INVESTIR PRUDEMMENT ET DÉCAISSER JUDICIEUSEMENT
Combien faut-il d’économies pour aller vivre en résidence? Voici le scénario de Jeannine
Le conseiller en sécurité financière Daniel Guillemette suggère de conjuguer une stratégie d’investissement qui comporte peu de risques à une stratégie de décaissement optimisée sur le plan fiscal, afin d’assurer votre indépendance financière. La personne fortunée qui vit bien paisiblement de ses économies en cultivant son jardin à la campagne, par exemple, doit accorder une attention accrue au décaissement de son actif pour en assurer la pérennité. « Des fonds communs de placement de catégorie T peuvent s’avérer utiles à cet effet », souligne à son tour Angela Iermieri.
Les fonds communs de placement de catégorie T permettent à leur détenteur d’encaisser un revenu mensuel du portefeuille – de 4,5 à 6% de celui-ci annuellement, par exemple – qui comprend notamment un remboursement du capital. Ce remboursement est le type de revenu le plus avantageux sur le plan fiscal puisqu’il n’est pas imposable immédiatement et permet donc de reporter l’impôt à payer sur les intérêts, dividendes ou gains en capital générés à un moment où le revenu total est moins élevé. Résultat ? Plus d’argent dans vos poches chaque mois, et votre capital durera plus longtemps!
dollars. Votre situation financière enviable vous donnera droit à des avantages particuliers, comme l’obtention d’une carte de crédit prestigieuse ou l’accès à un plafond de retrait quotidien généreux de 5 000 dollars au guichet.
Rien de gratuit !
Selon Daniel Guillemette, qui travaille à titre de conseiller en sécurité financière depuis 1984, ces offres multiproduits ou multiservices visent avant tout à fidéliser les clients. La gestion de patrimoine peut sembler alléchante et être le gage d’une certaine simplicité, encore faut-il bien examiner sa situation.
Tout comme vous magasinez vos électroménagers les plus récents, vous devez décortiquer l’offre de services financiers. « Qu’obtenez-vous en échange des frais exigés ? » , demande Amélie Laferrière. « Assurez-vous que l’offre de service proposée est bien détaillée », renchérit Paule Rouleau. Aurez-vous le loisir de rencontrer votre conseiller deux fois par an et obtiendrez- vous trois suivis téléphoniques durant cette même période ? Quel aspect de votre planification financière visera-t-on en priorité ? Quelle est l’échéance retenue pour la révision d’un volet particulier de votre plan financier ? Et bien évidemment, la question du tarif doit être abordée.
De nombreux conseillers en placement travaillent désormais sur honoraires. « Dans ce cas, des frais exprimés en pourcentage de l’actif sous gestion vous seront facturés annuellement », explique Paule Rouleau. Vous pourriez par exemple avoir à débourser entre 0,80% et 1,25% de cette valeur par an pour rémunérer l’expertise, le rôleconseil et la prestation de votre représentant. Chaque firme, chaque banque possède sa propre grille de barèmes. Le conseiller négocie avec son client en fonction de son actif et de ses besoins.
Daniel Guillemette voit les choses différemment. « Si vous prenez le temps de faire le tour du marché pour obtenir le taux hypothécaire le plus avantageux, si vous négociez les frais de gestion de vos fonds en tenant compte des services que vous souhaitez recevoir en échange, si vous vous efforcez de sélectionner les meilleurs taux d’assurance vie disponibles, vous pourriez fort bien obtenir de meilleures conditions globales que si vous concentrez l’ensemble de votre actif au même endroit, malgré les rabais consentis », estime-t-il.
Pour Amélie Laferrière, l’important, c’est plutôt de ne pas s’arrêter exclusivement aux frais à débourser. « Le fait d’avoir une vision d’ensemble de votre situation financière peut s’avérer avantageux malgré les frais professionnels à assumer », conclut-elle.
qui est le leur depuis toujours. D’autres se rapprocheront de leurs enfants.
Il faut ensuite effectuer une bonne évaluation de ses moyens financiers et de ses besoins en matière de services et de soins, souligne Marco Guerrera, responsable du programme Qualité Logi-être de la FADOQ, qui présente un répertoire de résidences privées par région. Veut-on continuer à cuisiner tous les jours, quelques jours par semaine, ou plus du tout ? Ira-t-on se faire coiffer au même endroit qu’avant, ou préfère-t-on qu’il y ait un salon sur place? Que recherche-t-on sur le plan des activités et des loisirs? Autant de questions auxquelles il faut répondre pour mieux orienter ses recherches.
À chaque région son marché
Comme pour tout appartement, le prix d’une unité varie beaucoup d’une région à l’autre et dépend d’un vaste ensemble de facteurs tels que la taille et le type du logement – chambre individuelle, semiprivée, studio, une chambre, deux chambres, etc. –, le quartier dans lequel elle se trouve et la gamme de services offerts.
Comme l’explique Marie- Claude Giguère, courtière immobilière agréée spécialisée en relogement pour aînés et auteure du guide Déménager ou non? destiné aux personnes âgées et à leurs enfants, la plupart des résidences peuvent être catégorisées en quelques groupes.
Il y a d’abord les résidences pour personnes entièrement autonomes, qui n’offrent presque pas de services, mis à part un concierge ou un comité de résidents. Cette formule abordable existe encore à partir d’environ 1 000 dollars par mois dans diverses régions du Québec, dont Montréal.
Viennent ensuite les résidences « hybrides » destinées à une clientèle autonome et semi-autonome, qui offrent les repas, et en option, environ 1,5 heure de soins par jour, ce qui comprend habituellement l’assistance au bain, l’habillement, la prise des médicaments et le ménage. Typiquement, on y retrouve une aile ou un étage destiné aux personnes qui ont besoin de davantage de services. Si une personne perd son autonomie, elle pourra ainsi obtenir plus de soins sans changer d’environnement. Dans ces résidences, la facture peut osciller entre 2 500 dollars et 3 500 dollars. D’autres installations offrent encore plus de flexibilité à leur clientèle, allant de l’autonomie complète à près de trois heures de soins par jour.
Enfin, les établissements de soins complets, qui offrent 2,5 heures de soins par jour ou plus, peuvent coûter 3 800 dollars ou plus. À 2,5 heures de soins, on compte généralement l’aide pour le lever et la mobilité, en plus des autres services. Audelà de ce barème, l’aide pour la mobilité réduite, l’encadrement pour la perte cognitive et un soutien plus soutenu pour les activités de la vie quotidienne comme le bain ou l’alimentation peuvent être compris dans l’éventail de soins.
Visiter pour comparer
Une fois les besoins et la capacité de payer cernés, on peut commencer à visiter des résidences. Cela peut sembler intimidant, mais la seule façon d’être sûr d’en avoir pour son argent, c’est d’en appeler plusieurs, de visiter celles qui ont des places disponibles et de comparer les prix et les installations. Des courtiers immobiliers certifiés spécialisés en résidences pour aînés ou des conseillers en résidences (un titre qui lui, n’est pas réglementé) peuvent contribuer à simplifier cette tâche.
« Travailler avec une agence, c’est gratuit, et ça facilite la sélection de la bonne résidence. Ça permet de compter sur quelqu’un qui peut estimer les moyens financiers, qui renseigne sur les crédits d’impôt offerts, et qui sait à quoi s’attendre d’un [foyer] à l’autre », affirme la directrice générale du service de conseillers en résidence Visavie, Sylvie Dagenais.
La personne qui recherche une résidence ne devrait pas les visiter seule. Comme pour toute décision importante, il est préférable d’être accompagné d’un proche ou d’un ami, ce qui permettra d’échanger et de comparer ses impressions par la suite.
Le choix du bon foyer pour aînés va bien au-delà des apparences et des caractéristiques de l’unité, souligne la courtière Marie-Claude Giguère, qui a visité plus de 400 résidences privées dans le cadre de son travail. « Il faut voir comment le personnel parle aux résidents, comment ceux-ci se parlent entre eux, leur apparence. Être attentif aux odeurs, à la propreté. Ces éléments en disent beaucoup sur l’entreprise. »
Il est également recommandé de prendre un repas sur place, car l’alimentation est l’un des aspects les plus importants dans le choix d’une maison de retraite. Si une résidence refuse de vous accueillir pour un repas, méfiez-vous. « Manger sur place permet de voir si ça nous plaît, si la nourriture est équilibrée. On peut demander aux résidents ce qu’ils pensent des repas, si le menu varie régulièrement, et ce qu’ils pensent de la résidence en général. Ça permet de saisir l’atmosphère de l’endroit » , dit Marco Guerrera, de la FADOQ. On observe aussi le niveau cognitif de la clientèle. Une personne en pleine possession de ses moyens pourrait être mal à l’aise à l’idée de vivre dans un milieu où une bonne partie des résidents souffre de maladies comme l’Alzheimer.
Surtout, n’arrêtez pas vos recherches à la première résidence et ne signez pas immédiatement de bail, note le présidentdirecteur général du Regroupement québécois des résidences pour aînés (RQRA), Yves Desjardins. Visitez quatre ou cinq maisons de retraite. Bon nombre de foyers offrent même la possibilité d’effectuer un
Combien économiser pour ses vieux jours ? La question hante bon nombre de travailleurs. Elle préoccupe encore davantage ceux qui ont quitté depuis plusieurs années le marché du travail, et qui songent à déménager en résidence privée. Comme Jeannine, 78 ans, qui, une dizaine d’années après le décès de son mari, a récemment décidé qu’elle venait de passer sa dernière année dans la maison familiale. « Se faire à manger quand on est seule, faire le ménage, c’est beaucoup de travail. Et le temps peut parfois être long, aussi », dit-elle, tout en précisant qu’elle a beaucoup de chance de pouvoir compter sur ses deux fils et ses petits-enfants.
La capacité de payer est un facteur déterminant dans le choix d’une résidence. Pour commencer, il importe de dresser un bilan de ses revenus et de ses dépenses. En soustrayant ces dépenses des revenus nets, vous obtiendrez un portrait assez fidèle du total du budget disponible pour vous loger. De nombreux guides destinés aux personnes âgées sur le point d’entrer en résidence offrent d’ailleurs des tableaux faciles à remplir.
Prenons l’exemple de Jeannine: elle opte pour un studio dans une résidence de milieu de gamme – au loyer de 1 200 dollars par mois environ – et prévoit emménager dans cinq ans dans une résidence ou une unité offrant davantage de soins, dont le loyer pourrait alors coûter près de 3 500 dollars. Il lui faudra près de 215 000 dollars pour s’assurer de vieux jours dorés, estime Hélène Paradis, conseillère en placement chez Gestion de patrimoine TD, en tenant compte d’un rendement de 3% et de l’inflation.
Pour les cinq prochaines années, Jeannine aurait besoin d’un montant de 70 000 dollars, dit-elle. Soulignons qu’Hélène Paradis n’a tenu compte ni de la prestation de la Régie des rentes (RRQ) ni de celle du programme de la Sécurité de la vieillesse (PSV), ces sommes pouvant servir à financer les autres nécessités de Jeannine.
Quand Jeannine aura besoin de soins plus complexes, ce sont quelque 145 000 dollars qui lui seront nécessaires pour s’offrir la résidence souhaitée, cette fois en incluant la PSV (564 dollars par mois) et le RRQ. Cette somme permettra de combler la différence de prix entre le studio de 1 200 dollars par mois et les 3 500 dollars requis pour la résidence avec soins, services et nourriture, etc. Ces montants peuvent sembler considérables, d’autant plus qu’ils excluent volontairement le crédit d’impôt pour personne à domicile afin de couvrir d’éventuels besoins supplémentaires. Mais la prudence s’impose. « En ne tenant pas compte de tous les revenus, [on] laisse un coussin de sécurité si la personne vit plus longtemps ou en cas d’imprévus, si par exemple elle doit déménager plus rapidement dans une résidence avec services de soins médicaux. »