Portraits
Léa Barot-Brown a bâti son patrimoine financier à partir de l’immobilier. Avec un incroyable succès.
Quatre milléniaux nous expliquent leur rapport à l’argent.
Rares sont les placements immobiliers qui rapportent 290000 dollars en cinq ans avec une mise de fonds initiale de 30000 dollars. Et c’est probablement encore plus rare de miser aussi juste à moins de 30 ans, sans s’esquinter à faire des rénovations et tout en habitant le domicile de ses rêves!
C’est pourtant ce qui est arrivé à Léa Barot-Brown, une avocate de 31 ans et maman de deux fillettes, en couple avec un policier depuis 13 ans. « Il y a une part de chance et une part de calcul dans nos bons coups immobiliers », explique cette jolie et vive brunette. « Nous sommes des acheteurs cartésiens et méthodiques. On ne s’emballe pas pour des projets wow. »
Premier bon coup: l’achat d’un condo avec cour au rezde-chaussée d’un immeuble neuf de quatre étages, à Outremont, en 2012. Le couple le paie 330000 dollars, une aubaine pour ce quartier chic où les unités neuves sont rares, d’autant plus qu’il est situé à 400 mètres d’une station de métro. C’est l’oncle de Léa, un entrepreneur général, qui a construit l’immeuble, d’où le facteur chance, dit-elle.
À l’époque, cet oncle lui a donné un conseil qu’elle a appliqué pour cette acquisition comme pour les suivantes: en plus de prioriser une localisation optimale, il faut toujours acheter un produit unique, idéalement avec au moins deux chambres fermées, recommandait-il.
Deux ans plus tard, après la naissance de leur première fille, ils revendent à 475000 dollars. « On n’en revenait pas d’avoir fait autant d’argent en deux ans seulement. On a appris de cette expérience! »
Le couple a ensuite acquis un appartement en plein coeur du Plateau-MontRoyal: 1 500 pieds carrés, fraîchement rénové, hauts plafonds, rangement à profusion, matériaux de qualité… Restait à construire une terrasse sur le toit. Avec ces travaux, la transaction a coûté 530000 dollars. Trois ans plus tard, en 2017, rebelote : le condo part en 24 heures à 675000 dollars...
Depuis, le couple occupe un appartement dans Rosemont– Petite-Patrie – tout aussi unique, avec agrandissement étagé dans la cour arrière – acheté 680000dollars. Un an plus tard, notamment grâce à la finition du sous-sol (50000 $), « avec les prix de vente dans le quartier, on sait déjà qu’il pourrait se vendre autour de 800000 dollars », affirme Léa.
« L’immobilier, c’est ce qui nous a bâtis. On n’aurait jamais pu se payer une propriété comme ça à Montréal sans les profits des deux premiers achats. On a vraiment fait un travail d’équipe. »
Comme l’hypothèque reste raisonnable en comparaison de leurs salaires, Léa et son mari ne se privent pas de voyager avec les enfants ou d’aller au resto. « On ne dépense pas plus qu’on gagne et on gère bien notre argent. Les dettes, ça nous stresse! » Par exemple, alors que des collègues avocats ou autres professionnels roulent en BMW, ils conduisent la même Subaru Forester depuis cinq ans. Mais, bien sûr, elle est payée…
Jessica Prudencio est une marque. À 23 ans, cette diplômée en communication et en rédaction professionnelle gère son blogue personnel, un compte Instagram et un blogue Instagram, Toutedansmesfesses, où elle décrit ses expériences culinaires. C’est une « influenceuse », bien qu’elle dise détester le terme.
Depuis qu’elle a lancé ses différentes plateformes « pour s’amuser », à l’automne 2017, quelques mois après avoir quitté l’université, son audience a grimpé en flèche. Ses revenus par publication ont été multipliés par dix, et elle a conclu des ententes avec une dizaine de partenaires, dont McDonald’s et Reitmans, qui la rétribuent pour les contenus qui parlent d’eux.
« Je ne m’attendais pas à faire des sous avec Internet », raconte-t-elle, un large sourire éclairant son visage épanoui. « C’est venu malgré moi mais je suis choyée d’avoir une communauté comme celle-là. »
L’emploi stable, elle n’y pense même pas. En revanche, elle occupe à temps partiel (25 heures par semaine) un job de créatrice de contenu et de gestionnaire de communauté qui lui apporte une légère stabilité, explique-t-elle.
C’est quoi, un REER?
Jessica a beau surfer sur la vague « #lifestyle », elle ne dilapide pas son argent en futilités pour autant. Zéro dette sur la carte de crédit. Aucun intérêt pour le téléphone dernier cri. Jamais de vêtements de plus de 100$. Seule exception: les restos, pour lesquels cette épicurienne finie est prête à allonger les dollars « parce que c’est ma passion », dit-elle.
Mais ne lui parlez pas de REER, n’en déplaise à sa mère, une vaillante épargnante qui tente désespérément de lui inculquer ses valeurs en la matière. « Les REER, je n’ai aucune idée c’est quoi. Quand j’économise, c’est pour voyager. »
La blogueuse n’a pas de voiture – et n’en veut pas – et parcourt en transport en commun le trajet entre Montréal et Châteauguay, où elle habite avec sa mère et son frère. D’ici la fin de l’année, elle compte emménager avec une coloc à Verdun. « Je ne vois pas l’intérêt d’économiser pour m’acheter une maison, car comme je veux voyager, je ne serais pas là pour y habiter. Je pourrais être locataire à vie, aucun problème. »
D’ailleurs, au moment où vous lirez ces lignes, elle sera quelque part en Europe pour « créer du contenu ». Ce qui la rapprochera un peu plus de son rêve: être payée pour voyager et manger. « Jusqu’à maintenant, j’ai atteint un des deux objectifs! » lance-t-elle en riant.
« Je vois pas l’intérêt d’économiser pour m’acheter une maison, car comme je veux voyager, je ne serais pas là pour y habiter. »