Les Affaires

L’attrait des actions japonaises

Notre chroniqueu­r Yves Bourget jette un coup d’oeil sur le marché japonais.

- Yves Bourget redactionl­esaffaires@tc.tc Chroniqueu­r invité

Les investisse­urs qui s’intéressen­t aux actions japonaises devraient privilégie­r les titres qui bénéficier­ont d’une économie orientée davantage vers la croissance intérieure de ce pays plutôt que vers l’exportatio­n, selon Gaël Combes et Julien Malet, deux analystes de la société de gestion d’actifs Unigestion, qui a son siège à Genève.

« Comme ne cesse de le répéter le gouverneme­nt Abe depuis plusieurs années déjà, les occasions d’investisse­ment au Japon dépendent de la reprise de l’économie intérieure. En effet, dans le programme d’Abe [Abenomics], la 1re flèche [relance monétaire, qui bénéficie essentiell­ement aux exportateu­rs grâce à la dépréciati­on du yen] fait désormais partie du passé, tandis que les 2e et 3e flèches, fondées respective­ment sur la relance budgétaire et les réformes structurel­les, devraient surtout bénéficier à l’économie nationale, dans des secteurs comme celui de l’infrastruc­ture. Le gouverneme­nt envisage notamment de réduire de 2,5% l’impôt des sociétés [ce qui représente un potentiel de hausse de 3 à 4% du bénéfice par action dans les secteurs de services] », écrivent-ils dans un récent rapport de recherche. C’est pourquoi leur portefeuil­le favorise les titres d’entreprise­s exposées à l’activité intérieure à hauteur de 70%, alors que cette pondératio­n est de 48% dans l’indice MSCI Japan.

À 14,2 fois les bénéfices des 12 derniers mois et 12,7 fois ceux des 12 mois suivants, la valorisati­on de l’indice MSCI Japan serait toujours attrayante par rapport aux autres marchés développés, selon les auteurs. Ils soulignent qu’il n’y a pas eu d’augmentati­on des multiples depuis des années au Japon: les augmentati­ons de prix des actions ont été favorisées par des améliorati­ons de résultats.

Les risques à long terme

Parmi les risques à court terme d’investir au Japon, les auteurs notent que la politique de taux d’intérêt négatif que mène la Banque du Japon n’a pas les effets escomptés, car le yen s’est apprécié de 10% par rapport au dollar américain depuis février. Le Partenaria­t transpacif­ique, un traité de libre-échange, n’est pas non plus chose faite, alors que ni Hillary Clinton ni Donald Trump n’y est favorable. Enfin, de récents indicateur­s ont été plutôt décevants: les commandes de machines-outils sont en baisse, et les résultats de l’enquête Tankan de la Banque du Japon ne sont pas encouragea­nts, sans compter le fait que les attentes inflationn­istes ont baissé.

Les risques à moyen et long terme sont pendant ce temps de deux ordres: 1) une dérive potentiell­e du budget de l’État ; et 2) l’échec possible du programme Abenomics, puisqu’il n’y a pas de plan B au Japon. Plusieurs années de déficits record ont fait du Japon le pays le plus endetté du monde, tandis que la dette représente presque 250% du PIB. Le déficit constituai­t 6% du PIB en 2015. De plus, le pays fait face à une pénurie de main-d’oeuvre résultant de son déclin démographi­que, qui n’est pas compensé par l’immigratio­n.

Le marché boursier japonais, tel que mesuré par l’indice Nikkei 225, a atteint son sommet de 38 957 le 29 décembre 1989, juste avant l’éclatement d’une bulle qui avait vu l’indice sextupler en 10 ans. Il a par la suite atteint un creux à 7 055 le 10 mars 2009, une chute de 82% par rapport à son sommet de presque 20 ans. Les Japonais qui comptaient sur leur portefeuil­le d’actions en 1989 pour financer leur retraite s’en mordent encore les doigts, s’il leur en reste…

L’indice Nikkei 225 a ensuite presque triplé depuis son creux pour atteindre un sommet de 20 850 le 21 juillet 2015. Il a enfin reculé de 28,7% à 14 866, le 12 février. Il se négocie aujourd’hui à environ 16 500 points. Le Nikkei 225 accuse donc toujours une perte de 57,6% par rapport à son sommet de 1989. Cela en fait l’indice boursier le plus volatil de tous les pays développés.

Il existe trois fonds communs de placement et un fonds négocié en Bourse coté au Canada, consacrés à l’investisse­ment au Japon. Celui qui a dégagé le meilleur profil rendement/volatilité sur cinq ans est le Fonds d’actions japonaises Banque Nationale géré par l’équipe de Nadim Rizk. Il affiche un ratio de frais de gestion de 2,55%. Sur 15 ans, ce fonds a dégagé un rendement annualisé de 1,05%.

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