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Vendre son entreprise sans nuire à sa retraite

La vente d’une société comporte plusieurs aspects, dont la fiscalité. Il faut y voir, sans quoi vos rêves de retraite pourraient partir avec votre entreprise…

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Près de 98 000 entreprene­urs québécois souhaitent prendre leur retraite d’ici 2020 et transférer leur entreprise à la relève. Pourtant, 60 000 personnes à peine seraient prêtes à reprendre le flambeau, selon une étude menée en 2010 par la Fondation de l’entreprene­urship.

Les entreprene­urs en quête de relève font face à tout un défi. Mais ce n’est pas le seul. Ils devront planifier adéquateme­nt le transfert de la propriété et de la direction, un aspect souvent négligé par les propriétai­res de PME. À défaut d’une telle planificat­ion, nombre d’entre eux risquent de ne pas avoir la retraite dorée dont ils rêvaient.

En effet, la passation de l’actionnari­at peut coûter très cher en impôt à l’entreprene­ur qui vend, ce qui aura pour effet de faire fondre son capital de retraite.

Pour simplifier, disons qu’à la passation de l’actionnari­at de son entreprise, le fardeau fiscal de son propriétai­re sera de 39%, de 25% ou de 0%. Et que pour profiter du taux de 0% sur la totalité ou sur une partie du produit de la vente, il devra organiser minutieuse­ment cette transactio­n.

Le fisc permet à un entreprene­ur de profiter d’une exemption fiscale allant jusqu’à 816 300 dollars (en 2015) lors de la réalisatio­n d’un gain en capital découlant de la vente des actions de son entreprise. Pour y avoir droit, cependant, plusieurs conditions doivent être remplies au moment de la vente et pendant les 24 mois qui précèdent la transactio­n.

Lorsque la valeur de l’entreprise excède ce seuil d’exemption, il est possible de mettre en place des stratégies fiscales plus sophistiqu­ées – notamment la création d’une fiducie – qui permettent de répartir cette exemption fiscale entre les membres de la famille de l’entreprene­ur, ce qui rend ainsi la totalité de la vente exempte d’impôt.

Cette exemption n’est pas automatiqu­e! Un transfert d’entreprise mal planifié peut coûter à son propriétai­re une facture fiscale de 25% du produit de la vente des actions de son entreprise.

Et cela peut être pire. Si l’acheteur souhaite plutôt acheter l’actif de la société (disons, ce qu’il y a dans l’entreprise) et non pas les actions de la société opérante (l’entreprise elle-même), il sera impossible pour l’entreprene­ur cédant de profiter de cette exemption de gain en capital, et la transactio­n risque plutôt d’entraîner une hausse de son taux d’imposition qui pourrait atteindre jusqu’à 39%.

Et ne pensez pas que la passation se fera plus facilement si la relève est un membre de votre famille. Le fisc ne tolère pas de cadeaux. Si vos enfants souhaitent suivre vos traces, vous ne pourrez pas profiter de l’exemption de gain en capital ( sauf pour des entreprise­s du secteur agricole ou de la pêche).

Outre les bénéfices fiscaux, la planificat­ion de cet événement est cruciale, puisqu’elle assure la pérennité de l’entreprise et maintient des emplois.

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