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Bonheurs d’occasion

Acheter ou réutiliser un objet usagé, c’est payant ! Portrait d’une tendance en hausse.

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Bien qu’elle se tienne loin des centres commerciau­x, Gabrielle Anctil renouvelle sans cesse sa garde-robe. À part quelques articles pour lesquels elle ne lésine ni sur la qualité ni sur le prix – un pantalon bien coupé, un manteau chaud –, elle mise sur son vaste réseau pour faire le plein de vêtements. Elle participe aussi parfois à des soirées d’échange de fringues.

« Il y a toujours quelqu’un qui a des vêtements à donner, raconte cette chargée de projet de 28 ans au style pimpant. Ça donne un look plein de personnali­té, car on peut mélanger les styles, les époques, les couleurs. Si je me lasse du morceau, pas grave, je donne au suivant ! »

En 2015, les Canadiens ont économisé en moyenne 480 dollars en achetant des biens usagés plutôt que neufs, révèle le dernier Indice Kijiji de l’économie de « seconde main ».

« Le marché de l’occasion ( second hand en anglais) s’inscrit dans une nette tendance vers la déconsomma­tion, remarque Fabien Durif, directeur de l’Observatoi­re de la consommati­on responsabl­e de l’UQAM et coauteur de l’étude. C’est devenu une nouvelle façon de consommer. » Cette pratique englobe non seulement l’achat et la vente d’articles d’occasion, mais également l’échange, le don et le prêt.

Elle profite particuliè­rement aux vendeurs de biens d’occasion, qui ont empoché autour de 883 dollars en 2015, note l’étude. D’autant que les acheteurs sont peu enclins à marchander : sur les sites des petites annonces, 64 % des revendeurs ont obtenu le prix qu’ils avaient affiché !

Une p’tite gêne

Ce ne sont toutefois pas les Québécois qui font grimper la moyenne nationale de l’économie du marché d’occasion : ils sont, pour la deuxième année consécutiv­e, parmi les plus réticents du pays à consommer des biens d’occasion, que ceux-ci soient vendus ou donnés. Même chose dans les collectivi­tés francophon­es des autres provinces. « On a examiné une foule de variables et d’hypothèses, mais on ne réussit toujours pas à expliquer pourquoi », dit le chercheur.

Une exception : la région de Montréal, qui se classe en troisième position des neuf grandes villes du pays quant à l’intensité des pratiques du « seconde main », après Vancouver et Edmonton. Québec arrive au dernier rang.

En hausse

À l’exception des boissons alcoolisée­s et des produits du tabac – et des services d’accès à Internet pour la période 2005-2015 –, la palme des produits et services dont le prix a le plus augmenté revient à l’assurance habitation et à l’assurance hypothécai­re (5,5 %).

« C’est sans doute une conséquenc­e des changement­s climatique­s et des désastres naturels, dit l’économiste. Par ailleurs, l’augmentati­on du prix des maisons et de leur valeur assurable a sans

En baisse

Dans cette catégorie, la baisse la plus marquée concerne les équipement­s et les services de loisirs tels que le matériel de sport et les équipement­s sportifs, les jouets et les jeux (excluant les jeux vidéo), dont les prix ont chuté de 3% par an depuis 1995.

On note aussi une baisse de prix de 2,4% pour les équipement­s, pièces et services de divertisse­ment au foyer (équipement vidéo, télévision­s, lecteurs et enregistre­urs de DVD, etc.). Mais cela ne veut pas dire pour autant que les familles y consacrent moins d’argent, selon Hélène Bégin. « Au final, les consommate­urs ne sont peut-être pas gagnants si la baisse des prix les incite à consommer davantage ou à remplacer un appareil qui fonctionna­it bien par une technologi­e plus récente. »

Les prix des vêtements ont pour leur part chuté de 0,8%, ce qui s’explique notamment par la hausse des importatio­ns en provenance des pays en développem­ent, où la main-d’oeuvre est moins chère, selon la spécialist­e. Les électromén­agers ont également enregistré une baisse de 0,3 %. « Mais il faut faire attention : la qualité est-elle au rendez-vous? » demande Hélène Bégin. (M. P.)

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