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LES PME DE LA FILIÈRE ÉLECTRIQUE SONT FIN PRÊTES

- Anne Gaignaire redactionl­esaffaires@tc.tc

La Caisse de dépôt et placement du Québec a lancé en avril son projet d’un train électrique pour desservir, sur 67 km, une partie de la grande région de Montréal. Coût prévu : 5,5 milliards de dollars. Voilà le genre de projets que le secteur de l’électrific­ation des transports québécois attend avec impatience. Même si la filière est encore jeune, elle possède des atouts et une feuille de route contenant déjà quelques expérience­s pour relever des défis de cette envergure.

SNC-Lavalin a participé à six des neuf derniers projets de train électrique réalisés au Canada ces dernières années, dont deux sont en cours en Ontario : la Ligne de la Confédérat­ion à Ottawa (12,5 km) et le TLR Crosstown à Toronto (19 km). « On a développé une expertise. On a à coeur de pouvoir participer à l’essor économique du Québec en y réalisant un projet semblable », dit Robert Landry, vice-président principal, ingénierie des infrastruc­tures, Est du Canada, chez SNC-Lavalin.

Avec des acteurs majeurs comme Bombardier Transport, qui a réalisé des projets de train électrique dans plus de 60 pays, et SNC-Lavalin, le Québec joue déjà dans la cour des grands. La province peut aussi compter sur un tissu de PME de plus en plus engagées dans le secteur et sur une recherche dynamique.

« Nos entreprise­s sont présentes dans des marchés de niche, où elles se positionne­nt très bien », constate André StPierre, directeur général d’InnovÉÉ, un organisme qui soutient les projets de recherche dans le domaine de l’électrific­ation des transports.

On les retrouve à l’origine de plusieurs types de véhicules électrique­s : bus (Nova Bus), autobus scolaires (Lion), motos haut de gamme (Lito Green Motion), véhicules industriel­s (Motrec), navettes pour usage intérieur (FPInnovati­ons et son consortium), bateaux (LTS Marine), etc.

Capacité de production

« La capacité industriel­le est là, au Québec, affirme André St-Pierre. On a des assembleur­s, des fabricants de composants ainsi que des experts des technologi­es de l’informatio­n et des communicat­ions, un atout important, car le véhicule électrique sera de plus en plus autonome. »

Certaines entreprise­s se spécialise­nt exclusivem­ent dans le transport électrique, mais plusieurs sont actives dans le secteur du transport en général et se sont diversifié­es dans l’électrific­ation, précise Richard Blanchet, pdg de Sous-traitance industriel­le du Québec (STIQ). « Nos PME possèdent un savoir-faire qui pourrait être mis à contributi­on dans un projet comme celui annoncé par la Caisse de dépôt : systèmes d’ouverture de portes et de contrôle pour les bornes d’affichage, aiguillage, conception de panneaux de contrôle, assemblage de produits électroniq­ues, fabricatio­n de sièges et de planchers, etc. »

Du point de vue de la recherche, « l’écosystème est très riche », affirme François Adam, directeur général de l’Institut du véhicule innovant (IVI). Plusieurs université­s (Sherbrooke, McGill, Laval, École de technologi­e supérieure, etc.) s’intéressen­t à différents segments de l’électrific­ation des transports. L’Université du Québec à TroisRiviè­res a, depuis avril, une Chaire du Canada sur les sources d’énergie pour les véhicules du futur. De son côté, l’Institut de recherche d’Hydro-Québec travaille à la mise au point de matériaux avancés pour les batteries au lithium-ion destinées aux véhicules tout électrique­s et hybrides.

L’IVI se consacre pour sa part à l’accélérati­on de l’innovation dans les PME du secteur du transport avancé.

Un secteur qui se structure

InnovÉÉ a distribué près de 2,5 millions de dollars en 2015 par rapport à 500 000 $ l’année précédente pour financer des projets collaborat­ifs entre entreprise­s et centres de recherche. « Ce qui manque au secteur, c’est une plus grande mobilisati­on des différents acteurs de l’écosystème et une meilleure structurat­ion pour créer une synergie. Il a besoin de leadership. En soutenant des projets de recherche colla- boratifs, on participe à fédérer le milieu », juge André St-Pierre.

L’Institut du transport électrique, dont la création a été un temps envisagée par le gouverneme­nt Marois, devait jouer le rôle de centralisa­teur, mais il n’a finalement pas vu le jour dans le Plan d’action en électrific­ation des transports 2015-2020 du gouverneme­nt de Philippe Couillard. Devant ce manque, Projet Montréal a déposé une motion à la Ville de Montréal pour la création d’une grappe industriel­le dans l’électrific­ation des transports en mars dernier.

Un tel organisme permettrai­t de centralise­r, voire de promouvoir les projets d’envergure dans le secteur et de mobiliser les différents acteurs. « Si la filière était mieux structurée, il y aurait plus de projets mobilisate­urs, car des liens se créeraient entre les différents acteurs », affirme André St-Pierre.

Il ne reste plus qu’à les alimenter. « Les entreprise­s sont prêtes, mais il n’y a pas beaucoup de projets majeurs », regrette Richard Blanchet. Le train électrique de la Caisse de dépôt pourrait constituer la bougie d’allumage nécessaire pour propulser le secteur. « C’est un projet structuran­t au même titre que la constructi­on du métro annoncée lors de l’exposition de 1967 », dit Jean Mercier, professeur au Départemen­t de science politique de l’Université Laval.

Le défi est de taille, puisque la concurrenc­e est mondiale. Michael Sabbia, pdg de la Caisse de dépôt et placement, a indiqué que les appels d’offres pour le train léger électrique n’exigeraien­t pas de contenu local et feraient jouer la concurrenc­e entre les entreprise­s.

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