En finir avec le monopole de la SAQ
Deux jours de grève à la SAQ. Faut-il avoir honte d’avoir eu des réserves ? Ou être gêné d’avoir cherché une succursale ouverte ?
Comme le disait Shakespeare, « être ou ne pas être, là est la question » !
Loin de moi l’idée de relancer le débat sur notre rapport à l’alcool.
Mais l’occasion est rêvée pour mettre en débat le rapport de l’état à l’alcool.
C’est un vice, faut le taxer, et tant qu’à y être, servons-nous-en pour assurer des emplois bien rémunérés en région.
Ça demeure la raison pour laquelle la SAQ conserve son monopole en 2024.
ANACHRONISME
Faut-il rappeler que la SAQ est née d’un référendum en 1921 sur la prohibition ! Le Québec ayant fait bande à part du reste du pays, la Commission des liqueurs est née comme le compromis idéal pour permettre de tempérer la consommation.
Mission accomplie ! Selon L’INSPQ, les Québécois consomment en moyenne 494 verres par année. Pas génial, mais entre les hommes qui consomment davantage que les femmes et les alcooliques qui fermentent dans l’alcool, ça passe le test.
Donc, si ce n’est de l’héritage d’une moralité digne de la prohibition, il n’y a aucune raison pour que l’état contrôle notre accès aux vins et aux spiritueux.
Modernité oblige, on en est venu à la formule actuelle de la SAQ qui vise à offrir le plus de produits aux moindres coûts.
Mais cette formule date de 1971, et il est là le problème.
LA FOLIE DU GIN
Le débat actuel sur l’avenir des distilleries québécoises illustre à merveille les limites du modèle.
L’engouement pour le gin a créé une véritable course dans l’industrie québécoise des distilleries, à tel point qu’il n’y a plus de place sur les tablettes de la SAQ.
S’engageant à offrir tous les produits québécois, la SAQ s’est vue forcée de tasser certains produits merveilleux pour faire de la place à des nouveaux venus médiocres.
Pour récupérer de « l’espace tablette », les distilleries ont multiplié les produits.
Il y en a trop, ils ne sont pas tous bons. Le couperet est tombé et une centaine de produits seront retirés.
Or, ce cercle vicieux a coûté la rentabilité à des entreprises d’exception. Surtout, elle confirme le droit de vie ou de mort de la SAQ sur nos produits québécois.
Car c’est faux de dire que le client décide. Celui-ci n’a même pas l’option de commander par internet son gin préféré auprès de sa distillerie !
PAS PIRE MAIS PAS GÉNIAL
Pendant que la SAQ se préoccupe de promouvoir nos produits du terroir, le choix inévitablement écope.
Entendez-moi, la SAQ réussit à trouver un certain équilibre des goûts.
Mais ne cherchez pas un Volnay Vieilles Vignes et si vous n’habitez pas la grande région de Montréal, oubliez l’idée d’une Vieille Prune de France.
Vous me direz que ce sont des produits d’exception. J’en suis.
Or, même les importateurs privés doivent passer par la SAQ et ses frais !
En 2024, on cherche les fondements d’un tel modèle.
Il est à la fois moralisateur et pseudo-socialiste, surtout quand sa légitimité repose dans le financement de nos services publics.