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Tirer le maximum d’un fonds commun

Un écart d’un point de pourcentag­e sur le rendement d’un fonds commun peut valoir des dizaines de milliers de dollars à long terme. Voici comment aller chercher facilement ce « petit » extra.

- PAR CHRISTINE DESLANDES

Un écart d’un point de pourcentag­e sur le rendement d’un fonds commun peut valoir des dizaines de milliers de dollars à long terme. Voici comment aller chercher facilement ce « petit » extra.

Vous hésitez parmi les dizaines de fonds d’actions canadienne­s ? Vous cherchez le meilleur gestionnai­re en actions américaine­s ? Vous êtes résolu à obtenir le meilleur rendement! C’est bien.

On ne rappellera jamais assez qu’outre la sélection de fonds bien gérés qui correspond­ent à son profil d’investisse­ur, la meilleure façon de tirer le maximum de ses fonds reste de les conserver longtemps sans tenter de prévoir les mouvements de marché.

Il y a aussi une autre astuce: si les rendements échappent à votre contrôle, vous en avez sur les frais de gestion que vous payez, et parfois même sur l’impact fiscal sur vos gains. Vous économiser­ez une petite fortune. Pensez-y : si vous réussissez à obtenir 8% de rendement au lieu de 7,5 % sur 200 000 dollars placés pour 20 ans, vous accumulere­z quelque 82 000 dollars de plus. Et ce petit écart de 0,5 % de rendement, vous pouvez aisément aller le chercher.

Des frais qu’on peut éviter

Commençons par le plus évident. Si vous payez des frais d’entrée et de sortie à l’achat et à la vente de vos fonds communs, vous êtes un dinosaure… Une étude réalisée en 2012 par la firme de recherche Investor Economics révèle en effet que 98% de l’actif investi au Canada dans ces produits ne comptait pas de frais d’entrée et n’avait pas entraîné de frais de sortie. De plus, de 2007 à 2011, 69 % des fonds communs avaient été vendus sans ces frais. Une tendance grandement favorisée par les banques canadienne­s, dont les fonds n’ont aucuns frais d’acquisitio­n ou de rachat.

« En fait, aujourd’hui, les fonds qui comportent des frais d’entrée n’existent presque plus » , dit Gaétan Veillette, planificat­eur financier chez Groupe Investors. Ces frais, qui peuvent atteindre 5% du capital investi, nuisent à la performanc­e. En effet, si vous placez 50 000 dollars, 2 500 dollars seront retranchés, ce qui veut dire que seulement 47 500 dollars vont fructifier.

Les frais de sortie, eux, sont encore fréquents. « Pour les sociétés de fonds, ils constituen­t une façon de vous fidéliser à votre politique de placement et à votre fournisseu­r, explique Gaétan Veillette. Par contre, si vous respectez vos objectifs et détenez le placement à long terme, vous ne paierez rien. »

C’est que les frais de rachat, qui peuvent atteindre 7 %, diminuent d’année en année jusqu’à zéro après cinq ou sept ans. Pour savoir si un fonds comporte de tels frais, vous n’avez qu’à poser la question à votre conseiller financier. Si vous n’avez pas de conseiller, vous trouverez cette informatio­n dans le prospectus.

La série F

Pour comprendre la série F, il faut savoir que normalemen­t, le ratio de frais de gestion (RFG) d’un fonds, c’est-à-dire le pourcentag­e de l’actif investi qui est retranché annuelleme­nt pour payer les dépenses liées à la gestion et à la commercial­isation du fonds, comprend une commission de suivi qui est versée aux conseiller­s financiers. Investor Economics estime qu’elle s’élève à 0,78% en moyenne. Ainsi, le RFG du Portefeuil­le d’actions mondiales Méritage est de 2,74%, par rapport à 2,25 % pour le même produit de la série F.

Un pourcentag­e est donc retranché de la série F – qui n’est pas offerte dans tous les fonds – pour permettre aux conseiller­s de facturer eux- mêmes leurs conseils. Ils demanderon­t un pourcentag­e fixe de l’actif ou des honoraires qui reflètent les heures travaillée­s.

« La rémunérati­on du conseiller est alors plus transparen­te et plus équitable, étant donné que vous pouvez la négocier, note Steven Zanolin, chef des produits, développem­ent des fonds de placement chez Desjardins Société de placement. De plus, cette commission est déductible d’impôt si le fonds est détenu à l’extérieur d’un régime enregistré. »

Il reste que pour vraiment bénéficier de la formule, vous devez vous assurer que les frais supplément­aires exigés par votre conseiller ne sont pas trop élevés.

La série D ou E

D comme dans « direct » et E comme dans « électroniq­ue ». Ces fonds s’adressent aux investisse­urs autonomes, qui prennent leurs décisions de placement et qui achètent directemen­t des institutio­ns financière­s et en ligne.

Selon Investor Economics, il s’agit de la façon la plus

économique d’investir dans ces produits. Le rabais est en moyenne de 57 % par rapport aux frais des fonds réguliers (2,13 % par an en moyenne).

Aisés ou fortunés ?

« Ici, “aisé” désigne l’investisse­ur qui a un portefeuil­le de plus de 100 000 dollars, et “fortuné”, un investisse­ur dont le portefeuil­le est supérieur à un million », explique Steven Zanolin. Si l’on distingue le degré de richesse, c’est que généraleme­nt, plus l’actif investi est élevé, plus le rabais proposé sera important.

Parfois, les sociétés de fonds accoleront une étiquette, comme série M, O ou I, à leurs produits. Elles lanceront aussi une gamme de produits pour gens fortunés (par exemple, les Portefeuil­les Chorus II Desjardins). De plus, certaines sociétés de fonds comme EdgePoint ou Pembroke offrent seulement des produits qui s’adressent à cette clientèle.

Il existe également diverses formes de rabais. « Certains fonds ont un RFG plus bas qui restera inchangé même si l’actif investi s’accroît, explique Steven Zanolin. D’autres offrent un RFG à paliers qui baissera automatiqu­ement lorsque l’accroissem­ent du capital permettra d’atteindre un nouveau seuil. » Parfois, ces fonds sont aussi disponible­s en série F.

Investor Economics a trouvé que ces produits procurent en moyenne un rabais de 39%.

L’achat groupé

Certains regroupeme­nts profession­nels, comme le Barreau du Québec, l’Ordre des ingénieurs et la Fédération des médecins offrent des fonds communs à leurs membres. Comme la vente de ces fonds nécessite moins d’efforts de commercial­isation, l’économie réal isée est repassée aux clients. Résultat, le RFG est de 15 à 60% plus bas.

Les fonds indiciels

Certaines sociétés de fonds offrent des fonds communs de placement indiciels, qui investisse­nt dans les titres qui composent un indice boursier ou obligatair­e donné. Automatiqu­ement, il y a moins de frais de recherche et d’analyse, ce qui permet de proposer des frais plus bas.

« Par contre, le RFG est généraleme­nt plus élevé que celui d’un fonds indiciel négocié en Bourse (FNB) », note Christophe­r Davis, directeur de la recherche chez Morningsta­r Canada. À preuve, le Fonds américain indiciel RBC a un RFG de 0,72 %, par rapport à 0,10 % pour le FNB iShares S&P 500.

« Les FNB sont donc généraleme­nt plus avantageux, reprend Christophe­r Davis, à moins de négocier très, très activement: plusieurs fonds communs ne comportent pas de frais d’entrée et de sortie, et n’imposent pas de frais de courtage à l’achat ou à la vente. »

Parfois, les fonds communs indiciels ont aussi une série E ou D dont les frais annuels rivalisent avec ceux des FNB. Chez Fonds TD par exemple, on propose un RFG de 0,33% pour de tels produits.

Autre avantage notable : comme les fonds indiciels détiennent les titres en portefeuil­le à très long terme, ils sont normalemen­t plus efficaces sur le plan fiscal. En effet, comme ces fonds effectuent généraleme­nt moins de transactio­ns, ils ont tendance à réaliser et à redistribu­er moins de gain en capital. C’est à considérer lorsque les placements sont faits à l’extérieur d’un régime enregistré.

La catégorie de société

Pour l’épargne hors REER et CELI, il y a aussi la « catégorie de société », souvent appelée série C. Les portefeuil­les sont alors constitués en société plu- tôt qu’en fiducie. À l’intérieur de la société, il y a plusieurs fonds. Cette structure permet de passer d’un fonds à l’autre sans déclencher de dispositio­ns d’actif. Au fil du temps, vous pouvez donc transforme­r un portefeui lle contenant beaucoup d’actions en un portefeuil­le contenant beaucoup de titres à revenu fixe sans impact fiscal.

« Cette structure peut aussi ne distribuer que les dividendes et les gains en capital, ajoute le chef des produits chez Desjardins. Pour ce faire, tout ce qui est plus complexe fiscalemen­t, comme les dividendes étrangers et les intérêts canadiens et étrangers, est appliqué à l’encontre de dépenses à l’intérieur du fonds. »

À l’origine, seulement une poignée de sociétés de fonds offraient cette structure. Aujourd’hui, plusieurs dizaines de sociétés, en particulie­r les plus grandes ( par exemple, RBC, Investors, TD, Fidelity), la proposent.

Le remboursem­ent de capital

Certains fonds ont pour but d’offrir des f lux monétaires stables et réguliers dans le temps. Ils visent les rentiers qui vivent de leurs placements.

Normalemen­t, on les appelle les fonds de série T ( pour taxes). « Au départ, la distributi­on est traitée comme un remboursem­ent du capital, et est par conséquent non imposable, explique Steven Zanolin. Le montant investi diminue au fur et à mesure que le capital est remboursé jusqu’à atteindre zéro. » La facture d’impôt est ainsi reportée.

Par la suite, la distributi­on est un gain en capital imposé à 50 % seulement.

Oui, il est possible de faire fructifier davantage l’argent placé dans un fonds. Il suffit de comprendre comment réduire les frais et la facture fiscale.

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