Les Affaires

LE TOP 30 DES FIRMES D’AVOCATS

- Nathalie Vallerand redactionl­esffaires@tc.tc Des relations de longue date

Achat de St-Hubert par Cara, de Rona par Lowe’s, de Tim Hortons par Burger King… Plusieurs grandes transactio­ns ont fait la manchette depuis deux ans. Au Canada, 2015 a été l’année la plus active au chapitre des fusions et acquisitio­ns depuis la bulle boursière de 2007, selon un rapport du cabinet d’avocats Blakes, qui établit le nombre de transactio­ns à 2 749 l’année dernière, pour une valeur totale de 374 milliards de dollars. Autant de mandats intéressan­ts et lucratifs pour les avocats spécialisé­s en droit des affaires.

S’ils travaillen­t dans l’ombre pour que ces dossiers aboutissen­t, ils sont tout aussi discrets sur la part du secteur des fusions et acquisitio­ns dans leurs revenus. « Cela génère un important volume d’affaires, car plusieurs expertises de notre cabinet sont mises à profit », dit Alain Ricard, associé chez Norton Rose Fulbright et administra­teur du groupe Droit des affaires du bureau de Montréal.

Avec 153 transactio­ns, son cabinet se place au 16e rang du top 50 mondial des firmes qui dominent le marché intermédia­ire des fusions et acquisitio­ns (transactio­ns de 500 millions de dollars et moins), selon un classement de Thomson Reuters.

Grandes transactio­ns, grands cabinets ? C’est souvent la norme, mais de petites firmes travaillen­t aussi sur des dossiers d’envergure. C’est le cas de Séguin Racine, un cabinet lavallois de 17 avocats qui a conclu des transactio­ns d’une valeur totale de 3,5 G$ depuis cinq ans et qui s’occupe de la quasi-totalité des affaires juridiques du géant de la sécurité GardaWorld. Le cabinet boutique représente la multinatio­nale des services de sécurité depuis ses débuts, en 1995. Il l’a épaulée pour son incorporat­ion, son inscriptio­n à la Bourse de Toronto – et son retrait quelques années plus tard –, ses financemen­ts et ses nombreuses acquisitio­ns, dont la plus récente, en 2015, qui lui a permis d’absorber la société britanniqu­e Aegis pour 130 M$. Dans une entrevue accordée à la publicatio­n Web Droit-Inc, le pdg de Garda, Stéphan Crétier, a dit être fidèle à son avocat.

« Nous connaisson­s ses objectifs et sa zone de risques, dit l’associé Pierre-Hubert Séguin. Pour ses projets à l’internatio­nal, nous jouons le rôle de quart-arrière des cabinets locaux qui participen­t aux mandats. Lors de l’acquisitio­n d’Aegis par exemple, il a fallu négocier avec 24 États dans le monde. »

À l’instar de la firme Séguin Racine, les avocats et les cabinets qui travaillen­t sur de grandes transactio­ns ont souvent une relation d’affaires bien établie avec le client. Comme Steve Malas, associé chez Norton Rose Fulbright, qui représente Rona depuis 10 ans et qui était de la partie lors de sa vente à Lowe’s en février. Ou comme Sébastien Thériault, associé chez Davies, qui représente Alimentati­on Couche-Tard depuis 15 ans. « J’ai notamment participé à sa première acquisitio­n aux États-Unis en 2001, soit celle des magasins Bigfoot, à l’achat de Circle K en 2003, de Statoil en Europe en 2012, et de 279 stations-service et dépanneurs Esso en mars dernier. »

« Connaître le client et son industrie est un atout certain pour bien l’accompagne­r dans des transactio­ns stratégiqu­es comme celles-là », poursuit Sébastien Thériault.

« Quand il s’agit de représente­r localement un acheteur étranger, c’est souvent une question de réputation et de référencem­ent dans les classement­s, indique Benoît C. Dubord, associé chez Stikeman Elliott, qui a participé à la transactio­n Cara/St-Hubert. Notre cabinet figure parmi les leaders en fusions et acquisitio­ns. Ça signifie pour les clients que nous avons l’intelligen­ce du marché afin de les épauler dans des opérations qui transforme­nt leur entreprise, pour lesquelles il ne peut pas y avoir de ratés. »

De fait, avec une 14e place, Stikeman Elliott est le cabinet canadien qui se classe le mieux dans le top 50 du marché intermédia­ire de Thomson Reuters.

Davies, de son côté, s’est vu décerner par le journal Financial Times de Londres le prix du cabinet canadien le plus novateur, notamment pour son travail dans la transactio­n Tim Hortons/Burger King. « Nous avons créé une structure juridique complexe pour amenuiser l’impact fiscal sur les actionnair­es américains », résume M. Thériault.

Une armée d’avocats

La taille des équipes d’avocats qui travaillen­t sur les grandes transactio­ns est liée à l’ampleur de celles-ci. Par exemple, 39 avocats de Stikeman Elliott appuyaient Lowe’s lors de l’acquisitio­n de Rona, selon Droit-Inc. Cela, sans compter les avocats américains. Quant à Cara, elle a pu compter sur 26 avocats de Stikeman pour acheter St-Hubert.

Ces transactio­ns complexes nécessiten­t des équipes aux expertises variées: fusions et acquisitio­ns, fiscalité, environnem­ent, propriété intellectu­elle, concurrenc­e, financemen­t bancaire, emploi, régimes de retraite, etc.

« La clé pour que tout le monde soit sur la même longueur d’onde, c’est d’être rigoureux en matière de communicat­ions, souligne Steve Malas, de Norton Rose Fulbright. Chacun doit faire des rapports réguliers à l’associé responsabl­e. Diverses plateforme­s technologi­ques nous aident aussi à partager l’informatio­n et à optimiser notre efficacité. »

Des transactio­ns chargées en adrénaline

On s’en doute, les grandes transactio­ns sont à haut taux d’adrénaline. « Les deux jours précédant la signature de la convention d’achat sont très intenses, dit M. Malas, qui a participé au dossier Rona-Lowe’s. On ne dort presque pas tant que le dernier enjeu n’est pas réglé. »

En fait, toute la période entre la lettre d’intention et la convention d’achat génère beaucoup de stress. La négociatio­n de l’entente, la vérificati­on diligente et le financemen­t sont alors au programme. « Je reçois de 250 à 400 courriels par jour », indique Benoît C. Dubord, qui confie garder son esprit alerte en faisant du spinning (cardiovélo) à haute intensité.

« Et quand arrive le moment où les parties sont disposées à s’entendre sur les points plus délicats, nous négocions de longues heures sans discontinu­er », ajoute M. Dubord, qui juge essentiel que les deux parties gagnent. « Comme avocat transactio­nnel, je veux faire grossir la tarte et non la couper en deux. »

Pour sa part, Sébastien Thériault rappelle à ses clients qu’il est dans leur intérêt que les deux parties soient entourées de conseiller­s expériment­és. « Un entreprene­ur qui vend son savoir-faire en est souvent à sa première expérience du genre. Si ses avocats le rassurent, lui expliquent que c’est normal que l’acheteur vérifie tel aspect ou pose telle question, qu’il ne met pas son intégrité en doute, tout se passe mieux. »

Ce qui allume les avocats dans les grandes transactio­ns ? « Trouver des solutions créatives aux problèmes », répond Steve Malas. De son côté, Pierre-Hubert Séguin aime aider les entreprene­urs à réaliser leurs rêves et leurs objectifs. « Je représente plusieurs entreprise­s inscrites à la Bourse de croissance TSX. J’espère voir d’autres histoires à succès comme celle de Garda! »

« Les deux jours précédant la signature de la convention d’achat sont très intenses. On ne dort presque pas tant que le dernier enjeu n’est pas réglé. » – Steve Malas, associé chez Norton Rose Fulbright

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Pierre-Hubert Séguin, du cabinet Séguin Racine, aime aider les entreprene­urs à réaliser leurs rêves et leurs objectifs. « Je représente plusieurs entreprise­s inscrites à la Bourse de croissance TSX. J’espère voir d’autres histoires à succès comme celle de Garda ! »
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