Admirable Serge Denoncourt !
Je n’ai pas été surprise que le flamboyant et aujourd’hui courageux homme de théâtre Serge Denoncourt, dans La Presse d’hier, rompe le silence complice du milieu artistique qui s’est porté à la défense d’edgar Fruitier, du « pauvre Edgar », prédateur de garçons.
Serge Denoncourt raconte qu’il fut victime à l’âge de 22 ans de la « fougue » d’edgar Fruitier. Heureusement, il dit qu’il n’a jamais eu de séquelles graves ni de traumatisme insurmontable.
En 1990, je me suis insurgée contre l’écrivain Gabriel Matzneff sur le plateau d’apostrophes, de Bernard Pivot, à Paris. Il a fallu trente ans pour que le pédophile notoire, qui s’est toujours vanté de ses « exploits », qualifiés d’« actes d’amour », auprès de jeunes filles et garçons, soit dénoncé par une victime, elle aussi admirable. Vanessa Springora a tout dit dans son livre Le Consentement, devenu un best-seller en France.
À l’époque, j’ai été traînée dans la boue en France et au Québec. J’avais aussi dénoncé auparavant un psychologue québécois qui faisait publiquement l’éloge des relations sexuelles entre des jeunes et des adultes. J’ai été poursuivie devant les tribunaux et condamnée pour diffamation. Par la Cour supérieure puis par la Cour d’appel. J’ai dû débourser une somme très élevée, à l’époque, pour cette dénonciation.
SOLITUDE
Je me suis toujours sentie bien seule dans mon combat. Mon fils en bas âge fut menacé à cause de ma position. Par la suite, mes livres furent boycottés par une partie du milieu littéraire faisandé parisien, qui jusqu’à l’an dernier a protégé Gabriel Matzneff.
Et voilà que Serge Denoncourt, à qui je me sens fraternellement liée, met en mots, des mots puissants, qui cernent au plus près la honte qu’il a ressentie en subissant les attouchements d’edgard Fruitier.
Que Serge Denoncourt soit remercié d’avoir signé ce texte où il brise un tabou qui étouffe son milieu. Ajoutons que l’âge ne peut servir d’excuse à l’indignité de ces gestes indécents condamnables moralement.