Les Affaires Plus

Vers une redéfiniti­on de la retraite

Lorsque le chancelier allemand Otto von Bismarck a institutio­nnalisé la retraite au 19e siècle, l’espérance de vie était si courte que peu de gens en bénéficiai­ent réellement. Or, c’est tout le contraire aujourd’hui. L’espérance de vie ne cesse de s’allon

- PAR SIMON DIOTTE

Le concept de la retraite a bien changé depuis qu’elle a été instaurée par Bismarck, au XIXe siècle.

Pourquoi la société doit-elle revoir son modèle de retraite ?

Quand on a créé les caisses de retraite, les entreprise­s comptaient beaucoup de travailleu­rs pour un petit nombre de retraités, mais aujourd’hui, la proportion a basculé. La modernisat­ion et l’automatisa­tion ont fait chuter le nombre d’employés actifs dans les entreprise­s, tandis que l’allongemen­t de l’espérance de vie augmente le nombre de retraités. Il y a maintenant un déséquilib­re. Résultat : les fonds de retraite sont en crise, et malgré l’embellie boursière des derniers mois, le problème n’est pas encore résolu.

Cela dit, on constate déjà une redéfiniti­on de la retraite ?

Oui, ce processus est en marche. À l’époque de nos grandspare­nts, les phases de la vie étaient très définies. D’abord, il y avait l’école, puis le travail, et finalement l’âge d’or, s’ils mouraient assez vieux pour en profiter. Aujourd’hui, les étapes de la vie ne se suivent plus de manière successive, mais elles se superposen­t. L’apprentiss­age du travail n’est jamais terminé. Pendant sa carrière, on suit des formations. Plusieurs reprennent leurs études. Quand arrive la retraite, on reste actif, en travaillan­t à temps partiel ou en faisant du bénévolat, et surtout, on ne sacrifie plus l’instant présent pour jouir d’une retraite dorée plus tard, à partir de 65 ans. Les gens, surtout les jeunes, veulent profiter de la vie dès maintenant, chaque jour de leur existence.

Dans ce contexte, il doit être difficile de convaincre les jeunes d’épargner en vue de cet horizon lointain qu’est la retraite ?

Les jeunes sont conscients de l’importance de l’épargne, mais ils sont indiscipli­nés. Selon moi, il faudrait la réincarnat­ion d’un René Lévesque, le meilleur pédagogue que le Québec ait connu, pour conscienti­ser les jeunes génération­s sur l’importance de l’épargne-retraite. Il faut leur faire comprendre que dorénavant, étant donné que l’espérance de vie augmente, la qualité de leur retraite repose de plus en plus sur les individus eux-mêmes, et non sur la collectivi­té. Plus tôt ils s’en occupent, mieux ils seront préparés.

Comment inciter les jeunes à économiser pour leurs vieux jours ?

Lorsqu’on s’adresse aux jeunes travailleu­rs dans la vingtaine et la trentaine, il faut faire un plan de retraite en abordant leur situation actuelle. S’ils ont des revenus familiaux de 120 000 dollars par année et qu’il leur manque de l’argent pour réaliser leurs rêves actuelleme­nt, comme voyager, il faut établir un plan de match qui leur permettra d’exécuter leurs projets à court, moyen et long termes. Cet exercice leur apporte une prise de conscience et les motive à garnir leur bas de laine.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada