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UTILISER LE REER POUR ÉTUDIER

Retourner aux études. Pour certains, c’est un rêve. Pour d’autres, une nécessité. Quand on a des enfants et une maison à payer, la décision mérite réflexion. Le Régime d’encouragem­ent à l’éducation permanente (REEP) est une option de financemen­t. Mais ce

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Àla suite d’une perte d’emploi, retourner sur les bancs d’école peut servir de tremplin à une nouvelle carrière. Ça a été le cas d’Alexandra Grimanis, étudiante à la maîtrise en traduction. Après son baccalauré­at en cinéma, elle a travaillé pendant 16 ans pour un organisme sans but lucratif dans le domaine. Son salaire oscillait autour de 30 000 dollars par année.

« Grâce à ce retour aux études, j’espère améliorer mes conditions salariales et ma qualité de vie », précise la mère de deux enfants. Alexandra étudie à temps plein le soir, tout en bénéfician­t de prestation­s de l’assurance-emploi.

« L’an prochain, cela risque d’être plus difficile. Je n’aurai plus droit à mes prestation­s d’assurancee­mploi. Je pense faire une demande de prêts et bourses, mais ce montant ne sera pas suffisant pour vivre. » Son conjoint, qui travaille aussi en cinéma, n’a jamais connu la stabilité d’emploi. Il a tout de même réussi au fil des ans à se constituer un bas de laine pour la retraite en cotisant à son Régime enregistré d’épargne-retraite (REER).

L’étudiante pourrait donc profiter du REEP pendant la deuxième année de sa formation universita­ire grâce au REER de son conjoint. Mais comme bon nombre de

Plusieurs retraités rêvent d’étudier par simple plaisir. Que ce soit en histoire de l’art, en philosophi­e ou tout autre programme d’études supérieure­s, le REEP peut leur permettre de retourner sur les bancs d’école.

« Voilà une belle façon de financer des études en reportant de l’impôt sur des sommes d’argent dont je vais profiter maintenant », affirme le planificat­eur financier et fiscaliste, Martin Dupras. Prenons l’exemple de Louise, 63 ans, inscrite à temps plein dans un programme de littératur­e. Plutôt que de décaisser des sommes imposables de son REER, la retraitée pourrait assumer ses frais d’admission et de scolarité de 7 000 dollars en effectuant un retrait de son REER dans le cadre du REEP.

Il est important de noter que cette stratégie ne prévoit pas de remboursem­ent des emprunts au REER. Lorsque le premier remboursem­ent REEP sera exigible, soit 1/10 du montant total retiré, on ajoutera simplement ce montant aux revenus de Louise. Cette dernière inclura chaque année ces 700 dollars à ses revenus, jusqu’au remboursem­ent complet de son solde REEP. Elle devra seulement débourser l’impôt sur ce revenu, s’il y a lieu.

« En mode de décaisseme­nt, c’est une stratégie intéressan­te, puisque je vais reporter le remboursem­ent de quelques années et répartir l’impôt sur 10 ans », remarque le planificat­eur financier indépendan­t. L’ARC précise sur son site Internet que « la participat­ion au REEP doit se faire avant la fin de l’année où l’étudiant atteint l’âge de 71 ans ».

CELI ou REER ?

Il est toujours souhaitabl­e de planifier soigneusem­ent son retour aux études, particuliè­rement quand on songe à puiser dans ses épargnes pour ce faire. Doit-on alors maximiser ses cotisation­s au REER ou au CELI ?

« Si je compte dépenser 20 000 dollars dans trois ans pour des études à temps plein, je peux décider d’épargner ce montant après impôt et de le placer dans un CELI. Mais en cotisant 20 000 dollars à mon REER avant impôt, cela me coûtera possibleme­nt 40% moins cher et je pourrai ensuite participer au REEP », remarque Martin Dupras, planificat­eur financier et fiscaliste. « Le coût d’accumulati­on de l’épargne pour les études sera bien inférieur avec un REER qu’avec un CELI », ajoute François Morency.

« Si l’étudiant n’est pas admissible au REEP, parce qu’il n’est pas inscrit à temps plein par exemple, le CELI demeure un outil intéressan­t puisqu’il est très flexible », note Martin Dupras. Contrairem­ent au REER, les droits de cotisation au CELI ne sont jamais perdus, même après un retrait. En revanche, lorsqu’on défiscalis­e un REER, on ne peut jamais récupérer ces cotisation­s. Le REEP permet donc de contourner ce problème, puisqu’on doit rembourser les retraits du REER sans nuire à nos contributi­ons futures.

« Bien des particulie­rs ont sur leur avis de cotisation du fédéral des droits inutilisés de l’ordre de 70 000 dollars, parfois plus. Même s’ils défiscalis­ent leur REER, ils ne pourront souvent jamais récupérer ces droits. Il serait donc plus intéressan­t pour ceux qui souhaitent effectuer un retour aux études de retirer des sommes de leur REER plutôt que de leur CELI ou par l’intermédia­ire d’un REEP », précise Gaétan Veillette. On suppose alors que les revenus de l’étudiant à temps plein sont faibles.

« Il n’y a pas de règle d’or. Je dois me demander si je risque après mes études d’être à court de marge REER, celle-ci n’étant pas infinie », nuance Martin Dupras. Tous ceux qui cotisent à un régime complément­aire de retraite auront généraleme­nt un maximum déductible au titre des REER moins élevé. Le facteur d’équivalenc­e établi par l’employeur réduira le montant que le travailleu­r pourra cotiser à son REER. « Dans une telle situation, il pourrait être plus avantageux de financer un retour aux études en ayant recours au REEP, puisque je ne perdrai pas mes cotisation­s », ajoute Martin Dupras.

Rendement de l’investisse­ment

Avant de retirer des sommes importante­s de son REER, le travailleu­r doit calculer si le jeu en vaut la chandelle. La perte de l’avantage de la capitalisa­tion des intérêts et des revenus, pourrait avoir une incidence négative sur son fonds de retraite.

« Il faut mesurer la pertinence du retour aux études, comme on calcule le rendement de l’investisse­ment », croit Martin Dupras. Si les études permettent d’augmenter le salaire annuel de 10 000 dollars par année pendant 25 ans, cela risque d’être payant. Si le gain salarial à 55 ans n’est que de 3 000 dollars, la réponse pourrait être différente.

« Il faut envisager toutes les possibilit­és. Après avoir puisé dans un REER ou opter pour un REEP, on pourrait piger l’excédent à financer dans un CELI. On aura peut-être droit à une bourse ou à un prêt étudiant, ou on empruntera à son conjoint ou à sa famille », dit François Morency. Certains travailleu­rs ont droit à un congé sabbatique financé par l’employé ou à du soutien aux études de la part de l’employeur, sans oublier l’assurance-emploi dans le cas d’une mise à pied.

lutôt que de rouspéter contre le froid et l’absence de neige pendant la période des fêtes, Noémie Marsolais et Karl RettinoPar­azelli ont décidé de digérer leur surconsomm­ation de tourtières en visitant des copropriét­és. Direction Rive-Sud de Montréal pour trouver une propriété à la fois près de la future clinique de Noémie, une étudiante en podiatrie de 25 ans qui commencera sa carrière dans quelques semaines, et à distance de marche d’une gare de trains de banlieue, afin que Karl, 25 ans, journalist­e au Devoir, puisse se rendre au travail sans prendre la voiture. Quelques visites ont suffi à ce couple de la Rive-Sud pour tomber sur la perle rare: un spacieux appartemen­t de 1 650 pi2, à Saint-Basile-le- Grand, où il sera possible de fonder une famille. Affaire conclue le 2 janvier, au-dessous du prix demandé.

« Ce condo construit en 2009 répondait exactement à nos attentes en termes de décoration et d’espace, alors que les maisons du secteur nécessitai­ent des rénovation­s », explique Noémie Marsolais. Bien qu’ils s’endettent de plus de 200 000 dollars, une somme astronomiq­ue lorsqu’on est encore dans la vingtaine, pour les deux tourtereau­x, il n’existait aucune raison valable de retarder leur achat. « On voulait être proprios plutôt que de jeter notre argent par les fenêtres en restant à loyer », dit Noémie Marsolais, étudiante à l’Université du Québec à Trois-Rivières.

Rêveurs, optimistes, Noémie et Karl ? Dans un marché qui stagne ou même périclite par endroits, avec des prix qui demeurent élevés, devenir propriétai­re en 2015 ressemble à une profession de foi. Et pourtant, ceux qui accèdent à la propriété ne perdent pas espoir. Bien au contraire, pour les gens comme Karl et Noémie, l’acquisitio­n d’une propriété reste un rêve que même des perspectiv­es économique­s peu reluisante­s ne pourraient briser.

Plusieurs embûches se dressent cependant sur le chemin des premiers acheteurs. En premier lieu, le prix des propriétés continue de voltiger dans les hautes sphères, ayant plus que doublé depuis l’an 2000. Désormais, le prix médian d’une maison est de 282 500 dollars (pour l’année 2014) dans la région métropolit­aine de Montréal, ce qui représente, à raison d’une mise de fonds de 5 %, des versements mensuels de 1 336 dollars par mois (taux de 3%, amortissem­ent de 25 ans). Un lourd fardeau financier lorsqu’on commence une carrière, qu’on termine des études avec des dettes et qu’on veut fonder une famille.

En deuxième lieu, Ottawa ayant serré la vis progressiv­ement depuis 2008 afin de calmer le marché immobilier, les acheteurs ne peuvent plus étaler leurs paiements sur une période d’amortissem­ent qui dépasse les 25 ans. Le bannisseme­nt de l’amortissem­ent sur 30 ans surtout, survenu en 2012, a beaucoup nui à ceux qui accèdent à la propriété. « Les jeunes se serrent de plus en plus la ceinture pour devenir propriétai­res, ce qui les rend plus vulnérable­s à des chocs », constate Sylvain B. Tremblay, planificat­eur financier chez Optimum Gestion de placements.

du marché, à la Fédération des chambres immobilièr­es du Québec (FCIQ). Début février, le taux fixe 5 ans atteignait 2,74 %. Du jamais vu. « La chute du prix du pétrole brouille maintenant les cartes », constate Robert Hogue.

Un marché à l’avantage des acheteurs, des taux intérêts des plus bas, une abondance de l’offre, voilà de quoi réjouir nos accédants à la propriété. Et côté prix, pas d’escalade en vue. La FCIQ prévoit en 2015 une hausse timide de 1% dans l’unifamilia­le pour l’ensemble du Québec et une stagnation des prix dans le marché de la copropriét­é dans les régions de Montréal et de Québec. Quant à la SCHL, elle prévoit une augmentati­on des prix dans l’immobilier de 1,9% en 2015 et en 2016 pour l’ensemble du Québec.

Dominique David, une trentenair­e de Montréal, a acquis en 2014 une vaste copropriét­é rénovée et lumineuse dans Villeray, à Montréal, après deux ans de magasinage. Elle a encore du mal à croire qu’elle a pu trouver un logement aussi convenable, à un prix si raisonnabl­e. « Je crois que j’ai bien négocié mon affaire », se réjouit-elle. Mais son appartemen­t de rêve était une copropriét­é indivise, un mode d’habitation qui n’est pas couvert par les assurances prêts hypothécai­res. Il fallait donc apporter 25 % de mise de fonds. « Sans l’aide financière de ma mère, je n’aurai pas pu acquérir une propriété aussi intéressan­te », avoue cette employée de la CSST.

Une exception, Dominique David ? Non. La contributi­on des parents à la mise de fonds change la donne dans le marché des premiers acheteurs. « Il y a 10 ans, c’était un phénomène marginal. Aujourd’hui, on le voit tous les jours », constate Denis Doucet, responsabl­e des relations publiques chez Multi-Prêts Hypothèque­s. Les parents en moyens ne veulent pas attendre leur décès pour donner un coup de pouce financier à leurs enfants. « Cela engendre un nouveau phénomène : des jeunes quittent papa et maman pour emménager directemen­t dans un condo, sans jamais avoir été locataires », raconte avec étonnement le courtier Claude Charron, très actif dans la couronne nord. Les acquéreurs du début du siècle ont vu la valeur de leur propriété croître à un rythme jamais vu dans l’histoire. Par contre, peu d’espoir que les nouveaux propriétai­res profitent de rendements aussi mirobolant­s. Des hausses de valeur de 10% par an, c’est chose du passé. « La faible croissance de la population dans les années à venir freinera la vigueur du marché », prévient David L’Heureux, analyste principal de marché à la SCHL.

Résultat: il devient de plus en plus risqué d’acheter pour du court terme (de deux à cinq ans). « On prévient nos clients: les chances de revendre à profit après quelques années sont actuelleme­nt bien minces », affirme Francis Lavoie, courtier immobilier sur la Rive-Sud. Mais ce vent de pessimisme n’alarme en rien Noémie, Karl et Dominique. Tous disent qu’ils n’accèdent pas à la propriété pour faire un coup d’argent. « Tant mieux si ça se produit », dit Dominique David.

À long terme, à cause du vieillisse­ment de la population, les propriétai­res en devenir ne doivent pas écarter la possibilit­é que leur investisse­ment perde de la valeur, soutient Daniel Gill, professeur d’urbanisme à l’Université de Montréal. « On risque de connaître des surplus, notamment dans la maison unifamilia­le », affirme ce spécialist­e de l’habitation. Cette éventualit­é, tient-il à ajouter du même souffle, ne devrait pas décourager les jeunes de devenir propriétai­res. « Il y a toujours eu un coût à assumer pour se loger, et l’immobilier demeure la meilleure façon de se constituer un patrimoine », affirme Daniel Gill.

Ville ou banlieue, où placer ses pions pour mieux protéger la valeur de son investisse­ment ? Bien que ce débat fasse rage chez les gérants d’estrade, les statistiqu­es ne montrent pas de corrélatio­n entre le lieu géographiq­ue dans le Grand Montréal et une meilleure

– Sylvain B. Tremblay, planificat­eur financier chez Optimum Gestion de placements

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