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GÉRER L L’ARGENT DE SES PARENTS Pas un jeu d’enfant

S’occuper de ses parents vieillissa­nts n’est pas une mince tâche. Lorsqu’on administre en plus leur patrimoine, la situation peut vite devenir délicate.

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Imaginez que votre mère de 84 ans, qui vit seule, ne souhaite plus gérer ses placements, ni payer ses factures. Si elle a toute sa raison, elle pourrait se décharger de ces obligation­s en vous signant une procuratio­n. Ce document vous donnera carrément le droit d’agir en son nom. Vous aurez alors la responsabi­lité d’administre­r ses biens et son argent.

Sachez qu’une procuratio­n générale vous octroie beaucoup de pouvoirs. Comme me l’a répété plusieurs fois la notaire Danielle Beausoleil, on se fait signer un chèque en blanc. On pourrait donc piger dans les comptes de ses parents, effectuer des transactio­ns bancaires, vendre le chalet, etc.

Pour éviter les conflits familiaux et les abus de pouvoir, il vaut mieux circonscri­re l’autorité du mandataire dans la procuratio­n. Votre mère pourrait préciser que son fils (ou sa fille) peut payer les factures, mais qu’il ne peut pas décaisser des sommes du FERR, par exemple. On peut également fixer un montant de retrait maximum. Il est de plus recommandé que le mandataire rende compte de sa gestion au parent (le mandant).

Dans le cas d’une maladie dégénérati­ve, d’un accident vasculaire cérébral ou de la perte des facultés cognitives de votre parent, il faudra vérifier si ce dernier avait signé préalablem­ent un mandat en cas d’inaptitude. Sinon, les choses vont se compliquer, puisque la procuratio­n ne sera plus valide.

Un conseil de famille devra alors choisir un mandataire. S’il y a de la chicane ou des abus, le Curateur public pourrait s’en mêler. Il vaut mieux se préparer en conséquenc­e, et discuter avec ses parents pendant qu’ils sont encore en forme.

Dans le contexte d’une famille nombreuse ou recomposée, c’est également plus délicat. On recommande souvent de nommer deux mandataire­s : le conjoint actuel et un enfant d’une union anté- rieure, par exemple. La transparen­ce est toujours la meilleure solution dans ce genre de situation.

Même en présence d’un mandat en cas d’inaptitude, le mandataire ne pourra s’occuper des biens et des avoirs de son parent avant plusieurs mois. L’incapacité devra d’abord être constatée par un tribunal. Il y aura aussi une évaluation médicale et psychosoci­ale pour confirmer le tout.

Ce processus peut durer de trois à six mois durant lesquels les comptes de votre mère ou de votre père seront bloqués. Pendant cette période où le mandat doit être homologué, il est suggéré que le parent accorde à son mandataire un pouvoir de simple administra­tion, afin que ce dernier puisse au moins payer les factures les plus pressantes. On devra le préciser précédemme­nt dans le mandat.

La simple administra­tion signifie qu’on investit les économies de son parent dans des placements présumés sûrs. On ne souhaite pas que le capital soit dilapidé au fil des ans. Inversemen­t, une pleine admi- nistration « donnera tous les pouvoirs au mandataire, sauf celui de donner de l’argent », souligne Me Beausoleil. Cela veut dire qu’on fera fructifier les biens du mandant en plus d’avoir la capacité de vendre des biens ou une résidence et même d’hypothéque­r une propriété du mandant.

Cette chronique se penche plus particuliè­rement sur la protection des biens du parent, mais n’oublions pas que la protection de la personne fait également partie du mandat en cas d’inaptitude. Dans certaines circonstan­ces, l’enfant assumera seul ces deux responsabi­lités. Parfois, on désignera une personne pour gérer les avoirs du mandant et une autre pour s’occuper de ses conditions de vie, comme le lieu d’hébergemen­t et le consenteme­nt aux soins.

Veiller au bien-être de nos parents et agir dans leur meilleur intérêt sera beaucoup plus simple si leurs volontés ont été exprimées clairement dans un mandat ou une procuratio­n. Parlons-en avec eux.

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