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Comment éviter que l’hypothèque ne devienne une bombe à retardemen­t?

- Île de Montréal

epuis l’an 2000, les prix de l’immobilier résidentie­l ont plus que doublé dans la grande région de Montréal. Résultat : les jeunes qui veulent accéder à la propriété doivent s’endetter de plus en plus pour réaliser leur rêve. Une première hypothèque à vie qui grimpe jusqu’à 300 000 dollars, c’est de plus en plus fréquent, et cela représente un lourd fardeau à assumer lorsqu’on est encore dans la vingtaine et qu’on projette de fonder une famille. Comment faire pour éviter de perdre le contrôle?

Martine Marleau, conseillèr­e budgétaire à l’ACEF de l’Est de Montréal, constate que si de nombreux ménages sont capables d’accéder à la propriété, ils sont incapables de la conserver. « Ce n’est pas vrai qu’on peut devenir propriétai­re pour le prix d’un loyer à Montréal. Le coût d’une maison ne se limite pas au remboursem­ent de l’hypothèque. Ça coûte bien davantage », indique-t-elle. Taxes foncières, frais de copropriét­é, assurance et frais d’entretien, la facture monte rapidement. D’où l’importance de bien cerner l’ensemble des dépenses qu’implique l’achat d’une propriété.

Dans le processus d’achat, méfiez-vous des institutio­ns financière­s qui vous offrent des prêts hypothécai­res qui dépassent l’entendemen­t. « Une jeune famille à revenus moyens qui peut emprunter 600 000 dollars, est- ce vraiment réaliste ? Les banques se basent sur des ratios, plutôt que sur la véritable capacité de payer des acheteurs. Les banques ne font pas votre budget », prévient Joanne Arnould, conseillèr­e budgétaire de l’ACEF du Nord de Montréal.

Pierre-Alexandre Legault et sa conjointe, Anne-Marie Béliveau, ont subi tout un choc lorsqu’ils ont découvert leur pouvoir d’achat. « C’était complèteme­nt irréaliste ! Si on utilisait notre capacité d’emprunt au maximum, notre maison serait devenue une cage dorée », affirme Pierre-Alexandre Legault. Ce couple dans la trentaine, maintenant propriétai­re d’un cottage près de Mont-Tremblant, a décidé de limiter son endettemen­t, quitte à vivre dans une maison plus modeste. « On ne voulait pas renoncer à nos voyages et aux petits plaisirs de la vie », explique Anne-Marie Béliveau.

Une solution sensée, car beaucoup de ménages deviennent adeptes de la pensée magique. Pour dégager une marge de manoeuvre, ils promettent par exemple de cesser de fumer. « Qu’allez-vous faire si vous n’y arrivez pas ? », demande Martine Marleau. Impossible également d’arrêter complèteme­nt d’aller au resto si vous êtes un habitué. Autre aspect dont il faut tenir compte : si vous voulez des enfants, n’oubliez pas que les congés parentaux entraînent une baisse de revenus.

Les marges de crédit hypothécai­re sont à la mode. Les institutio­ns financière­s les vendent comme un outil qui permet de vous offrir un coussin en cas de pépins financiers. « Mais avez-vous vraiment la discipline nécessaire pour en avoir une et la rembourser? » demande Michel Sauvé, courtier hypothécai­re chez Hypothéca et comptable agréé. Plutôt que de compter sur la marge de crédit, pourquoi ne pas faire comme vos parents : épargner pour parer aux imprévus, suggère Joanne Arnould. Rien de mieux pour éviter la spirale de l’endettemen­t.

n 2009, Steve Forget habite un petit condo dépourvu de balcon extérieur dans le quartier montréalai­s de Ville-Marie. Pas vraiment le logement de ses rêves. « J’avais envie de plus d’espace, d’un balcon pour mettre un barbecue, d’un garage, d’une petite cour… », confie-t-il. Il trouvera la même année son appartemen­t idéal… en achetant un quadruplex situé dans le même quartier. À l’époque, il a à peine 30 ans.

Sans s’en douter, l’auteur du blogue jeuneinves­tisseurimm­obilier.com venait de franchir le premier pas vers une série d’acquisitio­ns qui ont fait de lui un véritable investisse­ur immobilier. Payé 432 000 dollars en 2009, son immeuble est évalué à 550 000 dollars deux ans plus tard. Cela lui a permis d’emprunter les 80 000 dollars nécessaire­s à la mise de fonds pour mettre la main sur un second quintuplex, à Joliette. « Je cherchais un immeuble à Joliette dans le- quel ma mère pourrait habiter. Je suis tombé sur une bonne affaire. J’ai acheté l’immeuble 385 000 dollars, avec de beaux logements et de bons locataires », raconte-t-il.

Depuis, Steve Forget a acquis deux autres propriétés, un immeuble d’habitation de six logements à Joliette et un quadruplex à Montréal, toujours dans VilleMarie. Deux immeubles achetés avec un associé, payés 355 000 et 410 000 dollars, respective­ment. Toutes les mises de fonds ont été financées en utilisant l’effet de levier du premier immeuble, ainsi qu’un peu d’argent prêté par des proches. « Il n’est pas question pour moi de revendre pour tenter de faire un profit rapide, dit-il. Ce sont des immeubles que je rénove et que je veux garder longtemps, pour en tirer des revenus. »

Patience et longueur de temps…

Garder ses immeubles à long terme est une stratégie gagnante, croit Nikolaï Ray,

– Steve Forget,

investisse­ur immobilier

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