Les Affaires Plus

Le plan de la Ville de Montréal

L’administra­tion Coderre veut attirer 50 000 nouveaux résidents dans le centre-ville de Montréal d’ici 2030 et 100 000 d’ici 2050. Richard Bergeron, responsabl­e de la Stratégie centre-ville au comité exécutif de la Ville de Montréal et urbaniste de format

- par Simon Diotte

Entrevue avec Normand Bergeron, responsabl­e de la Stratégie centre-ville au comité exécutif de la Ville de Montréal et urbaniste de formation.

Comment expliquer cet engouement extrême pour le centre-ville depuis quelques années ?

Depuis les années 1960, Montréal a été en mode expansion, s’étirant vers la banlieue, tandis que l’on tournait le dos à tout ce qui était ancien. Résultat : le centre-ville de Montréal a été au neutre pendant des décennies et il s’est vidé de ses habitants. Mais le discours axé sur le développem­ent durable change les mentalités. Les milléniaux, les empty nesters et les promoteurs redécouvre­nt les vertus de la centralité. Ce mouvement a d’abord touché Vancouver dans les années 1980 et Toronto dans les années 2000. À Montréal, ses premiers effets ont été ressentis dans la Cité du multimédia, dans l’ouest du Vieux-Montréal, avant de faire boule de neige.

Qu’est-ce que la Ville a fait pour contribuer à cette renaissanc­e ?

Pas grand-chose. Sous l’administra­tion Tremblay, la clé du développem­ent était entièremen­t laissée aux promoteurs. C’est ce qui explique pourquoi la Ville n’a pas prévu de réserve de terrains pour des services publics dans Griffintow­n, une erreur qui va nous coûter collective­ment des millions de dollars en expropriat­ions. La seule chose que Gérald Tremblay a faite, c’est de partir en guerre contre les stationnem­ents de surface, qui proliférai­ent dans le centre-ville, en les surtaxant ou en les bloquant. Cette mesure a forcé leurs propriétai­res à passer en mode développem­ent. Pour le reste, l’administra­tion montréalai­se a été à la remorque des promoteurs, mais ce ne sera plus le cas à l’avenir.

Qu’est-ce que la Ville fera ?

La Stratégie centre-ville, dont le plan d’action sera dévoilé au printemps, vise à transforme­r le centre-ville de Montréal en véritable quartier, c’est-à-dire en un endroit où ne vivent pas seulement des célibatair­es et des couples sans enfant, comme c’est le cas actuelleme­nt, mais aussi des familles. Pour les attirer, on va construire des écoles primaires et secondaire­s, aménager des parcs et reconfigur­er les rues afin de les rendre plus conviviale­s. Côté habitation, ce dont les familles ont besoin, ce n’est pas nécessaire­ment de grands logements, mais surtout d’un prix raisonnabl­e. On favorisera la constructi­on de logements abordables.

Comment se passent les relations avec les promoteurs ?

Nous avons d’excellents promoteurs qui partagent notre vision de la ville. Il y a une dizaine d’années, lorsque Devimco, promoteur du Quartier DIX30, est arrivé en ville et a dévoilé les esquisses du développem­ent dans Griffintow­n, c’était une horreur. On voulait reproduire la banlieue en ville, avec d’immenses centres commerciau­x au pied de tours de logements. Je m’y opposais faroucheme­nt. Aujourd’hui, le même promoteur a conçu un plan de développem­ent magnifique pour le site de l’ancien Hôpital de Montréal pour enfants. Un centre communauta­ire, une bibliothèq­ue et une école ont même été prévus. La renaissanc­e du centre-ville est bien entamée. +

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada