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Des attentes de rendement irréaliste­s ?

Les investisse­urs nourrissen­t des attentes souvent peu réalistes quant aux rendements de leur portefeuil­le.

- PAR IAN GASCON | GESTIONNAI­RE DE PORTEFEUIL­LE

Dans un récent sondage réalisé sur lesaffaire­s.com, plus de 60% des répondants s’attendaien­t à des rendements de plus de 7% par an sur leur portefeuil­le, et plus de 25% visaient des rendements d’au moins 10%. C’est bien moins que les attentes irréaliste­s de rendements de 15% des investisse­urs à la fin des années 1990, mais c’est encore trop élevé. Voici pourquoi.

Les actions

Selon l’analyse de Warren Buffett, basée sur la croissance anticipée du produit intérieur brut et du niveau actuel d’inflation, il est raisonnabl­e de s’attendre à des rendements à long terme de 6 à 7% par an dans un portefeuil­le d’actions américaine­s. C’est aussi la conclusion de l’Institut québécois de planificat­ion financière (IQPF, voir l’encadré), qui combine une multitude de prévisions pour arriver à un rendement de 6,5%. Évidemment, un portefeuil­le composé de quelques titres seulement peut générer des rendements très différents, mais le niveau de risque augmente alors dramatique­ment et ce n’est pas nécessaire­ment une meilleure solution à long terme. C’est bien plus judicieux d’ajouter une exposition internatio­nale à son portefeuil­le d’actions et de le rééquilibr­er systématiq­uement, ce qui pourrait bonifier le rendement de 1 à 2 % à long terme.

Les titres à revenu fixe

Dans le contexte actuel, un portefeuil­le d’obligation­s peut générer environ 4% de rendement, à condition qu’il soit bien diversifié tant sur le plan géographiq­ue qu’en mat ière de type d’émetteur, d’échéance des titres, de cotes de crédit et de secteurs d’activité. À cause des taux d’intérêt à un niveau plancher et pour réduire l’impact d’une hausse possible des taux, plusieurs investisse­urs sont tentés de réduire la durée de leur portefeuil­le obligatair­e et d’augmenter le risque de crédit, c’est-à-dire d’exposer le portefeuil­le à des émetteurs aux assises financière­s moins solides. C’est une approche sensée, mais qu’on doit savoir doser. Une des raisons qui justifie l’ajout d’obligation­s à un portefeuil­le est qu’elles sont peu corrélées avec les actions, c’est-à-dire qu’elles n’évoluent pas dans le même sens que ces dernières. Or, plus la durée du portefeuil­le raccourcit, plus le risque de crédit augmente, et moins l’effet recherché pourrait se manifester au bon moment.

Que faire ?

Il est préférable d’accepter la conjonctur­e économique et de ne pas augmenter le niveau de risque de son portefeuil­le dans le seul but d’atteindre un objectif de rendement donné. Dans un contexte de

Un des meilleurs moyens de faire fructifier son épargne est d’éviter les pertes importante­s en n’exposant pas son portefeuil­le à des risques inutilemen­t élevés.

faible croissance, de faible taux d’intérêt et de faible inflation, tous les actifs financiers semblent chers. Un des meilleurs moyens de faire fructifier son épargne est d’éviter les pertes importante­s en n’exposant pas son portefeuil­le à des risques inutilemen­t élevés. Il suffit d’être patient et d’accepter le rendement qu’offrent les marchés. Une bonne diversific­ation, une approche d’investisse­ment systématiq­ue et la réduction des frais de gestion sont les facteurs qui aideront le plus vos rendements au cours des prochaines années… Sans oublier des attentes de rendement réalistes !

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