La planète est mon bureau
Pourquoi s’enfermer entre quatre murs quand le monde peut devenir notre espace de travail? Voilà ce que pensent les nomades numériques, qui concilient activités professionnelles et voyage.
Pourquoi s’enfermer entre quatre murs quand le monde peut devenir notre espace de travail?
Si vous n’avez plus besoin de travailler dans une tour de bureaux ou encore de la maison, pourquoi ne pas travailler… sur une plage des Antilles, dans une isba en Russie ou dans un café branché de Vienne? Avec les nouvelles technologies, un grand nombre de tâches n’exigent plus une présence physique ni une tonne d’équipement. Un ordinateur portable, une connexion Internet et hop ! on devient fonctionnel à distance, peu importe son positionnement GPS. Vous pouvez alors vous joindre à cette nouvelle classe de travailleurs en pleine expansion: les digital nomads ou, en bon français, les nomades numériques.
Nadia Gosselin en fait partie. Depuis une demi- douzaine d’années, cette femme de 48 ans ne possède plus de pied-à-terre au Québec. Avec tous ses avoirs contenus dans une valise, elle se déplace au gré des offres de petsitting et de homesitting – du gardiennage d’animaux ou de maison – qu’elle déniche partout dans le monde. Peu importe où elle pose ses bagages, dans la campagne anglaise ou dans un pays d’Amérique centrale, elle ne change pas sa routine. Elle ouvre son portable et travaille 40 heures par semaine. « Ce mode de vie me permet de vivre comme les locaux tout en profitant de mes temps libres pour faire du tourisme », dit cette nomade numérique pur jus.
Elle a adopté ce mode de vie à la suite d’un choc survenu à 41 ans. « J’ai eu un kyste sur un rein et avant l’opération pour l’enlever, il y avait une possibilité qu’il soit cancéreux. Ce fut une fausse alerte, mais ça m’a fait prendre conscience qu’il ne faut pas attendre indéfiniment pour réaliser ses rêves », raconte l’ex-résidente de Québec. Remise sur pied, cette professeure au secondaire quitte son job permanent et devient conseillère littéraire. « Je me suis créé un travail sur mesure qui allait me permettre de vivre en voyageant », dit cette mère de quatre filles maintenant adultes, chez qui elle squatte lorsqu’elle rentre au pays.
Passer sa vie active en voyage, n’est-ce pas le Graal du travailleur ? Sur Internet et les réseaux sociaux, les photographies des nomades numériques, qui bossent dans des endroits improbables, comme au sommet d’une montagne, sont légion. Il existe même des parodies de ce mode de vie, comme #digitaldouchebags sur Instagram, qui caricature ces instagrammeurs qui pianotent sur leur ordinateur tout en relaxant sur une planche de surf.
Ces SDF numériques prolifèrent comme jamais. Les statistiques à leur sujet sont peut-être inexistantes, mais le nombre de sites web dédiés à leur mode de vie explose, et de plus en plus de travailleurs numériques font étalage de leur statut hors norme sur les réseaux sociaux, avec des photos d’eux en maillot de bain, ponctuées de formules creuses du genre « Vous n’êtes jamais trop vieux pour réaliser vos rêves » et accompagnées du mot-clic #digitalnomad.
Ces travailleurs mobiles qui suscitent la jalousie évoluent dans les cafés, les bibliothèques, les auberges de jeunesse ou les hébergements à court terme comme Airbnb. Ils s’installent aussi dans les espaces de travail partagés. À ce titre, les espaces ECTO, sur le Plateau- Mont- Royal, et OBuro, à La Malbaie, ont d’ailleurs accueilli de ces baroudeurs étrangers dans les derniers mois.