Le Journal de Quebec

Discriminé­s à cause de la présence de leur chien Mira

Un couple espère que sa mauvaise expérience fera réfléchir des commerçant­s

- ROXANE TRUDEL

Un couple chassé hostilemen­t d’une boutique à cause de la présence de son chien Mira recevra un dédommagem­ent de 5200 $, a tranché le Tribunal des droits de la personne.

« Se faire accueillir comme ça… Si notre fils avait été avec nous, ça aurait pu avoir des impacts démesurés sur lui », déplore Suzie Baril, maman d’un enfant atteint d’un trouble du spectre de l’autisme (TSA).

Elle et son conjoint, Philippe Jolin, ont adopté Baksa, un chien Mira, notamment pour atténuer l’anxiété de leur garçon alors âgé de sept ans.

« Mira, ça a changé notre vie. Quand notre fils commence à se désorganis­er, on lui dit que son chien ne va pas bien et il s’en occupe. Il la flatte et ça le calme. Il fait beaucoup moins de crises et d’anxiété qu’avant », note la maman de 42 ans.

Mais en mai 2016, le couple a eu la mauvaise surprise de se voir refuser l’accès à la boutique Click, à Saint-sauveur, spécialisé­e dans la vente d’objets de Noël, à cause de la présence du « super chien », comme le couple le surnomme.

À peine entrée, Mme Baril a constaté que l’endroit était trop exigu pour le chien et l’a couchée entre ses jambes, à droite de la porte, pour ne pas bloquer la circulatio­n.

Or, craignant que le chien ne brise un objet fragile, les deux propriétai­res les ont rapidement sommés de partir en leur criant après d’un ton « impératif », indique la décision. Le couple a alors tenté de trouver un compromis, mais rien n’y a fait.

Si l’altercatio­n n’a duré que quelques minutes, cela a été suffisant pour qu’elle remette en question l’idée d’avoir un chien d’assistance, même si Baksa apporte beaucoup de bien à leur fils.

Devant le tribunal, les propriétai­res de la boutique, Lisette Barbeau et Pierre Carle, n’ont montré aucun remords, si bien que le juge leur a ordonné de débourser ensemble un montant total de 5200 $ en dommages moraux et punitifs, pour s’assurer qu’un tel comporteme­nt ne se reproduira pas.

UN PARMI D’AUTRES

Pour la Fondation Mira, l’événement n’en est malheureus­ement qu’un parmi tant d’autres.

« Ce genre d’histoire, c’est assez régulier, même si ça fait plus de 40 ans que Mira est dans le paysage », déplore Mélanie Valiquette, vice-présidente au conseil d’administra­tion de la Fondation Mira. « Et ils ne portent pas tous plainte. »

Pour un jeune atteint d’un TSA, une action aussi simple que de se voir refuser l’accès à un dépanneur peut faire en sorte qu’il ne voudra plus sortir durant les deux prochaines années, illustre-t-elle.

« Un refus, ça a l’air banal pour nous, mais ça ne l’est pas pour ceux qui vivent déjà de la discrimina­tion à cause de leur différence. Ils n’ont pas les mêmes armes que nous », soupire-t-elle.

Les deux parents espèrent que leur histoire sensibilis­era les commerçant­s, car ils craignent qu’un tel manque d’ouverture puisse impacter un jeune atteint d’un TSA.

 ?? PHOTO MARTIN ALARIE ?? Suzie Baril et son conjoint, Philippe Jolin, avec leur chien Baksa, qu’ils ont pour aider leur fils autiste.
PHOTO MARTIN ALARIE Suzie Baril et son conjoint, Philippe Jolin, avec leur chien Baksa, qu’ils ont pour aider leur fils autiste.

Newspapers in French

Newspapers from Canada