Syndicats et société
Je reçois régulièrement des commentaires et des courriels au regard de mes chroniques, où certains lecteurs vilipendent mon point de vue sur le seul argument que j’émane du monde syndical.
C’est dans l’air du temps de critiquer les syndicats alors que la pandémie semble vouloir s’atténuer en ayant révélé aux Québécois la décrépitude des services publics et les carences des politiques gouvernementales.
Il faut dire que cette perception de syndicats trouble-fête est largement alimentée dans les médias. Ils y apparaissent principalement en période de conflits ou de quiproquo, telle la vaccination obligatoire du personnel.
On reproche aux syndicats leur puissance, leur corporatisme, leur opposition constante et leur affairisme. On grossit la bête à dessein de la faire paraître encore plus hostile au progrès et au changement.
Pourtant, ce sont des groupes d’intérêt qui, comme tant d’autres avec leurs qualités et leurs défauts, ont pour mission de promouvoir et défendre le travail de leurs membres.
L’histoire démontre cependant que les syndicats ont contribué au développement du modèle social québécois et à l’amélioration du bien-être d’une population dépassant leurs membres. Plus de 80 % des négociations de conventions collectives se font sans conflit majeur.
CHAMBRE DES NOTAIRES
Les lois du travail sont plutôt favorables à l’employeur. La puissance des syndicats est surestimée. Les notaires à l’emploi de la Chambre des notaires en savent quelque chose !
Les médias attirent habituellement l’attention sur les grands conflits, tels, entre autres, ceux dans le secteur public, dans les services de garde et les abattoirs.
Leur relais dans l’espace public dépend grandement de l’importance du nombre de travailleurs touchés.
On comprend qu’avec 45 membres dans leur unité syndicale, la grève des notaires de la Chambre n’a pas fait grand bruit. On peut imaginer le désespoir de certains employés face à aussi peu de considération.
Les échos que j’ai de cette négociation me répètent qu’elle est ardue avec un employeur qui demeure discret sur ses revenus et qui semble vouloir régler des comptes.
LA PROTECTION DU PUBLIC
Chose certaine, les syndiqués ne bénéficient pas d’un rapport d’opinion favorable, car leurs enjeux sont ignorés de la population. Quant au rapport de force, il s’avère peu effrayant jusqu’à maintenant, l’employeur demeurant inflexible.
Pourtant, les enjeux se révèlent majeurs. Ces notaires syndiqués ont un rôle d’inspection et de surveillance pour débusquer les fautes et les fraudes commises par certains membres de leur ordre professionnel.
Les autorités gouvernementales et l’office des professions auraient intérêt à suivre de près les conséquences de ce conflit, considérant les milliards de dollars transigés sous la supervision des notaires.
Les notaires salariés de la Chambre négocient bien sûr leurs conditions de travail. Ils exercent toutefois une profession qui sert bien tous les citoyens en veillant à l’intégrité des notaires en pratique privée ou publique.
Les échos me répètent aussi qu’ils ne voudraient pas qu’un mauvais climat de travail réduise leur efficacité, car leur préoccupation est tournée vers la protection des citoyens.
Loin d’être vilain !