LA BÉBITTE À CASH
Tripeux de musique, de vieux chars et économe? Ça se peut.
Francis Malo a au moins sept vies et autant de comptes bancaires. Musicien, gérant d’artistes, coordonnateur d’expositions muséales, coach d’affaires : ce néohipster de 26 ans à l’épaisse barbe rousse gère sa vie professionnelle comme un portefeuille financier.
Diplômé de HEC Montréal en gestion des opérations et en management – et titulaire d’un DEC en guitare jazz –, il travaille quatre jours par semaine à coordonner les équipes de logistique et de marketing pour le compte de X3 Productions, une boîte de Montréal. Le reste de son temps est consacré à ses projets personnels : la maison de disques La Cabane, qu’il a fondée en 2014, son groupe rock Passe-moé la puck et Malo Stratégie, un service de coaching d’affaires. Ces trois « business » suffiraient à payer le loyer et les factures, dit-il, s’il n’avait pas autant de plaisir à aller au boulot.
« J’ai compris assez jeune que je n’allais pas réaliser 100 % de mes ambitions dans un seul job tout en gagnant de l’argent. Et avoir des entreprises, c’est plus le fun et plus rentable que d’attendre un bonus… »
Vaillant épargnant – « j’ai toujours été un gars de chiffres en même temps qu’un créatif », dit-il –, Francis Malo s’astreint à une discipline de fer en matière de gestion de ses finances. À chaque rentrée d’argent, il place au moins 10 % dans un compte voué à l’épargne retraite. Il répartit le reste dans sept autres comptes : voyages, réparations automobiles, soins de santé, épargne en vue de l’achat d’une maison, etc. « Je me donne un peu d’argent et le restant nourrit le bas de laine. Sinon, ça devient trop facile de dépenser. »
Évidemment, les placements sont étudiés afin de rapporter au maximum, généralement entre 6 % et 8% par année, précise-t-il. Il s’est notamment constitué son propre portefeuille d’actions en prenant soin de limiter les frais de gestion au minimum. « Je sais exactement combien je veux détenir dans ce compte à 35 ans afin d’être à l’aise à la retraite ».
En dépit d’un train de vie peu élevé, il est loin de mener une vie de moine: sa copine et lui voyagent deux fois par année et s’offrent régulièrement des sorties au resto. La voiture, « un modèle ben ordinaire », sert à s’évader de la ville. Devenir propriétaire? Pfff ! Comme le prix de leur appartement du quartier Mile-End, à Montréal, est raisonnable, le loyer demeure l’option la plus avantageuse, explique le musicien. « Vu les prix qui n’ont pas de bon sens, si on veut rester dans un quartier agréable, acheter un condo équivaudrait à balancer l’argent par les fenêtres. Avec les mêmes montants, on fait deux fois le rendement en ce moment. »
Même chose pour la quinzaine de guitares qu’il collectionne depuis l’enfance ou le vieux camion Chevrolet 1981 – acheté à 14 ans –, les meilleurs placements qu’il a faits, assuret-il. Mais ceux-là, pas question d’y toucher !