Le Journal de Quebec

Pressions pour enfin libérer l’orque Kiska de Marineland

L’animal social de nature vivrait seul dans son bassin depuis plus de 10 ans

- FRANCIS PILON

Des Québécois se joignent au mouvement internatio­nal qui exige la libération de Kiska, un épaulard du parc Marineland, en Ontario, qui serait en souffrance selon des groupes de défense des animaux.

Kiska est la seule orque en captivité au Canada. Depuis 2011, elle nage sans aucun compagnon dans son bassin. L’épaulard fait désormais les manchettes en raison de vidéos publiées le mois dernier.

C’est Phil Demers, un ancien entraîneur d’animaux au parc d’attraction­s Marineland, qui a partagé des séquences.

« On voit qu’elle souffre beaucoup et qu’elle est stressée sur ces vidéos, dénonce-t-il. Elle se cogne la tête à plusieurs reprises contre la vitre dans l’une d’elles. C’est violent. Elle est seule. C’est un animal social. Ce n’est pas normal. »

M. Demers demande aussi aux spécialist­es et aux gouverneme­nts d’agir avant que Kiska ne termine comme ses enfants. Il rappelle que ses cinq bébés orques sont tous morts en bas âge. Depuis la publicatio­n de ses vidéos, le mot-clic #Freekiska est devenu viral en Chine, en France et même au Mexique.

« On juge que les conditions dans lesquelles est maintenue Kiska sont complèteme­nt inacceptab­les. On exige que des mesures soient immédiatem­ent mises en place pour lui assurer un bien-être psychologi­que, soit au minimum de lui fournir un compagnon de bassin pour qu’elle ait des contacts sociaux », lance Sophie Gaillard, directrice de la défense des animaux de la SPCA de Montréal.

L’avocate signale que l’épaulard pourrait être déplacé dans un nouveau sanctuaire pour cétacés à Port-hilford, en Nouvelle-écosse. Celuici devrait être prêt en 2022, selon le site de l’organisme.

The Whale Sanctuary Project a même écrit le mois dernier une rubrique pour signaler son intérêt à accueillir Kiska.

PÉTITION VIRALE

Le photograph­e et caméraman Mario Cyr, reconnu comme le Steven Spielberg des profondeur­s des océans, soutient que les conditions de captivité de Kiska en Ontario sont une « aberration humaine ».

« Les épaulards ont une mémoire et une sensibilit­é aussi importante­s que les humains. Les enlever de leur famille pour les mettre dans une piscine, c’est déjà un choc immense. [...] Voir Kiska, c’est une tristesse incroyable », déplore-t-il.

Mario Cyr a signé une pétition qui demande la libération de Kiska. Celle-ci a récolté plus de 340 000 signatures.

Andrew Burns, un avocat qui représente Marineland, a refusé que son entretien avec le représenta­nt du Journal soit rapporté dans cet article.

MANQUE DE PREUVES ?

« C’est difficile pour les experts de dire si cet animal en captivité est mieux qu’une orque dans la nature, nuance Stéphane Lair, professeur à la Faculté de médecine vétérinair­e de l’université de Montréal. Nous, avec nos yeux d’humain, notre sentiment de liberté est important. Mais ce n’est pas mieux dans la nature. L’orque peut être victime de la faim, d’une collision avec un bateau et de maladies. L’état sauvage n’est pas si romantique que nous laissent croire certaines émissions de télévision, par exemple », explique M. Lair.

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PHOTO D’ARCHIVES, GETTY IMAGES Kiska dans son bassin, en train de se faire nourrir par un employé du parc Marineland en Ontario, au mois de juillet 2012.
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Médecine
vétérinair­e
STÉPHANE LAIR Médecine vétérinair­e

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