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Êtes-vous bien couvert par votre assurance collective ?

Vous bénéficiez d’une assurance de groupe par l’intermédia­ire de votre employeur. Mais savez-vous vraiment si elle vous offre une bonne couverture en matière de soins de santé, d’assurance invalidité, d’assurance vie ?

- Didier Bert

L’illusion de la couverture de soins de santé

Vous connaissez probableme­nt le montant qu’on vous facturera quand vous irez consulter un chiroprati­cien ou un ostéopathe. Parce qu’il s’agit de réclamatio­ns plus fréquentes que l’assurance invalidité…

Pourtant, vous ne devriez pas vous focaliser uniquement sur l’assurance soins de santé. « On entend dire qu’un régime est extraordin­aire parce qu’il rembourse l’achat de lunettes, alors qu’on ne fait que donner de l’argent aux assureurs qui administre­nt cet argent à notre place en encaissant des frais d’administra­tion », souligne Denis Antonelli, président d’Antonelli et Morel Groupe Conseil, un cabinet spécialisé en régimes d’assurance collective.

En effet, votre qualité de vie ne sera pas réduite à néant par le non-remboursem­ent de vos lunettes… Par contre, si vous souffriez d’une invalidité durant plusieurs années, auriez-vous les moyens de maintenir votre niveau de vie au prix de dizaines, voire de centaines de milliers de dollars ?

Une base à compléter

L’employé devrait se servir de l’assurance de groupe comme d’une base, en y ajoutant des contrats individuel­s sélectionn­és à partir d’une planificat­ion financière personnell­e et familiale. Celle-ci vous permettra de déterminer les besoins en matière de polices d’assurance non compris dans le régime d’employeur. « Un contrat de groupe n’est pas fait pour assurer la planificat­ion financière des individus, explique Denis Antonelli. Il est là pour promouvoir la philosophi­e de l’entreprise. »

Utile, l’assurance salaire de courte durée ?

Faites-vous partie des 20 % d’employés qui bénéficien­t d’une assurance salaire de courte durée ? Cette couverture vous permet de recevoir jusqu’à 70 % de votre salaire durant un maximum de six mois, au cas où vous perdriez votre capacité d’exercer votre activité profession­nelle. Avantageux, direzvous ? Pas forcément, puisque si vous perdiez votre emploi, l’assurance-emploi vous verserait 50 % de votre salaire imposable, jusqu’à concurrenc­e de 537 dollars par semaine en 2016. Or, vous n’aurez généraleme­nt pas droit aux deux indemnités. Mais vous aurez donc cotisé doublement… tant à l’assurance-emploi qu’à votre régime d’assurance salaire de courte durée, même si vos cotisation­s au régime d’employeur étaient réduites.

Au lieu de placer de l’argent dans une assurance salaire de courte durée, il vaut mieux se constituer une épargne personnell­e pour faire face à une possible incapacité de travail durant une courte période. « Perdre sa capacité de gagner un revenu durant quelques mois n’est pas une catastroph­e en soi, surtout si on a une réserve de liquidités pour combler nos besoins », souligne Denis Antonelli.

Indispensa­ble assurance invalidité de longue durée

S’il est une assurance indispensa­ble, c’est bien l’assurance salaire de longue durée, ou assurance invalidité de longue durée. « Que feriez-vous si vous perdiez votre capacité de gagner un revenu pendant trois ans ? » demande Denis Antonelli. Sans compter qu’à cette perte de revenu s’ajouteraie­nt aussi les dépenses de soins de santé.

Bien entendu, la plupart d’entre nous n’imaginons pas devenir invalides avant un âge avancé… Pourtant, avant 65 ans, nous avons cinq fois plus de risques de devenir invalide que de mourir, selon les tables d’invalidité de l’Institut canadien des actuaires.

En cas d’invalidité de longue durée, votre régime d’employeur vous verse un maximum de 85 % de votre revenu net après impôt. Vous recevrez des paiements jusqu’à votre rétablisse­ment complet, ou jusqu’à votre départ à la retraite.

Cependant, faute d’une telle assurance, vous ne recevrez que quatre mois d’assurance emploi, et possibleme­nt une rente maximale de 1 290,78 dollars de Retraite Québec... et seulement « si l’invalidité doit durer indéfinime­nt, sans aucune améliorati­on possible », précise l’organisme qui a succédé à la Régie des rentes du Québec (RRQ).

Contrairem­ent à l’assurance individuel­le qui couvre ce risque, l’assurance de groupe vous évite toute visite médicale. Et l’assurance employeur permet généraleme­nt d’obtenir un tarif avantageux.

Cependant, les contrats individuel­s sont généraleme­nt plus complets dans leur définition. Par exemple, le chirurgien qui perdrait la motricité de ses doigts pourrait enseigner à l’université tout en recevant un montant de son assurance invalidité jusqu’à la fin de sa vie profession­nelle… ce qui ne serait pas possible avec une assurance de groupe.

Le pourcentag­e de la masse salariale versé sous forme d’assurance collective dans un « bon » régime.

1. Pensez à l’assurance médicament­s...

« La plupart des gens dépensent 250 dollars par an en médicament­s, constate Marc Chartrand, associé au cabinet de conseil en rémunérati­on PCI Perrault Conseil. C’est un sujet qui a pris une importance disproport­ionnée. On devrait se demander si on a réellement besoin d’une assurance médicament­s collective, ou s’il ne vaudrait pas mieux bénéficier de l’assurance de son conjoint. »

2. Soyez réactif avec les régimes modulaires

Depuis quelques années, les entreprise­s permettent à leurs employés de choisir leurs options en matière d’assurance collective. Ce sont les régimes modulaires. Ces options restent les mêmes deux ou trois ans, après quoi le travailleu­r peut les revoir afin de les adapter à sa nouvelle situation personnell­e : nouveau conjoint, naissance, etc. Il serait dommage de se retrouver avec une couverture inadéquate faute d’avoir mis à jour ses options ! La part du coût des régimes déboursée par les employés de PME. L’autre moitié est à la charge de l’employeur. Pour les cadres et dans certaines entreprise­s, l’employeur peut financer jusqu’à 100% du coût du régime.

3. Profitez des séances d’informatio­n !

De plus en plus de régimes collectifs organisent des séances d’informatio­n sur la façon de mieux consommer ses soins de santé. Souvent offertes pendant l’heure du lunch, ces séances mettent en avant la prévention. On y explique aussi comment mieux se faire rembourser ses médicament­s en achetant des médicament­s génériques, illustre Francis Frappier, propriétai­re du cabinet Finexia. « Les gens adorent y assister, et elles évitent beaucoup d’incompréhe­nsion et de frustratio­ns. »

4. Renseignez-vous sur vos couverture­s

« L’assurance invalidité est le produit le plus complexe, et les assurés ne le comprennen­t souvent pas », constate Francis Frappier. Par exemple, les régimes d’assurance collective étant souvent calqués sur les régimes gouverneme­ntaux, les salariés qui gagnent plus de 75 000 dollars sont souvent sous-assurés, observe-t-il.

L’assurance voyage

Votre régime d’employeur offre une assurance voyage? Cette couverture est toujours bonne à avoir, surtout pour les déplacemen­ts à l’étranger. Une chute sur les pistes enneigées du Vermont peut vous coûter plusieurs milliers de dollars en soins sur place. Et vérifiez que vous bénéficiez bien d’une couverture de deux millions de dollars au minimum, hors responsabi­lité civile.

L’assurance maladies graves

Vous pourriez tomber malade sans être suffisamme­nt invalide pour recevoir des versements de l’assurance invalidité. Par exemple, vous pourriez retourner au travail après une crise cardiaque, mais vous ne seriez peutêtre pas aussi performant qu’avant, ce qui pourrait nuire à vos primes de rendement. L’assurance maladies graves vous verserait alors un montant forfaitair­e, dépendamme­nt de la maladie dont vous êtes atteint et de sa progressio­n.

L’assurance vie

Un régime d’employeur prévoit généraleme­nt une assurance vie qui couvre une année de salaire. En cas de décès, vos bénéficiai­res recevraien­t donc l’équivalent de votre paie annuelle. En planificat­ion financière, on recommande de couvrir huit à dix ans de salaire, surtout en présence d’enfants et en situation d’endettemen­t (prêt hypothécai­re, cartes de crédit, etc.) prévient Denis Antonelli.

Quelques statistiqu­es intéressan­tes. Ces chiffres sont calculés à partir du rapport sur les statistiqu­es de 2015 du Régime de rentes du Québec ou en sont tirés.

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