Construction sous haute tension en Algérie pour SNC-Lavalin EnGlobe rend deux îles du Nunavut à leur état sauvage
La construction du réseau d’alimentation en eau potable de Koudiat Acerdoune, en Algérie, déjà complexe en raison de la taille de celui-ci et du terrain hostile, s’est déroulée dans un contexte d’insécurité élevée.
En 2008, un attentat terroriste cause la mort de 12 travailleurs algériens du chantier de Koudiat Acerdoune. L’année suivante, sept agents chargés de la sécurité du chantier sont tués dans une embuscade près de Tizi Ouzou. Non, la construction du réseau qui a duré 46 mois ne s’est pas déroulée dans des conditions normales.
« La sécurité était le plus grand défi, admet Michel Grégoire, directeur, ingénierie civile, et directeur du projet chez SNC-Lavalin. Le chantier rappelait une base militaire, avec barbelés, miradors et gardes armés. Les déplacements étaient minimaux, et les itinéraires, toujours modifiés, pour éviter que des assaillants ne puissent les prévoir. Nous étions en communication quotidienne avec les services de renseignements algériens. Je tire mon chapeau aux travailleurs, car ce n’était pas facile. »
D’autant moins facile que la sécurité a eu un impact sur les travaux. L’étude de faisabilité avait été faite par un autre groupe, lequel n’avait pu se rendre partout. Résultat, les ingénieurs ont eu plusieurs surprises et ont dû modifier les tracés. « Le plan initial prévoyait la traversée d’une seule grande rivière, mais il y en avait 14, illustre Michel Grégoire. Ça change les plans ! »
Plus de 1 000 travailleurs algériens composaient la main-d’oeuvre, en plus du personnel venu du Canada. Le réseau approvisionnera en eau potable 880 000 personnes résidant dans 40 villes et villages algériens.
Évalué à 327,4 millions de dollars, le projet comprend une station de traitement de 408 000 m3 par jour, six stations de pompage, 75 km de conduites, sept réservoirs et un système de télégestion. SNC-Lavalin a reçu le Grand Prix du génie-conseil québécois 2016, catégorie International, pour ce projet.
Les révélations au sujet de l’hypothétique intervention d’un agent commercial secret établi aux îles Vierges britanniques, mentionnées dans les Panama Papers, ont toutefois soulevé des interrogations sur les méthodes employées pour obtenir ce contrat. Selon la firme, ce projet ne fait pas partie de ceux que citent les Panama Papers, contrairement à celui du réseau de transfert d’eau de Taksebt, obtenu en 2005.
« Il y avait de l’amiante, du plomb et d’autres métaux, ainsi que des hydrocarbures pétroliers. Certaines substances auraient pu se retrouver dans la chaîne alimentaire », explique Éric Thomassin-Lacroix, directeur développement des affaires, environnement, d’EnGlobe, qui compte 1 400 employés au Québec.
Défi logistique
Le principal défi des chantiers dans l’extrême Nord est la logistique. « Il a fallu transporter de la machinerie lourde alors qu’il n’y a qu’un bateau qui va là-bas une fois l’an, établir un campement pour les 35 personnes qui travaillaient sur place, avoir une connexion Internet, de l’eau potable, gérer les eaux grises, construire une piste d’atterrissage pour l’avion qui apportait la nourriture, le matériel et les personnes », énumère Éric Thomassin-Lacroix.
« La planification et la gestion des risques ont été fondamentales pour mener à bien ce projet », souligne le directeur. Les travaux ont été terminés en septembre 2015. À part quelques restes de route, les îles ont été rendues à leur état sauvage.