Arrestation du plus puissant narcotrafiquant du pays
L’opération pour mettre la main sur Otoniel a mobilisé quelque 500 policiers
BOGOTA | (AFP) Le gouvernement colombien a annoncé hier l’arrestation de Dairo Antonio Usuga, alias « Otoniel », le narcotrafiquant le plus recherché du pays, pour lequel les États-unis avaient offert cinq millions de dollars en récompense.
Le président colombien Ivan Duque a comparé son arrestation à la chute de Pablo Escobar, chef du cartel de Medellín, abattu par la police en 1993.
« C’est le coup le plus dur qui ait été porté au trafic de drogue en ce siècle dans notre pays (...) seulement comparable à la chute de Pablo Escobar », s’est félicité le président colombien sur les réseaux sociaux.
« Cela faisait sept ans que nous étions derrière lui », a précisé hier le général Fernando Navarro, le chef de l’armée colombienne.
Des images diffusées par le gouvernement montrent Otoniel, vêtu de noir, menotté et entouré de militaires colombiens armés. Le narcotrafiquant a été capturé à Necocli dans le nord-ouest du pays, près de la frontière avec le Panama.
Il s’agissait de « la pénétration dans la jungle la plus importante jamais vue dans l’histoire militaire de notre pays », selon M. Duque. La police colombienne a mené « une importante opération satellitaire avec des agences des États-unis et du Royaume-uni », a expliqué en conférence de presse le directeur de la police, le général Jorge Vargas.
L’opération, pendant laquelle un policier a été tué, a mobilisé quelque 500 membres des forces de sécurité, appuyés par 22 hélicoptères, a-t-il précisé.
PRINCIPAL SUCCÈS
Otoniel, qui a été inculpé par la justice américaine en 2009, fait notamment l’objet d’une procédure d’extradition devant le tribunal du district sud de New York.
« Il existe des ordres d’extradition pour ce criminel et nous allons travailler avec les autorités pour atteindre cet objectif également », a commenté à ce propos le président Duque.
La chute d’otoniel représente le principal succès du gouvernement du président conservateur dans la lutte contre le crime organisé.
Âgé de 50 ans, Otoniel était à la tête du Clan del Golfo, le plus puissant gang de narcotrafiquants de Colombie. Le cartel est formé d’anciens membres de groupes paramilitaires qui ont mené une lutte acharnée contre les guérillas de gauche jusqu’aux années 2010.
Financé principalement grâce au trafic de drogue, à l’exploitation minière illégale et à l’extorsion, le Clan est présent dans près de 300 municipalités du pays, selon le groupe de réflexion indépendant Indepaz.
Le gouvernement colombien accuse le groupe de narcotrafiquants d’être l’un des responsables de la pire vague de violence qui secoue le pays depuis la signature de l’accord de paix en 2016 avec la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC, marxiste).
CACHÉ DANS LA JUNGLE
En 2017, Otoniel avait annoncé son intention de parvenir à un accord pour se rendre à la justice. Le gouvernement avait répondu en déployant pas moins de 1000 soldats pour le pourchasser.
Selon la police, le narcotrafiquant se cachait dans la jungle et n’utilisait pas de téléphone.
Malgré quatre décennies de lutte contre le trafic de drogue, la Colombie reste le premier producteur mondial de cocaïne, dont les États-unis sont le premier consommateur.