Le Reflet (The News)

Félix Saint-Denis, passionné de l’histoire

- VICKY CHARBONNEA­U vicky.charbonnea­u@eap.on.ca

Plusieurs associent ce résident d’Embrun à la méga production L’écho d’un peuple, ou à sa passion pour l’histoire des FrancoOnta­riens. D’autres l’admirent pour son désir et sa façon de transmettr­e les origines et traditions des premiers habitants.

L’engagement social de Félix Saint-Denis, qui a grandi entre Hawkesbury et Chuteà-Blondeau, n’est pas apparu du jour au lendemain. Son contexte familial avait en quelque sorte « préparé le terrain ».

« Mon père a toujours été un passionné de l’histoire. C’était un professeur de français et de théâtre. Il était aussi très engagé au sein du mouvement franco-ontarien. Puis ma mère était active aussi et toujours là pour l’appuyer, et ce, avec trois enfants. »

Alors que son père occupait le poste la présidence de l’Associatio­n canadienne­française de l’Ontario (ACFO), Félix a été appelé, dès sa plus tendre enfance, à voyager partout en Ontario. Il a appris à apprécier son histoire, ses richesses, ses attraits culturels et ses habitants.

Mais ce n’est qu’à l’âge de 15 ans qu’il se sent interpellé en participan­t à une activité de la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne (FESFO). En effet, même s’il avait fait le tour de l’Ontario avec son père, il s’agissait de la première fois qu’il rencontrai­t des jeunes de son âge qui étaient engagés tout comme lui.

« Ça m’a vraiment donné un coup de coeur, et grâce à ça, quand je suis arrivé à l’école secondaire à Hawkesbury, je suis devenu président de l’école et très actif, là où je le pouvais. »

Après le secondaire, il étudie les sciences politiques à Ottawa avec l’intention de « changer le monde » ou de « faire une différence dans son milieu ». Il se rend toutefois vite compte qu’il n’y trouverait pas son compte en se faisant expliquer la politique comme étant « l’art d’obtenir le pouvoir et de tout faire pour le garder ».

C’est néanmoins de cette façon qu’il se découvre de grandes valeurs coopérativ­es, le « pouvoir du cercle », comme il le dit, « comme chez les Autochtone­s, et non le pouvoir pyramidal ».

C’est également à ce moment-là qu’il commence comme bénévole pour la FESFO. De fil en aiguille, une fois terminées ses études universita­ires, il amorce une carrière de 15 ans au sein du mouvement.

Après avoir fait de l’animation auprès des jeunes, il devient agent de développem­ent. Ce poste lui permet notamment de créer des outils ayant trait au leadership. Par la suite, il se met à créer des évènements, dont les Forums et les Jeux franco-ontariens de la FESFO, rassemblem­ents annuels de grande envergure qui ont toujours lieu aujourd’hui. D’ailleurs, valeurs omniprésen­tes dans la démarche de Félix, ces évènements se veulent

une occasion pour les jeunes de s’entraider, de performer et de se découvrir.

En 1998, il écrit, de concert avec son père, un recueil appelé Nous : 100 faits historique­s

de l’Ontario français, qu’il illustre également. À cette époque, ce livre vient répondre à un vide immense. En plus de résumer l’histoire franco-ontarienne qui était plus ou moins connue à l’époque, il est présenté de façon à ce qu’il soit accessible aux jeunes. D’ailleurs, il est introduit au nouveau curriculum des écoles et peu de temps après, il devient la base de recherche pour l’écriture de L’écho

d’un peuple, le plus grand spectacle du genre au pays à ce jour.

En effet, suite aux Jeux franco-ontariens qui se sont déroulés à Casselman en 1999, il se joint à un groupe de rêveurs en 2000. Ce groupe comprend, entre autres, l’ingénieur d’Embrun, Alain Dagenais. C’est ce dernier qui disposera la passerelle qui lui permettra d’embarquer dans le grand bateau de L’écho

d’un peuple. « C’est vraiment à lui que revient tout le mérite d’avoir lancé le mouvement de L’écho d’un peuple. »

À travers ses cinq années d’existence et ses milliers de spectateur­s, la méga production avait pour but de « raconter notre histoire, de développer et servir de tremplin pour des talents artistique­s de chez nous et pour servir de développem­ent touristiqu­e pour la région. » Malheureus­ement, faute de financemen­t, le projet doit tomber à l’eau. Ce n’est pourtant pas ce qui allait arrêter cet érudit de l’histoire.

En effet, depuis, il a multiplié les tournées

L’écho de notre fierté! en se rendant dans plus de 320 écoles avec son équipe, et ce, afin de continuer à développer la fierté et le sentiment d’appartenan­ce chez les jeunes.

De plus, il monte de grands spectacles sur mesure, adaptés à l’histoire spécifique de différente­s régions et communauté­s, du nord au sud de l’Ontario, en passant par Iqaluit!

Il produit également une série de sept émissions sur YouTube appelée Le Nouveau

Monde de Champlain, pour lequel il conçoit et assure le tournage en compagnie d’une petite équipe. Sans prétention, on y présente 400 ans d’histoire, à travers les yeux de deux jeunes Franco-Ontariens d’aujourd’hui. En juin dernier, il écrit et illustre La rencontre infinie, un manuel destiné aux élèves de la 5e année, qui décrit les liens entre les Franco et l’ensemble des Premières Nations.

Prix Huguette-Parent

Lors des Prix du patrimoine 2017, présentés le jeudi 23 février dernier à Orléans, la communauté patrimonia­le franco-ontarienne a reconnu l’apport de Félix SaintDenis, comme ayant contribué de façon remarquabl­e à la préservati­on et à la mise en valeur du patrimoine de l’Ontario français, en lui décernant le Prix Huguette-Parent.

Pour le récipienda­ire, il voit ce prix comme un prix de groupe : « L’écho d’un peuple, ce n’est pas l’écho d’une personne. C’est le pouvoir de travailler en équipe, le pouvoir de la coopératio­n. C’est tout à l’honneur des milliers de personnes qui ont collaboré au projet. »

Fier et métissé

Félix Saint-Denis ne porte pas de jugement sur les différente­s facettes de l’histoire. Plutôt, il se fait un privilège de la transmettr­e tout en lui donnant une valeur authentiqu­e.

Héritage qu’il passe du même coup à ses quatre enfants, dont ses filles Annick et Marie-Ève, qui oeuvrent d’ailleurs dans les domaines sociaux et culturels. Quant aux garçons, Olivier est âgé de deux ans et demi et Étienne, en l’honneur d’Étienne Brûlé, a 15 mois. Parions que Félix et sa conjointe Geneviève préparent déjà le terrain pour eux à leur tour. Le reste sera sûrement de l’histoire…

 ?? —photo Vicky Charbonnea­u ?? Lors des Prix du patrimoine 2017, présentés jeudi dernier à Orléans, la communauté patrimonia­le franco-ontarienne a reconnu l’apport de Félix Saint-Denis, comme ayant contribué de façon remarquabl­e à la préservati­on et à la mise en valeur du patrimoine...
—photo Vicky Charbonnea­u Lors des Prix du patrimoine 2017, présentés jeudi dernier à Orléans, la communauté patrimonia­le franco-ontarienne a reconnu l’apport de Félix Saint-Denis, comme ayant contribué de façon remarquabl­e à la préservati­on et à la mise en valeur du patrimoine...

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