier d’époque, étaient carrément inédits.

DE PETITS TRÉSORS

Parmi les pièces les plus précieuses de ce trésor figure un dossier sur lequel Voltaire s’est penché en 1760 quand le fils de son horloger a été sauvagemen­t battu par des hommes de main d’un curé.

Outré par ce geste, l’écrivain a publiqueme­nt pris le parti du jeune homme.

La vie de Southam elle-même tient du roman. Il est né à Londres durant la Deuxième Guerre mondiale, en 1943. Sa mère, française, s’était éprise d’un soldat de l’armée canadienne.

Après la guerre, la famille a vécu en Europe. Du côté maternel, elle possédait le château de Ferney, située en Auvergne-rhône-alpes, la résidence de Voltaire. C’est là que les manuscrits ont été gardés jusqu’à leur déménageme­nt en Estrie, dans les années 1990.

 ?? PHOTOS COURTOISIE, UNIVERSITÉ DE SHERBROOKE ?? Peter Southam, qui a enseigné l’histoire à l’université de Sherbrooke pendant 32 ans, a découvert des inédits de Voltaire dans la collection familiale dont il a hérité. En mortaise, trois documents de cette collection datant du 18e siècle. Dans la lettre de droite, datée du 6 mars 1765, Voltaire félicite les parents du petit François, qui vient de naître.
PHOTOS COURTOISIE, UNIVERSITÉ DE SHERBROOKE Peter Southam, qui a enseigné l’histoire à l’université de Sherbrooke pendant 32 ans, a découvert des inédits de Voltaire dans la collection familiale dont il a hérité. En mortaise, trois documents de cette collection datant du 18e siècle. Dans la lettre de droite, datée du 6 mars 1765, Voltaire félicite les parents du petit François, qui vient de naître.
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