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Les beaux jours du privé

- Daniel Germain Chef de publicatio­n daniel.germain@tc.tc

Tous les sujets d’actualité finissent par faire place à d’autres sujets, sauf un: la santé. Quand il n’est pas question des frais accessoire­s, les journaux ne manquent pas de nous rappeler que le réseau de la santé peine à répondre aux besoins de la population. Un nombre important de Québécois n’a toujours pas accès à un médecin de famille, les délais pour une chirurgie jugée non urgente (lire « dont la vie du patient ne dépend pas ») sont interminab­les. Et on ne parle même pas de l’attente dans les salles d’urgence. Sans barrière juridique, il ne faut pas s’étonner qu’un réseau parallèle privé se soit développé au Québec.

Ironiqueme­nt, la solution apportée par le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, pour désengorge­r le système et réduire l’attrait du privé, le projet de loi no 20, a tellement irrité les médecins que les plus entreprene­urs d’entre eux ont tout simplement décidé de sauter la clôture, et ce, même au prix d’une baisse de salaire… Il n’y a pas que les malades qui pâtissent de la lourdeur du système.

Sans client prêt à payer pour se faire opérer un genou, une hanche ou simplement pour obtenir un examen médical, il n’y aurait pas de cliniques privées. Médecine à deux vitesses? Sans aucun doute. Mais contrairem­ent à ce qu’on pourrait croire, souvent, il ne s’agit pas d’une médecine de riches. Le réseau privé est alimenté par des gens angoissés de ne pas pouvoir obtenir un diagnostic pour un symptôme inquiétant et par d’autres qui n’en peuvent plus d’attendre avant de retrouver une qualité de vie, et ce, sans égard à l’épaisseur de leur portefeuil­le. Fautil rappeler que ces gens ne contribuen­t pas moins au régime public, une partie importante de leurs impôts étant dévolue à nourrir la bête du ministère de la Santé (je parle de la machine, et non du ministre). Mais qu’a-t-il à offrir, le réseau privé ? Quelle est la qualité des services qu’on y prodigue? Et combien coûtent-ils ?

Notre journalist­e, Simon Diotte, est allé sur le terrain rencontrer des médecins et des clients du privé. Celui-ci n’est pas parfait, mais il permet d’accueillir le tropplein du régime public, et souvent, avec une efficacité qui fait mal paraître celui-ci. Les témoignage­s recueillis par notre collaborat­eur ne laissent planer aucun doute: le réseau privé fait des heureux, malgré la facture.

Ne vous méprenez pas ! Je préfèrerai­s qu’il n’existe pas. Mais pour cela, il faudra que le régime public puisse répondre aux besoins dans des délais raisonnabl­es. Et là, il ne faudrait pas beaucoup de temps pour que les cliniques privées disparaiss­ent, comme un mauvais symptôme.

De nouvelles cohortes de médecins d’une ampleur jamais vue s’ajouteront au personnel déjà en place. On nous promet que l’arrivée de ces forces fraîches dissipera les problèmes qui minent le réseau depuis aussi longtemps que je me souvienne.

Souhaitons-le. En attendant, remercions tout de même le privé.

Médecine à deux vitesses ? Sans aucun doute. Mais contrairem­ent à ce qu’on pourrait croire, souvent, il ne s’agit pas d’une médecine de riches.

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