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RRQ : l’inavouable raison de l’immobilism­e

Se pourrait-il que Québec ne bonifie pas le Régime des rentes pour ne pas toucher à ses coffres, aux dépens d’Ottawa ?

- Gains admissible­s moyens Nombre de bénéficiai­res de la rente de retraite Pourcentag­e de retraités retirant la rente maximale Pourcentag­e de retraités retirant moins de la moitié de la rente maximale Rente de retraite moyenne versée Pourcentag­e des cotisa

J’ai écrit récemment à propos de certaines raisons qui expliquent le fait que Québec ne veuille pas aligner les dispositio­ns du Régime de rentes du Québec (RRQ) sur les modificati­ons proposées au Régime de pensions du Canada (RPC). J’ai mentionné que vu la fragilité de l’économie du Québec, la hausse de cotisation prévue au régime pourrait porter un dur coup à cette dernière. Mais il y a autre chose qui m’agace… Les premiers échos que l’on a eus de la part de Québec en matière de bonificati­on du régime de retraite public font état d’une bonificati­on uniquement pour les personnes gagnant plus de 27 500 dollars par an. Donc, les personnes à faible revenu ne seraient pas touchées. Cela signifie qu’elles ne profiterai­ent pas d’une rente plus élevée à la retraite, mais qu’elles n’auraient pas non plus à cotiser davantage.

De qui parle-t-on ? Des gens qui triment toute leur vie sans pouvoir mettre d’argent de côté pour leur retraite. Que se passe-t-il alors ? Lorsqu’elles atteignent 65 ans, elles retirent le Supplément de revenu garanti (SRG) et s’en tirent souvent bien, somme toute, par rapport au niveau de vie qu’elles avaient pendant leur période active.

Le SRG est une rente fédérale versée aux personnes de 65 ans et plus (pour les personnes veuves, le programme débute dès 60 ans). Le SRG est réduit en fonction des autres revenus.

Cela signifie que si la rente du RRQ est bonifiée pour un individu, le SRG qu’il recevra sera réduit. Sans entrer dans les détails, disons que, dans la plupart des cas, chaque dollar de RRQ supplément­aire influence négativeme­nt le montant du SRG de 0,50 dollar. De plus, la rente du RRQ est imposable, alors que le SRG ne l’est pas. Cela voudrait dire qu’on demanderai­t aux gens à faible revenu de contribuer davantage au RRQ sans qu’ils en tirent un réel bénéfice.

Serait-il possible que le gouverneme­nt du Québec ait aussi anticipé des pertes financière­s au profit d’Ottawa ?

Le calcul des impacts totaux est un exercice périlleux, mais tentons de voir les conséquenc­es de la décision du gouverneme­nt du Québec de ne pas s’arrimer avec le reste du Canada.

Cotisation­s

Les coffres de Québec n’écoperaien­t pas directemen­t, puisque le régime est financé à 100 % par les travailleu­rs et les employeurs. Par contre, comme les cotisation­s sont déductible­s du revenu pour les employeurs, une hausse de ces cotisation­s ferait en sorte que les employeurs déclarerai­ent des revenus moindres, et qu’ils paieraient par conséquent moins d’impôts. Il est vrai que les (rares) contribuab­les qui voudraient compenser cette « perte » par rapport aux autres provinces en cotisant davantage à leur REER priveraien­t le gouverneme­nt de revenus. Mais on parle ici de personnes qui gagnent moins de 27 500 dollars par an…

Prestation­s

Les impacts seraient ici beaucoup plus complexes à calculer. En effet, le calcul doit se faire sur les différence­s d’impôt que les particulie­rs paieraient. Le fait de ne pas harmoniser les mesures du RRQ avec celles du reste du Canada priverait les individus de revenus, et par conséquent, réduirait leur facture d’impôt. Les impacts se feraient surtout sentir dans plusieurs années, au moment où les revenus seraient versés par le régime.

Je n’ai malheureus­ement pas accès à tous les précieux chiffres qui me permettrai­ent d’avancer quelconque­s hypothèses d’économies pour le Québec. Cependant, je parierais qu’au sein de l’appareil gouverneme­ntal, certains l’ont fait, à moins que je n’écoute trop de séries télévisées…

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La rente annuelle passera du coup à 5 100 dollars, faisant grimper la portion imposable à 1 400 dollars.

La partie imposable de la rente peut faire l’objet de fractionne­ment des revenus de pension lorsque le rentier est âgé de 65 ans et plus. Jusqu’à nouvel ordre, cet avantage demeure. Ainsi, un revenu de rente moins élevé et une portion imposable plus importante restent les principale­s conséquenc­es de ces nouvelles mesures.

Le second produit qui sera touché par les nouvelles mesures fiscales est l’assurance vie permanente qui comporte un volet épargne au contrat. En gros, les nouvelles mesures viendront rétrécir les sommes maximales qui peuvent être placées dans ces polices. Cela aura pour effet de diminuer le capital-décès. Aussi, la période consentie pour payer rapidement une police d’assurance vie s’en trouvera rallongée. Pour profiter de la même protection qu’actuelleme­nt, il faudra payer les primes pendant plus longtemps.

Les polices temporaire­s qui seront converties en assurance vie permanente et les contrats en vigueur au 31 décembre continuero­nt de profiter des mesures actuelles.

Dorénavant, il faudra y penser à deux fois avant d’annuler une vieille police d’assurance. Et pourquoi ne pas profiter de cette réforme pour réviser vos protection­s ? Il n’est peut-être pas trop tard pour profiter des mesures fiscales actuelles !

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