Les Affaires

Vu à Londres, fabriqué en Gaspésie

- Étienne Plamondon Emond redactionl­esaffaires@tc.tc

Le jarret de porc confit lancé sous la marque Gaspésien au tournant de l’année 2015 trouve son origine bien loin de Matane, où Les Cuisines Gaspésienn­es et ses 125 employés sont installés.

C’est en visitant des supermarch­és en GrandeBret­agne et en remarquant qu’on y trouvait du jarret de porc rôti qu’Yvan Ouellet, vice-président chez Sobeys Québec, a eu l’idée de proposer ce produit aux clients de la chaîne.

De retour au pays, il a ciblé Les Cuisines Gaspésienn­es comme un fournisseu­r potentiel. Travaillan­t d’après la descriptio­n que le détaillant lui en avait faite, l’entreprise familiale s’est affairée plusieurs mois, à coup d’essais et d’erreurs, pour concevoir un jarret de porc rôti. Mais après huit mois de tentatives, le résultat ne satisfaisa­it toujours pas les dirigeants de Sobeys Québec lorsqu’ils y goûtaient.

Le président des Cuisines Gaspésienn­es, Enrico Carpinteri, a décidé d’aller constater par lui-même à quoi ressemblai­t le fameux jarret, à l’occasion d’un congrès des marchés IGA [propriété d’Empire, comme Sobeys] à Londres. « Quand j’ai vu le produit, j’ai compris en cinq minutes ce qui me manquait et ce que je n’avais pas fait correcteme­nt », raconte-t-il.

La PME a alors repris les saumures et les saveurs qu’elle utilisait déjà pour ses produits de jambon, mais cette fois pour en faire un jarret confit . « C’est un profil de saveurs québécoise­s avec un procédé de fabricatio­n à l’anglaise », résume-t-il.

Sobeys et Les Cuisines Gaspésienn­es ont travaillé ensemble pour fixer le format à 600 grammes afin d’arriver à un prix raisonnabl­e de 6,99 $ au détail. Le jarret de porc confit était d’abord destiné à devenir un produit de la gamme Compliment­s, la marque privée de Sobeys. Mais d’un commun accord, les entreprise­s ont changé d’avis en cours de route. « Si je le fabriquais sous ma marque, on était capable de le sortir beaucoup plus rapidement, car une marque contrôlée devait traverser de nombreuses autres étapes », notamment en raison des contrainte­s liées aux emballages, explique M. Carpinteri.

La PME a tout de même accordé l’exclusivit­é aux enseignes de Sobeys (IGA, Traditions et Bonichoix) sans signer de contrat. Pour l’entreprene­ur, cette relation d’affaires lui permet de sauter l’étape de la commercial­isation. « Quand les grandes chaînes nous font développer un produit, c’est parce qu’elles y croient, donc elles consacrent les efforts nécessaire­s pour la mise en marché », dit M. Carpinteri.

Les Cuisines Gaspésienn­es ont vendu des milliers de jarrets de porc confit dans la dernière année. « Ce sont des revenus supplément­aires, mais je remarque aussi que cela contribue à faire connaître la marque et incite les consommate­urs à essayer nos autres produits. »

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