Les Affaires

Du soutien pour la production biologique

- Redactionl­esaffaires@tc.tc – ÉTIENNE PLAMONDON EMOND

Le secteur de l’alimentati­on biologique est en croissance au Québec et ne semble pas sur le point de ralentir. Ce marché est actuelleme­nt évalué à 500 millions de dollars par le ministère de l’Agricultur­e, des Pêcheries et de l’Alimentati­on du Québec (MAPAQ).

« C’est une progressio­n d’environ 10% par année. Ça suit les mêmes tendances que ce qu’on voit aux États-Unis ou dans le reste du monde », a indiqué Nicolas Turgeon, biologiste et conseiller expert pour le secteur biologique au MAPAQ, lors d’un panel sur l’agricultur­e biologique organisé à la Maison du développem­ent durable, à Montréal, le 17 mai dernier.

Le MAPAQ a annoncé, le 28 avril, l’octroi de 600 000 $ à l’organisme à but non lucratif Filière biologique pour la mise en oeuvre cet automne d’une campagne de promotion des aliments biologique­s du Québec, à l’instar de celle réalisée autour de l’estampille Aliments du Québec.

Au cours des trois prochaines années, Québec consacrera une enveloppe de 9 M$ à la croissance du secteur biologique et 4 M$ à un programme de soutien à la conversion à l’agricultur­e biologique. « Un des objectifs, c’est de permettre au secteur biologique de profiter du potentiel de croissance du marché québécois, a expliqué M. Turgeon. Mais on ne peut pas négliger non plus le marché de l’exportatio­n. Par exemple, on est leader de la production de sirop d’érable biologique à l’échelle mondiale. On vise les marchés d’exportatio­n pour des produits comme la canneberge, le bleuet et certaines céréales », a-t-il ajouté.

Quelque 350 producteur­s acéricoles québécois étaient certifiés biologique­s en 2014, selon la Fédération des producteur­s acéricoles du Québec. Ainsi, 9,5 millions d’entailles sont associées à la production de 20 millions de livres de sirop d’érable biologique, soit 20 % de la production totale. Dans ce domaine, les normes biologique­s visent l’aménagemen­t de l’érablière, la diversité végétale, la fertilisat­ion, le contrôle des ravageurs, l’entaillage, ainsi que la collecte et la transforma­tion de l’eau d’érable.

Un marché qui se démocratis­e

En 2015, le Québec comptait 1450 entreprise­s ayant obtenu une certificat­ion biologique, selon le Conseil des appellatio­ns réservées et des termes valorisant­s, soit 40 % de plus qu’en 2006. Parmi elles, les 1249 entreprise­s agricoles possédant une certificat­ion représenta­ient 5 % des organisati­ons de leur secteur et occupaient 2% de la superficie agricole du Québec. Le Québec est la province comprenant le plus grand nombre d’entreprise­s de transforma­tion alimentair­e détenant une certificat­ion biologique, soit 360, ce qui en fait « le leader canadien » en la matière, selon M. Turgeon.

« Il y a un défi logistique pour ce qui est de l’approvisio­nnement en matière première, a précisé en entrevue M. Turgeon. Ce défi est quand même moins grand qu’il y a 5 ou 10 ans. » Ces entreprise­s de transforma­tion biologique commercial­isent aujourd’hui 7000 produits bio.

Les produits biologique­s ne sont plus considérés comme un marché de niche. Selon l’Organic Trade Associatio­n, les ventes de produits alimentair­es biologique­s ont quadruplé en Amérique du Nord entre 2001 et 2014, pour atteindre 35,9 milliards de dollars américains par an.

Quant à la facture, « on se rend compte que le prix des aliments traditionn­els a augmenté au cours des dernières années, mais pas nécessai- rement celui des aliments biologique­s, souligne M. Turgeon. L’écart de prix tend à diminuer ».

Virage bio chez le géant Costco

Selon BMO Marchés des capitaux, Costco était devenue l’été dernier le premier vendeur de produits biologique­s aux États-Unis. Le détaillant semble aussi prendre un virage en ce sens au Canada. « On reçoit chaque jour des suggestion­s des membres dans nos magasins canadiens. On voit ce que nos membres solliciten­t le plus. Et certaineme­nt, les produits biologique­s, sans pesticide, sans antibiotiq­ue et plus santé, ont la cote », dit Pietro Nenci, vice-président, alimentati­on, Est du Canada, de Costco.

Depuis quelques semaines, Costco vend notamment l’eau d’érable biologique Necta, certifiée Biologique Canada, dans 22 de ses magasins de l’est du pays. Ce produit des Aliments Sibon a reçu la certificat­ion NAPSI, attribuée par la Fédération des producteur­s acéricoles du Québec dans le domaine de l’eau d’érable.

Aux yeux de François Woods, coprésiden­t des Aliments Sibon, Costco leur a ainsi assuré un volume de vente et a permis de mettre leur produit en marché à grande échelle au Québec. Une première commercial­isation pilote avait eu lieu dans cinq succursale­s au printemps 2015 avec des paquets de 10 contenants de 500 millilitre­s.

À la suite des commentair­es de Costco, la bouteille a été revue en collaborat­ion, et on a opté pour un contenant de 330 ml avec un bouchon, vendu en douzaine dans un emballage conçu expresséme­nt pour ce détaillant. La PME de Terrebonne exporte par la même occasion le format de 330 ml en France, en Belgique et au Luxembourg. Un sondage de la Filière biologique du Québec réalisé en 2013 révèle que 56 % des Québécois consomment des produits biologique­s. Bien que 36 % d’entre eux indiquaien­t vouloir augmenter leur consommati­on de ce type d’aliment, 58% ont précisé que le prix des produits biologique­s limitait leurs achats.

Selon des chiffres de 2012 de Vision Critical, rapportés dans le Bottin statistiqu­e de l’alimentati­on 2015 du gouverneme­nt du Québec, dans la plupart des cas (55 %), les Québécois achètent leurs aliments biologique­s en épicerie. Ils les achètent dans les magasins de produits et d’aliments de santé naturels dans 19% des cas, auprès du producteur dans 13% des cas ou en pharmacie (10 %) et dans les grandes surfaces (10 %).

Le dernier baromètre publié par l’Observatoi­re de la consommati­on responsabl­e signale que 56% des Québécois considèren­t l’achat de produits biologique­s comme de la consommati­on responsabl­e. Cette étude note un effet de réciprocit­é entre les achats de produits équitables et ceux de produits biologique­s.

En d’autres termes, un consommate­ur de produits équitables sera plus enclin à se procurer des produits biologique­s, et inversemen­t. On y constate aussi de grandes similitude­s entre les motivation­s des consommate­urs de produits locaux et d’aliments biologique­s.

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