Le Journal de Quebec

« Tabar..., qu’est-ce qu’ils font là ?

» Le directeur incendie n’a pas autorisé la mise à l’eau de l’embarcatio­n dans laquelle prenaient place les deux pompiers

- DOMINIQUE LELIÈVRE

LA MALBAIE | Le directeur du service incendie de Saint-urbain avait donné son accord pour « mobiliser » l’argo d’un de ses pompiers, mais n’avait en aucun cas autorisé sa mise à l’eau, a-t-il affirmé hier.

« J’ai dit “Tabar..., qu’est-ce qu’ils font là ?” » se souvient d’avoir réagi Cédric Châtigny quand il a vu pour la première fois les pompiers volontaire­s Christophe­r Lavoie et Régis Lavoie à bord de leur véhicule amphibie.

Les deux victimes de l’accident du 1er mai 2023 tentaient alors de traverser un champ inondé pour secourir des citoyens dans une résidence au bord de la rivière du Gouffre.

« C’était plus un champ, c’était un lac ! » s’est exclamé le directeur, hier, à l’enquête publique du coroner.

Selon lui, ce n’était pas ce qui était entendu. Il était d’accord pour « mobiliser » l’argo, mais voulait se rendre sur place pour établir le plan de match final.

À son arrivée, le duo était déjà parti, a-t-il déclaré.

« Je ne savais pas qu’ils étaient arrivés sur les lieux, je ne savais pas qu’ils avaient débarqué l’argo. Je ne savais pas qu’ils se mettaient à l’eau », a soutenu M. Châtigny.

VERSIONS CONTRADICT­OIRES

Il soutient que sa dernière vision du champ remontait à 11 h, lors d’une patrouille. À ce moment, il était légèrement inondé, mais il n’y avait pas de « risque » immédiat, selon lui.

« Tu ne penses pas que c’est le temps que tu sortes ? » aurait-il tout de même suggéré, par téléphone, au conjoint du couple qui habitait près de là.

« Je suis bien dans ma maison, il n’y a pas de problème », aurait répondu le résident. Cette version contredit celle du couple, qui soutient n’avoir jamais eu d’ordre d’évacuer.

MONTÉE RAPIDE DE L’EAU

Par la suite, la situation évolue rapidement. Des rues sont inondées au village. Vers 12 h 30, M. Châtigny dit avoir été contacté par la conjointe du couple qui voulait être secouru.

Aucune embarcatio­n adéquate n’était disponible à la Municipali­té et c’est en conversant avec le directeur général que l’idée d’utiliser un véhicule de type Argo aurait été abordée.

Et ce, même si le petit service incendie n’offre pas le service de sauvetage nautique.

Régis Lavoie, qui revenait de l’épicerie où il était allé acheter des sandwichs pour ses confrères, aurait accepté qu’on utilise le sien, empruntant finalement celui de sa soeur.

Cédric Châtigny explique avoir été retardé par une autre situation qui a requis son attention et lors de laquelle sa camionnett­e s’est enlisée.

À son arrivée, il a assisté au naufrage des pompiers. Selon lui, les deux hommes ont essayé de s’accrocher à un arbre avant d’être emportés. « J’ai crié, j’ai appelé Régis : il ne m’a jamais répondu. »

PAS HABITUÉS

Plus tôt, hier, trois pompiers de la Municipali­té avaient expliqué que c’était la première fois qu’ils étaient appelés à intervenir dans un contexte d’inondation et que leur formation de base n’abordait pas les interventi­ons près de l’eau.

L’enquête publique a été ajournée et reprendra le 29 avril au palais de justice de La Malbaie.

 ?? PHOTO DOMINIQUE LELIÈVRE PHOTO DOMINIQUE LELIÈVRE ?? Cédric Châtigny, directeur du service incendie de Saint-urbain, dans Charlevoix, a témoigné hier.
La coroner Andrée Kronström a demandé une minute de silence en l’honneur des victimes, spécialeme­nt Christophe­r Lavoie, dont cela aurait été l’anniversai­re hier.
Christophe­r Lavoie, victime
Régis Lavoie, victime
PHOTO DOMINIQUE LELIÈVRE PHOTO DOMINIQUE LELIÈVRE Cédric Châtigny, directeur du service incendie de Saint-urbain, dans Charlevoix, a témoigné hier. La coroner Andrée Kronström a demandé une minute de silence en l’honneur des victimes, spécialeme­nt Christophe­r Lavoie, dont cela aurait été l’anniversai­re hier. Christophe­r Lavoie, victime Régis Lavoie, victime

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