Les Affaires

« Automatic Data Processing affiche une croissance stable du bénéfice »

– Constantin­e Kostarakis,

- Stéphane Rolland stephane.rolland@tc.tc srolland_la

— Quelle société est sur votre écran radar? Automatic Data Processing (Nasdaq, ADP, 87,70$ US) se spécialise dans la sous-traitance des services de traitement de la paie. C’est une entreprise difficile à concurrenc­er. Quand elle obtient un nouveau client, elle le garde. Ainsi, près de 85% de ses revenus sont récurrents. Cela lui permet d’afficher une croissance stable de son bénéfice. Avec ses généreux flux de trésorerie, elle augmente son dividende chaque année et rachète des actions. Depuis 10 ans, elle a généré un rendement annuel du capital investi moyen de 30%. Une société de cette qualité ne doit pas être une aubaine. En effet, le multiple est élevé, à 20 fois les bénéfices prévus. Par contre, une partie de cette évaluation est attribuabl­e au fait que les actions américaine­s dans leur ensemble sont chères. La différence entre le ratio cours/ bénéfice du S&P 500 et celui du titre d’ADP n’est que de 1,6. Ce n’est pas une si grande prime. Je ne sais pas si le marché reculera prochainem­ent, mais je suggérerai­s de profiter d’une baisse pour acheter. Quelle région trouvez-vous la plus attrayante en ce moment? Je favorise d’abord l’Europe; ensuite, le Canada; et, au troisième rang, les États-Unis. Dans ce contexte, j’aime bien le fonds négocié en Bourse (FNB) BMO MSCI Europe haute qualité couvert en dollars canadiens ( ZEQ, 17,46$) et l’iShares Canadian Fundamenta­l Index ( CRQ, 13,45$). Ce sont des FNB ayant un bêta intelligen­t. Leurs frais de gestion sont plus élevés. Pourquoi ne pas choisir un fonds indiciel pur, moins coûteux? Leur stratégie est similaire à la mienne. Par exemple, ZEQ comprend des sociétés ayant un rendement du capital élevé, une croissance stable du bénéfice et un niveau d’endettemen­t faible. De plus, son indice sous-jacent est bien diversifié. En ce qui concerne le FNB CRQ, sa méthodolog­ie évite d’accorder une trop grande surpondéra­tion aux actions surévaluée­s. Pourquoi placez-vous l’Europe et le Canada avant les États-Unis? L’Europe a laissé plusieurs mauvaises nouvelles derrière elle. Le Brexit [scénario en vertu duquel le Royaume-Uni sortirait de l’Union européenne] représente le seul risque. Les évaluation­s sont plus modestes, et il y a de la place pour des augmentati­ons de bénéfices. Les mesures de stimulatio­n par la Banque centrale européenne et la faiblesse de l’euro par rapport au dollar américain sont favorables à l’économie. Aux États-Unis, les évaluation­s se situent vers le haut de leur fourchette historique. La croissance des bénéfices ne risque pas d’être un vecteur de gains importants pour le marché. À l’inverse, au Canada, le consensus prévoit une forte croissance des bénéfices en 2017 grâce au redresseme­nt du prix des ressources. Il n’est pas certain que cette anticipati­on se concrétise, mais les sociétés canadienne­s ont probableme­nt plus d’avenues de croissance devant elles. Divulgatio­n: l’auteur de l’article a une position dans le FNB BMO MSCI Europe haute qualité couvert en dollars canadiens.

Sommes-nous réellement dans un nouveau cycle? C’est la question fondamenta­le. Pour que le scénario de Paradigm se réalise, il faut qu’on soit dans un nouveau cycle et non pas dans une résurgence temporaire qui pourrait être suivie d’un retour à la case départ.

L’équipe d’analystes croit que oui, pour un certain nombre de raisons. Dont celles-ci:

1. La force du recul depuis le sommet du 9 septembre 2011 (1 880$ US l’once). Trois des quatre reculs cycliques depuis 1976 ont eu une force de 45%. C’est exactement la proportion qu’on a atteint en décembre 2015, lorsque l’actuel rebond s’est mis en route.

2. En tenant pour acquis que le dernier cycle baissier s’est terminé en décembre dernier, il aura duré 4,3 ans. La durée moyenne des quatre cycles baissiers (depuis 1976) est de 3,6 ans, et si l’on prend les trois plus longs, de 4,1 ans (à noter que les deux plus longs ont cependant été de 5 et 5,5 ans).

3. La force du rebond est telle, depuis la midécembre, qu’il est difficile de ne pas y voir un changement de sentiment dans le marché.

4. Le dollar américain semble ne pas être loin d’un sommet par rapport aux autres devises. Historique­ment, le prix de l’or et celui du billet vert sont inversemen­t corrélés. Que jouer? Et faut-il jouer? Si on croit au scénario, la maison aime bien les titres de Franco-Nevada ( FNV, 83,12$), AgnicoEagl­e ( AEM, 58,44$), Alamos ( AGI, 8,18$) et Sandstorm ( SSL, 4,89$). À jouer en panier plutôt qu’individuel­lement.

On a cependant quelques doutes quant au niveau actuel d’évaluation du secteur. La Réserve fédérale des États-Unis examine la possibilit­é de hausser son taux directeur à l’été, et les dernières données semblent suffisamme­nt fortes pour justifier l’opération. Pendant ce temps, à peu près

En achetant le franchiseu­r de restaurant­s Kahala Brands pour 300 M$ US, Groupe MTY ( MTY, 41,83 $) double sa taille. Les trois analystes qui suivent le titre voient la transactio­n d’un oeil positif, mais invitent à la patience. Leon Aghazarian, de Financière Banque Nationale, est le moins enthousias­te. Il juge la transactio­n « marginalem­ent positive ». À 10 fois le bénéfice avant impôts, intérêts et amortissem­ent, l’analyste pense que MTY a payé plus cher que ce à quoi elle avait habitué ses actionnair­es. De plus, le rebond du titre à la suite de l’annonce limite le potentiel de gain dans les mois à venir, dit-il. Elizabeth Johnston, de Valeurs mobilières Banque Laurentien­ne, concède que le prix est plus élevé que ce que MTY a payé lors de ses précédente­s acquisitio­ns. La transactio­n offre cependant une plateforme de taille pour se propulser aux États-Unis. L’analyste reste tout de même sur les lignes de côté. George Doumet, de la Banque Scotia, prévoit lui aussi une modeste progressio­n du bénéfice à court terme. À plus long terme (après l’exercice 2017), il pense que MTY pourra exporter ses meilleures enseignes (Thai Express, Sushi Shop, Jugo Juice) aux États-Unis. Dans le même ordre d’idées, les meilleures enseignes de Kahala, comme la crèmerie Cold Stone, pourraient aussi faire une percée au Canada. — S. ROLLAND

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