Une pro des photos pour Tinder
Sa clientèle est presque exclusivement masculine, car c’est plus compétitif sur les applications
La photographe montréalaise Marine Gibert propose des séances en extérieur pour bien paraître sur les applications de rencontre.
C’est le printemps, la saison des amours ! Pour la photographe montréalaise Marine Gibert, qui propose des séances en extérieur pour bien paraître sur les applications de rencontre, c’est aussi une période très occupée au travail.
« J’ai des retours de mes clients qui me disent que ça fonctionne, ils ont beaucoup plus de connexions avec de belles photos professionnelles d’eux-mêmes », raconte l’ex-parachutiste militaire française de 32 ans. Elle affectionne particulièrement les décors du Vieux-montréal et du quartier Mile-end pour ses clients qui veulent se faire beaux pour Goseeyou, Tinder, Bumble, Grindr, Feeld ou Hinge.
Elle estime avoir déjà photographié pour Tinder plus de 500 clients dans la métropole au cours des trois dernières années… et maintenant, le rythme est de six ou sept clients par semaine. La fin de semaine prochaine, elle a déjà six séances prévues.
Elle facture 170 $ pour cinq photos.
JUGEMENT IMPITOYABLE
Je me souviens d’une amie qui me montrait son Tinder et qui balayait vers la gauche pour éliminer en rafale quasiment tous les profils d’hommes une fraction de seconde après leur apparition. C’était une véritable exécution de masse.
Si elle aimait un profil sur cent pendant sa soirée, c’était une bonne pêche.
Voilà le genre de juge impitoyable et expéditif que les photos de Mme Gibert visent à amadouer.
« J’aime mieux payer Marine pour de belles photos qui me rendent populaire dans Tinder, Bumble et Grindr que verser des frais d’abonnement aux applications pour que mon profil soit davantage mis de l’avant », raisonne Mohit Dhiman, 33 ans, un informaticien analyste d’applications financières.
M. Dhiman a eu la gentillesse de me permettre d’assister à sa séance photo dans le Vieux-montréal, sur le palier de l’édifice Lucien-saulnier, devant l’oeuvre de bronze de Charles Daudelin située au pied du palais de justice et la très verte et très photogénique rue Le Royer.
« Je suis bisexuel. Selon que je vise les femmes ou les hommes, je ne choisis pas forcément les mêmes images. Pour les femmes, je prends celles où j’ai l’air très professionnel et soigné. »
Mme Gibert m’a présenté M. Dhiman comme un « client régulier »… car il en était à sa troisième séance. Nouvelle saison, nouvelles photos !
« Ça a très bien marché les deux premières fois, alors je recommence », dit en riant M. Dhiman.
CLIENTÈLE MASCULINE
Avec le fléau de l’autoportrait dans le miroir (avec ou sans chandail) qui sévit dans les applications de rencontre, je n’ai pas de mal à croire que de belles photos permettent de sortir la tête de la marée humaine virtuelle.
« Une partie de ma clientèle me raconte suivre les conseils de coachs de séduction, mais c’est une minorité. Pour eux, mes photos professionnelles s’inscrivent dans un programme. »
Presque tous ses clients sont des hommes. « C’est nettement plus compétitif côté hommes dans les applications de rencontre pour attirer l’attention des femmes. Si j’ai peu de clientes, c’est qu’elles se font assez souvent aborder pour ne pas ressentir le besoin de meilleures photos. »
Redoute-t-elle que l’intelligence artificielle la remplace en offrant ce genre d’images gratuitement ?
« Ça arrivera peut-être un jour. Pour le moment, ces images ont l’air terriblement factices. Et pour ma part, je refuse de retoucher, d’embellir, d’amincir ou d’améliorer l’apparence de mes clients : je ne veux pas participer à de la fausse représentation. »