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La fiscalité, cette incomprise

Portez-vous assez d’attention à la fiscalité de votre portefeuil­le… ou trop?

- par Ian Gascon

La fiscalité est un aspect important en gestion de portefeuil­le, car elle peut avoir un impact non négligeabl­e sur le rendement après impôt, particuliè­rement sur une longue période.

La majorité des solutions offertes sur le marché n’en tiennent pas suffisamme­nt compte. La plupart des fonds sont en fait conçus pour être détenus dans un compte enregistré, mais se retrouvent trop souvent dans des comptes non enregistré­s alors que les portefeuil­les modèles, très utilisés dans l’industrie, sont parfois appliqués à tous les types de comptes sans distinctio­n.

L’impact à long terme est alors difficile à quantifier, car le rendement après impôt d’un investisse­ur est rarement calculé par l’investisse­ur ou son conseiller.

Les règles fiscales changent

À l’autre bout du spectre, il y a des solutions conçues pour des comptes non enregistré­s, comme les fonds constitués en société qui ont été en forte demande il y a quelques années, jusqu’au moment où les règles fiscales ont changé et annulé les avantages de plusieurs de ces fonds. C’est un cas typique où l’investisse­ur (ou son conseiller) prend une décision d’investisse­ment basée sur les règles fiscales en vigueur en supposant qu’elles sont immuables. Grave erreur !

Les règles fiscales changent constammen­t. Voici quelques-uns des exemples les plus marquants. En 2000 : réduction graduelle du taux d’imposition sur les gains en capital de 75 % à 50 %. En 2005 : éliminatio­n de la limite de détention de 30 % en contenu étranger dans les comptes REER. En 2006: changement des règles fiscales pour les fiducies de revenu (après que BCE a annoncé sa conversion en pareille fiducie). En 2013 : frein aux opérations de requalific­ation de certains revenus de placements. En 2018 : modificati­on des règles concernant les revenus passifs dans les entreprise­s.

Parfois, l’investisse­ur accepte de payer des frais plus élevés et pendant plusieurs années, dans l’espoir que le placement sera fiscalemen­t avantageux dans 20 ans. Non seulement ces solutions ont souvent des frais plus élevés, mais pour profiter des avantages potentiels, il faut rester fidèle à la même famille de fonds pour une très longue période.

Séparer les catégories d’actifs par type de compte

Il y a différente­s façons de prendre en considérat­ion la fiscalité. Certains investisse­urs vont concentrer les titres générant des revenus d’intérêts dans un compte REER et détenir les titres générant principale­ment du gain en capital et des dividendes dans un compte non enregistré ou d’entreprise. Cette démarche peut comporter certains avantages lors de sa mise en place, mais deviendra rapidement difficile à gérer lorsque de nouveaux montants devront être investis. Par exemple, si un investisse­ur maximise ses cotisation­s REER et qu’il doit investir un montant substantie­l hors REER, il devra tout de même, pour maintenir l’allocation cible de son portefeuil­le global, ajouter des titres à revenu fixe dans un compte hors REER.

Privilégie­r une gestion par compte

Je préfère gérer chacun des comptes de façon indépendan­te, de sorte que chaque compte soit un portefeuil­le bien diversifié mondialeme­nt dans plusieurs catégories d’actifs. Cette démarche permet non seulement des rééquilibr­ages plus efficaces, elle permet de gérer facilement différents degrés de tolérance au risque pour chacun des comptes. D’ailleurs, il n’est pas rare de voir un CELI ou un compte comptant avoir un objectif d’investisse­ment ou un horizon de placement différent d’un compte REER ou d’un compte d’entreprise. Pour maximiser le rendement après impôt, il faut alors choisir des placements différents selon le type de compte. Par exemple, préférer des actions privilégié­es ou des titres à revenu fixe qui possèdent des caractéris­tiques spécifique­s pour les comptes non enregistré­s permet de minimiser la facture fiscale.

L’exemple de Nortel

Il est important que le portefeuil­le soit cohérent avec son profil d’investisse­ur et sa tolérance au risque en tout temps. Trop souvent, les investisse­urs évitent de rééquilibr­er leur portefeuil­le pour des considérat­ions essentiell­ement fiscales, ce qui peut avoir un impact sur le niveau de risque du portefeuil­le. Le cas de Nortel au début du millénaire est un bel exemple où plusieurs investisse­urs ont laissé ce titre devenir une position beaucoup trop importante dans leur portefeuil­le, la principale raison étant que la vente du titre aurait généré trop de gains en capital.

Ils s’en mordent encore les doigts !

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