Résilience, solidarité et optimisme
C
ela fait maintenant quelques semaines que nous sommes sous le joug d’un puissant virus baptisé COVID- 19. Il va sans dire, cette pandémie n’est pas facile pour plusieurs et nous faisons tous face à un certain lot d’inquiétude – c’est tout à fait normal et attendu alors que nous composons avec une situation totalement anormale.
J’aimerais vous dire que tout se terminera dans quelques semaines, mais ce n’est pas le cas. Nous sommes dans cette galère pour une bonne période de temps, puis les impacts et ramifications économiques seront colossaux. Cela dit, comme collectivité et profession unique qu’est la profession des armes, nous devons garder bien en vue nos objectifs de mission et notre raison d’être, tels que le NORAD pour ne nommer que celui- ci.
Qu’est- ce que la science sur la résilience peut nous apprendre en ces moments anxiogènes?
Comment nous aider à tous vivre ce moment plus sereinement?
D’abord, définissons la résilience comme la capacité à nous adapter et à rebondir en période d’adversité.
Celle- ci est composée de cinq grands piliers; soit, le pilier social, l’émotionnel, le mental, le physique, et le pilier spirituel. Les études montrent que la résilience est liée à la souplesse, à un brin de positivisme réaliste et à une capacité à faire face aux événements douloureux de façon calme, mais proactive. Voici ici comment nous pouvons augmenter notre résilience naturelle.
Sachons que la résilience est liée à notre évaluation d’auto - efficacité. Il s’agit d’une évaluation de notre capacité à traverser cette épreuve. Rappelons- nous que nous pouvons nous adapter, que nous sommes entourés, conseillés. Rappelonsnous que la vie est faite ainsi : faire face à des épreuves est normal et il ne sert à rien de nous braquer contre cet état de fait. Il faut les apprivoiser, en faire quelque chose de constructif et apprendre à danser avec celles- ci. Rappelons- nous que nous avons été capables de traverser des épreuves avec succès dans le passé et que nous pouvons nous fier à nos capacités d’adaptation pour celle- ci aussi.
Nous n'avons qu'à nous tourner vers nos professionnels de la santé canadiens pour voir à quoi ressemblent le service, le sacrifice et le devoir. Chaque jour, ces professionnels de la santé laissent leur famille à la maison pour être en première ligne dans la lutte contre cette pandémie.
Nous ne savons pas encore comment la situation va évoluer au Québec et au Canada. Beaucoup d’incertitude plane et aucun expert ne pourrait nous dire ce qui nous attend demain ou la semaine prochaine.
Faisons ce qui est en notre pouvoir pour nous préparer selon ce qui nous est conseillé, puis ensuite… tolérons le fait que nous ne savons pas tout. Permettons- nous le flou, le vague. Et ce, tout en nous rappelant que nous serons fixés bientôt – que l’épreuve sera temporaire.
Évitons les médias qui utilisent des mots dramatisants ou qui minimisent les nouvelles positives. Recherchons une information de qualité, basée sur la science, qui propose des stratégies concrètes. Nous n’avons pas besoin de nous sentir dépassés par une catastrophe incontrôlable annoncée, ce qui augmenterait notre sentiment de panique, ou d’impuissance acquise, ou de déni. Au contraire, nous avons besoin de sentir que nous comprenons mieux ce qui se passe et que nous pouvons faire des gestes concrets pour nous aider. De plus, n’oubliez pas que les enfants écoutent et sont à leur tour influencés…
Nous savons que les taux de guérison sont plus élevés que prévu. Nous savons aussi que plusieurs mesures prises par nos gouvernements fonctionnent, et fonctionnent même très bien. Revenons aux faits et à la science quand on se sent emportés par l’inquiétude ou la panique.
Faisons confiance! À notre système immunitaire, d’abord. À nos comportements ensuite, puisque nous suivons les consignes prescrites par la santé publique. Puis à nos dirigeants qui semblent préparés et en contrôle, qui ont le bien- être de la population à coeur et qui prennent des mesures pour nous protéger. Faisons aussi confiance à nos médecins et à notre système de santé. Bref, abandonnons- nous aux experts quand nous sentons que nous ne maîtrisons pas toutes les données de la situation.
Soyons souples face aux adaptations nécessaires. Bien que la grande majorité soit en isolement volontaire, nous devrons peut- être être mis en confinement, ou même en quarantaine. Assurément, nous devons nous ajuster au travail, à la maison, dans nos loisirs. C’est dérangeant. Et parfois même vraiment perturbant ou douloureux. Plusieurs couples expérimentent des pressions et une dynamique différente. Il faut garder la tête froide, ne pas lâcher et capitaliser sur les bons moments; il faut faire preuve d’écoute.
Dans toute cette tourmente, rappelons- nous que nous serons capables de traverser cette épreuve. Nous trouverons même, peut- être, du positif et des occasions dans ces changements. Nous pourrions même a posteriori être fiers de ce que nous avons été capables d’accomplir en tant que famille, organisation ou société. Laissons tomber nos exigences et notre rigidité; c’est le moment d’être plus souples et adaptatifs, en prenant les choses en relativisant nos priorités.
Augmentons notre solidarité collective! Cela peut vouloir dire agir en bons citoyens pour protéger les autres. Beaucoup, malheureusement, sont présentement seuls aux soins intensifs; puis, il faut sans cesse collectivement se rappeler pourquoi tout en prenant les actions nécessaires. Il faut aussi s’ouvrir à ceux qui sont plus démunis, moins préparés, mis en quarantaine ou souffrants. La bienveillance et l’ouverture sont associées à une meilleure capacité à traverser l’adversité. Elles reflètent le meilleur de nous, de la nature humaine, de notre société. Elles sont associées à une plus grande résilience.
Il est essentiel que nous capitalisions sur nos forces; et Dieu sait que la grande famille de Bagotville en possède plusieurs. Nous devons nous serrer les coudes et supporter ceux qui devront répondre à l’appel. Sur ce, l’ingrédient secret se trouve à la fois dans l’amour, la qualité de notre résilience, le leadership, et notre attitude face à l’adversité. Nous aurons besoin de toute l’aide possible pour soutenir le moral de notre personnel et celui de nos familles. Les missions auront toujours lieu et l’effort de rencontrer nos obligations sera maintenu; au cours des prochains mois, il va falloir se serrer les coudes, faire le choix d’avoir une bonne attitude, et faire bravement des défis d’illustres opportunités. Nous avons ce contrôle!
Vous savez, certains dans la tempête vont se cacher contre un mur, ou même se creuser un trou. D’autres feront preuve de courage et de créativité, puis saisiront l’opportunité de se faire un moulin à vent, une éolienne, ou même hisser une grande voile. Tout est une question d’attitude, de choix, de perspective et de mentalité.
Célibataires, en couple ou parents, vous n’êtes pas seul. Nos grands- parents ont fait des miracles, ayant eu à composer avec des événements bien plus difficiles, par exemple le rationnement durant la guerre. L’entraide et la famille sont des valeurs qui vont nous faire passer à travers.
Nous avons une circonstance en or de nous démarquer encore plus et démontrer à nos enfants ce qui constitue la résilience, la solidarité et l’optimisme.
Vous êtes tous essentiels. Nous croyons en vous, nous sommes investis en vous et nous attendons vos meilleurs efforts. Les soins personnels sont importants pour nous tous, et il faut persister à suivre les recommandations et les règles établies. Voici quelques éléments auxquels penser au cours des prochains mois :
• prenez la crise un jour à la fois;
• partagez vos sentiments;
• évitez le négativisme;
• même virtuellement, restez connecté;
• c’est ok de prendre soin de soi, et trouver des façons saines de décanter;
• concentrez- vous sur la vision que vous avez pour vous--
même et votre famille, pas seulement pour demain mais dans un an.
• Et enfin, reconnaissez quotidiennement le bien dans votre vie. Soyez conscient de votre attitude, de votre entourage, puis reconnaissez ouvertement ceux qui font preuve d’altruisme.
Pour nos militaires et nos familles, je veux que vous soyez conscients que vos besoins, vos craintes et vos préoccupations sont importants pour votre leadership. Considérés globalement, vos besoins, vos craintes et vos préoccupations ne sont pas, en ce moment, différents de ceux des autres Canadiens. Cependant, la différence pour les militaires est que, si notre gouvernement vous appelle, tous les Canadiens se tourneront vers vous pour mettre ces émotions de côté parce qu'ils comptent sur vous pour le leadership, l'espoir et l'excellence professionnelle. Rappelez- vous que vous êtes tous des Leaders, qu’en ce temps de crise, il faut être prêt à rencontrer les plus hautes attentes et livrer la marchandise – le pays en entier sera témoin de votre leadership, votre rendement en uniforme, votre attitude et votre professionnalisme!
Nelson Mandela a dit un jour : « le courage n'est pas l’absence de la peur, mais le triomphe de celle- ci » . Une fois ce défi terminé, nous aurons vu le meilleur et, malheureusement, le pire des gens… Alors, comment se souviendrons- nous de vous? En tant que personne qui s'est levée et a fait preuve de leadership par le devoir et le courage? Nous souviendrons- nous de vous comme étant un modèle posé qui a mené et influencé par l’exemple?
Le colonel Gagné et moi- même sommes extrêmement fiers de vous tous, familles incluses. Je tiens personnellement à vous remercier pour le travail que vous avez déjà fait et que vous continuerez de faire à l'avenir. Nous vous demandons seulement de considérer ce que vous faites pour cultiver votre résilience, votre « esprit combatif » , et de prendre les mesures nécessaires pour vous préparer à être là pour les Canadiens lorsque l'appel viendra. La Base de Bagotville sera aux côtés de sa communauté et des Canadiens dans ce combat. Ensemble, nous pouvons - et nous allons - surmonter tous les défis.
Prenez bien soin de vous – restez en forme, en sécurité, en bonne santé et prêt.
Demeurons forts et unis. Ça va bien aller !