Pris en otage par un chantier
Le réaménagement du boulevard Guillaume-couture complique le quotidien des automobilistes et commerçants
Infernal, bordélique, pénible et cauchemardesque : les qualificatifs ne manquent pas chez les commerçants et les usagers de la route pour décrire l’impact sur la circulation du mégachantier du boulevard Guillaume-couture dans le secteur de Saint-romuald à Lévis.
Entrepris il y a quelques semaines, le réaménagement de cette artère stratégique, tout près de l’entrée du pont de Québec, est le cauchemar de tous ceux qui doivent y passer, alors que la circulation y est réduite de trois à une voie dans chaque direction sur certains tronçons.
La Ville vient d’amorcer la deuxième année des travaux qui se poursuivront jusqu’en 2027.
Cela permettra d’ajouter des voies réservées pour le transport en commun ainsi que des trottoirs et des pistes cyclables.
Aux heures de pointe, le boulevard se transforme en véritable stationnement, tellement la congestion est importante.
Et la fin de semaine, il n’y a pas vraiment de répit, selon commerçants et automobilistes.
«Le staff ne veut plus rentrer travailler. Les jeudis et les vendredis, ils arrivent en retard et ne veulent plus ces quarts de travail. On a essayé de changer les heures d’ouverture pour s’adapter », explique Étienne Demers, propriétaire du 5-0 Boardshop, dont le commerce est situé juste à côté du chantier.
SON CHIFFRE D’AFFAIRES CHUTE
Le sujet touche une corde sensible chez l’entrepreneur qui croyait avoir fait un bon choix en installant son commerce à cet endroit.
À son avis, la Ville a trop tardé pour entreprendre ces travaux d’envergure. Avec le chantier, il estime que son chiffre d’affaires a chuté de 20 à 30 %.
« À la base, il y a eu un problème de gestion des transports. Ils ne pensaient pas que ça fonctionnerait autant, ce secteur-là. Alors on commençait avec une prise », observe M. Demers.
Au restaurant Blaxton, situé également tout près du chantier, l’heure est aux ajustements.
« On a beaucoup d’employés qui partent du centre-ville de Lévis en autobus, et oui c’est plus long. On doit adapter les horaires en conséquence. Avec les détours d’arrêts, certains employés doivent marcher 15 à 20 minutes, au lieu de 5 minutes », explique la directrice aux opérations, Manon-élène Couturier.
Des arrangements sont également prévus dans les promotions du restaurant pour retenir la clientèle.
Plusieurs usagers et commerçants réclament une meilleure gestion du trafic avec la présence permanente d’agents de circulation. D’autres espèrent des assouplissements pour accéder plus facilement aux commerces ou à l’autoroute 20.
DES OPTIONS LIMITÉES
Interrogée sur de possibles mesures d’atténuation, la Ville explique que les possibilités sont très limitées.
« On utilise surtout les moyens de communication, les infolettres et nous avons un comité de suivi auprès des commerçants », indique Sébastien Bédard, chef d’équipe du projet de transport collectif et actif sur le boulevard Guillaume-couture.
Il faudra donc aiguiser sa patience encore un peu.
« On intervient dans les zones les plus congestionnées du boulevard, donc en venant restreindre les voies, c’est certain qu’on va s’attendre à des difficultés à avoir de la fluidité », ajoute Manon Létourneau, chargée de projet à la direction des transports et de la mobilité durable de la Ville de Lévis.
Il s’agit de la dernière année du projet où il y aura des entraves majeures, précise-t-elle.
En octobre dernier, la Ville de Lévis a annoncé un programme d’aide financière, afin de donner un coup de main aux entreprises qui seront affectées par les travaux de réaménagement.
Au moment d’écrire ces lignes, la Ville confirmait que certaines entreprises en avaient fait la demande, sans pouvoir préciser combien.